Atlas des paysages
Département de l'isère

Ensemble paysager

8.09

Le Valbonnais

Les communes de l'ensemble paysager par unité paysagère

Entraigues • La Salette-Fallavaux • La Valette • Nantes-en-Ratier • Saint-Laurent-en-Beaumont • Saint-Michel-en-Beaumont • Siévoz • Sousville • Valbonnais
Chantepérier • Cholonge • Entraigues • La Morte • La Valette • Lavaldens • Nantes-en-Ratier • Oris-en-Rattier • Ornon • Oulles • Saint-Honoré • Valjouffrey • Villard-Reymond • Villard-Saint-Christophe

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Motifs paysagers structurants

Un relief sculpté par l’occupation ancienne des glaciers. Un territoire organisé en vallées profondes et sinueuses où l’eau et la présence du minéral prédominent dans les paysages.

Des boisements occupant les pentes abruptes qui s’affinent en haie bocagère et en arbres trognes en bordure de plaines.

Des paysages agraires où les espaces de pâture au coeur des plaines et les alpages prédominent, malgré un pastoralisme en déclin qui entraine une expansion de la forêt et une fermeture des paysages.

Un territoire peu habité où les populations sont réunies dans des villages groupés aux creux des vallées. Un développement urbain fortement limité qui profite à la préservation du patrimoine bâti.

Un territoire isolé uniquement desservi par les routes de montagne. Des équipements permettant aux populations d’habiter ce territoire de montagne et de profiter de ses ressources naturelles grâce aux ponts, canaux d’irrigation et aménagements sécuritaires (mouvement de terrain, érosion et inondation).

Des reliefs emblématiques dont le Taillefer et l’Olan, une ambiance sauvage et rude qui marque l’entrée sur le Parc national des Ecrins et l’Alpe du Grand Serre comme station de ski de moyenne montagne dispersée dans le paysage et attractive.

1. à premières vues

Composantes & Structures paysagères

« Ce grand paysage comprend quatre profondes vallées glaciaires, vallée de la Bonne, du Béranger, de la Malsanne et de la Roizonne, creusées dans les marges ouest des grands massifs cristallins (Oisans, Écrins). Porte d’entrée vers les sommets des Ecrins, le Valbonnais, qui abrite l’une des maisons du Parc national des Ecrins, joue un rôle touristique important mais sans bouleversement au plan de ses équipements ».

L’ensemble paysager est composé de vallées authentiques et secrètes à la fois isolées mais aussi préservées comprenant des motifs de naturalité exceptionnels.

Les vallées orientées nord-sud sont connectées à celle de la Romanche grâce à deux cols. D’autres, orientées est-ouest butent sur les hauts sommets du massif des Écrins.

La Lignarre, affluent de la Romanche, s’écoule vers le nord, alors que la Roizonne, la Malsanne et le Béranger, affluents de la Bonne, descendent des hauts sommets de l’Oisans pour rejoindre le Drac, au sud.

Le territoire est encaissé et alterne entre vallées et sommets montagneux, où la beauté minérale et boisée est omniprésente.

Le Valbonnais se montre austère avec des versants abrupts et découpés où le soleil pénètre difficilement aux fonds des vallées les plus profondes.

Au fil de l’eau, les villages groupés et de petite taille marquent les fonds de vallées dont les silhouettes épousent les formes du relief.

Les plaines agricoles et habitées, notamment celles de Valbonnais et de Périer, offrent des respirations dans les vallées et des ouvertures visuelles qui contrastent avec l’environnement montagnard.

2. Regard d'acteur

« Les hautes vallées du Valbonnais peuvent paraître austères lorsqu’on ne fait que les traverser. »
Samy Jendoubi

Garde-moniteur au Parc national des écrins

« Les hautes vallées du Valbonnais peuvent paraître austères lorsqu’on ne fait que les traverser. Mais quand on s’immisce, au cœur de ces paysages de montagne, on découvre des vallées vivantes, des animaux dont les traces témoignent de leur présence, des plantes nichées entre les rochers, des insectes…

En cette belle journée d’été, je me rends sur l’alpage des Selles réaliser des points d’écoute des d’oiseaux. Les oiseaux sont de bons indicateurs de la qualité écologique d’un milieu ; s’il y a des oiseaux qui vivent là-haut, c’est qu’ils ont le gîte (des prairies assez hautes pour nicher au sol) et le couvert (des insectes dont ils se nourrissent et qui trouvent eux-mêmes une végétation de qualité pour s’y développer), une sorte de paysage sonore de la montagne! Je pars tôt car il faut être à 6h au premier point d’écoute à 2000 m. La montée dans le versant boisé se fait par une piste forestière où les premiers oiseaux commencent à chanter.

Cette piste a permis une exploitation de beaux sapins il y a quelques années. Au bout d’une heure de marche, la piste évolue en sentier que nous entretenons, comme tous ceux de la zone cœur du Parc, à la pioche la plupart du temps.

Le sentier sort de la forêt, petit à petit, avant de déboucher dans les prairies, là où je vais commencer les points d’écoute. Il s’agit, pendant 2 x 5 minutes d’écouter, identifier et noter les oiseaux qui chantent et se déplacent dans un rayon de 100m. Là, j’entends sans les voir trois lagopèdes alpins. En face de moi une ancienne cabane témoigne de l’utilisation de la montagne jusqu’à des altitudes élevées. En empruntant les drayes (chemins) des brebis, je descends ensuite vers une autre cabane utilisée chaque été par un éleveur qui fait ‘manger la montagne’ par son troupeau. Je retrouve quelques arbres qui luttent pour pousser à cette altitude et de nouvelles espèces d’oiseaux se font entendre.

10h, le dernier point d’écoute est réalisé à temps, plus tard les oiseaux chantent beaucoup moins. Je prends le temps de grignoter un bout, tout en profitant de la vue imprenable sur la massif de l’Armet qui me fait face, les ‘grandes Jorasses’ locales. Les 1800m de rochers raides s’étirent et abritent dans leur face nord le glacier (ou plutôt ce qu’il en reste) le plus à l’ouest des Alpes.

Je vais à la rencontre d’un berger pour prendre des nouvelles et discuter avec lui du déroulement de sa saison en alpage. Le pastoralisme est certainement l’activité qui peut avoir le plus d’impact sur les paysages de montagne en les entretenant ou en les dégradant, tout est affaire de repère et de point de vue. La principale question en cette année de sécheresse est bien sûr la ressource en eau et la qualité de l’herbe qui en découle.

Un peu plus tard, je croise des randonneurs et les renseigne sur la suite de leurs parcours. Ils félicitent le travail du Parc sur la qualité des sentiers et plus particulièrement l’équipe d’ouvriers pour qui c’est le travail quotidien durant les 3 mois d’été. Le bon état des sentiers permet de se déplacer aisément en montagne et de profiter pleinement des paysages qui nous sont offerts.
Plus bas, j’entends des forestiers en martelage qui marquent une coupe de bois qui sera exploitée, si elle est vendue : ici pas de coupe à blanc mais un marquage des arbres à abattre disséminés dans les parcelles raides. Cela ne facilite pas l’exploitation mais ne défigurera pas le paysage une fois la coupe finie, même s’il restera des cicatrices durant quelques années.

Après d’autres tournées dans la vallée minérale de Font-Turbat, dominée par l’imposante face nord de l’Olan, je reviendrai pour décrire la végétation des différents points d’écoute et corréler au mieux l’évolution de celle-ci à celle des oiseaux qui y vivent, ou en hiver pour d’autres suivi d’animaux, m’immerger une fois de plus dans ces paysages grandioses.
En fin de journée, je regagne les fonds de vallées apaisants du Valbonnais où les plaines ouvertes autours des villages contrastent avec les versants abrupts alentours. L’omniprésence de l’eau sous toutes ses formes, torrents, rivières, lacs, canaux, encore plus importants en cet été de sécheresse, est aussi un facteur d’apaisement ».

3. Composantes paysagères

3.1 - Des vallées profondes au pied des écrins

Caractéristiques
RELIEF & HYDROGRAPHIE

  • Des vallées isolées et encaissées comprenant des élargissements ponctuels sous forme de plaine fertile
    Des paysages glaciaires lisibles dans la morphologie des vallées, où les névés et les glaciers sont aujourd’hui en cours de disparition
  • Un socle ancien et cristallin recouvert d’alluvions plus récentes liées à l’érosion et au passé glaciaire
  • Une forte présence du minéral sur les versants et les sommets qui contraste avec les cours d’eau et les boisements au coeur des vallées.
  • Une érosion naturelle comme motif paysager caractéristique du Valbonnais : éboulis, pente déchiquetées, cônes de déjection, etc. et qui donne lieu à des aménagements sécuritaires
  • Des étendues d’eau d’altitude dont le Lac Fourchu et le Taillefer comme motif majeur des horizons lointains de Grenoble, offrant une vision panoramique sur les massifs et paysages alentours

Des paysages rythmés par l’eau et le relief

Attenant au plateau de la Matheysine, les sommets et vallées du Valbonnais sont délimités par les cours d’eau majeurs du Drac et de la Romanche. Les sommets et lignes de crête, formant des barrières naturelles, ceinturent le Valbonnais et l’isolent de ses territoires voisins. Les paysages perçus sont guidés par les vallées et cadrés par le relief.

Excepté le Grand Glacier à proximité du Grand Armet, les étendues de glace sont concentrées en limite Est de l’ensemble paysager et ceinturent le fond des vallées de la Bonne (font Turbat) et du Béranger.

L’ensemble paysager présente des étendues d’eau sous forme de lacs de montagne, notamment le plateau du Taillefer qui possède de nombreux petits lacs, des tourbières ainsi que des prairies humides. La commune de Valbonnais possède une étendue d’eau artificielle de type plan d’eau.

«  Les deux premières vallées (Bonne et Béranger) sont des reculées qui buttent sur les crêtes du massif des Écrins, les deux autres (Malsanne et Roizonne), modelées par des transfluences glaciaires…, gardent des ouvertures vers la vallée de la Romanche (col d’Ornon, la Morte).
Les ombilics* de Valbonnais et du Périer (commune de Chantepérier), parfaitement plats, forment de petites enclaves agricoles fertiles qui contrastent avec leur environnement montagnard ».
*ombilics : surcreusement d’origine glaciaire et comblé d’alluvions.

UN paysage glaciaire

Lors de la dernière grande glaciation, l’ensemble des vallées du Valbonnais était occupé par plusieurs glaciers. Les ombilics sont formés lorsqu’une vallée présente des zones de resserrement appelées verrous glaciaires. La glace s’accumule et un surcreusement du relief va s’opérer en raison de l’important pouvoir érosif du glacier. Un élargissement de la vallée est ainsi créé en amont du verrou / resserrement. Une fois les glaciers retirés, les ombilics et les zones de dépression libérés des glaces vont au fur et à mesure être occupés par des lacs alimentés par les glaces et les eaux de ruissellement des reliefs alentour.

Aujourd’hui, les anciens glaciers et les lacs ont disparu. Les zones de dépression ont été comblées par des dépots fluvio-glaciaires et forment des plaines fertiles et très planes comme les ombilics du Périer et du Valbonnais.

Quatre vallées alpines qui s’entremêlent

 

Les vallées du Valbonnais sont profondes et insérées entre des massifs montagneux aux pentes acérées. De par ses dénivelés importants: 600m à Siévoz et 3564m en haut de l’Olan, le Valbonnais offre une multitude de paysages étagés selon l’altitude.

Les boisements, les éboulis et les falaises de roches cristallines occupent les versants des reliefs. Les sommets sont constitués par des alpages et des zones rocheuses parfois recouvertes de glaciers.

3.2 - Des versants boisés et rocheux

Caractéristiques
VÉGÉTATION

  • Des paysages boisés et fermés qui contrastent avec les alpages et les plaines agricoles
  • Des boisements de feuillus et de conifères concentrés sur les versants abrupts et rocheux
  • Des forêts peu exploitées en raison de l’accessibilité et de la topographie du territoire
  • Des paysages ouverts dans les plaines agricoles où la végétation s’organise en bas des pentes sous forme de bocage de montagne et de ripisylves le long des cours d’eau
  • Une avancée de la forêt et une fermeture des paysages sur les terrains les moins exploitables
  • La présence d’arbres trognes comme caractéristique du paysage entretenu et élément de patrimoine naturel

ENtre boisements denses, plaines pâturées et alpages

Implantée sur les versants des vallées, la forêt est prédominante dans les paysages du Valbonnais.

Les forêts présentent des essences très variées selon l’altitude, l’orientation des vallées et l’ensoleillement : hêtraie-sapinière, pessière, mélézin, aulnaie, pinède, etc. et permettent de lutter contre l’érosion du sol en raison de la topographie très prononcée.

Les boisements sont difficilement exploitables, car extrêmement pentus. L’activité sylvicole, peu productive économiquement vu le relief, est peu représentée aujourd’hui dans le Valbonnais même si de nombreuses scieries étaient présentes au XIXe siècle. L’ancienne scierie des Ségoins à Valjouffrey, rénovée récemment afin de valoriser ce patrimoine vernaculaire, permet de découvrir le travail du bois selon les techniques de l’époque.

En raison de la pente importante des versants, certains boisements sont issus de plantation pour maintenir les terrains. Ces boisements de conifères, issus d’une action de l’homme, se distinguent des feuillus et des parois rocheuses, particulièrement dans les paysages hivernaux.

La présence d’espaces pâturés dans les plaines et les fonds de vallées et d’alpages sur les sommets, contraste avec les versants de forêts denses et offre des ouvertures paysagères remarquables.

Des Vallées qui se referment

Le Valbonnais connaît une dynamique actuelle de fermeture des paysages et une reconquête de ses versants par la forêt.

«  Les horizons restent cependant fortement boisés et la forêt développe ses dynamiques de fermeture, sensibles notamment sur Valbonnais, où elle commence à investir le village. »

 

Bocage de montagne et arbres trognes

Tout comme la Matheysine, le Valbonnais est caractérisé par des paysages de bocage de montagne. Ces cordons boisés présentent une particularité majeure qui participe à l’identité culturelle du Valbonnais : la présence d’arbres trognes comme éléments remarquables du paysage.

Ces arbres, issus du travail de l’homme, sont les témoins de pratiques agricoles ancestrales permettant de produire de la matière première pour la vannerie, des liens pour l’agriculture, du fourrage et du bois de chauffage.

Associés aux haies bocagères, ils façonnent le paysage et jouent un rôle essentiel dans le maintien des continuités écologiques, de la ressource en eau et des sols.

L’aulnaie blanche du col d’ornon, sous forme de forêt et de ripisylves

Faisant partie du site NATURA 2000 des « Forêts, landes et prairies de fauche des versants du col d’Ornon », les boisements d’aulnes sous forme de forêts et de ripisylves sont présents au coeur des vallées du Valbonnais.

L’aulnaie blanche du col d’Ornon, implantée sur un cône de déjection (accumulation de sédiments au pied d’un torrent) est l’une des plus étendues des Alpes françaises.

Afin de protéger les villages à proximité des risques naturels de crue, d’important travaux d’endiguement et de correction torrentielle ont été conduits sur les cours d’eau attenants au boisement : les torrents du Merdaret et des Pâles.
Cette forêt est convoitée également pour la pratique de randonnées et d’activités de sports d’hiver (ski de fond, raquettes…).

Elle concentre ainsi de nombreux enjeux en matière d’aménagement du territoire afin de concilier la gestion de l’aulnaie blanche avec la problématique des risques naturels et le maintien des activités de loisirs.

3.3 - Des espaces paturés en plaine et en altitude

Caractéristiques
AGRICULTURE

  • Des espaces agricoles concentrés sur les hauts sommets et dans les élargissements des vallées
  • De nombreux alpages à caractère patrimonial en haut des montagnes
  • Des sols riches et fertiles liés à l’érosion naturelle et propices à l’agriculture notamment sur les cônes de déjection, au pied des couloirs d’avalanches
  • Une agriculture peu diversifiée, composée essentiellement d’espaces fauchés et pâturés
  • Des arbres fruitiers qui ponctuent les parcelles agricoles et les abords des voies de circulation
  • Des paysages empreints de clapiers et de murets en pierre sèche comme patrimoine vernaculaire

Des alpages dominants les vallées pâturées et cultivées

Les sommets et vallées du Valbonnais présentent principalement des sols issus de matériaux sédimentaires. De ce fait, la surface agricole est couverte à environ 61% par des espaces pastoraux sur les terres les plus pentues et à environ 38% par des prairies et des surfaces fourragères.

Au sein des vallées, les paysages agricoles sont principalement constitués par des prairies accueillant des élevages de bovins et d’ovins ainsi que des grandes cultures. Les parcelles sont de petite taille et alternent entre espace enherbé et terre cultivée.

Dès lors que les pentes et le sol le permettent, les grandes cultures sont présentes au cœur des deux vallées à l’orientation nord-sud (vallées de la Roizonne et de la Masanne) ainsi que dans la partie ouest de la vallée de la Bonne.

Les reliefs du Valbonnais et les hauts sommets sont recouverts de prairies d’altitude et d’alpages de grande superficie. Ces paysages pastoraux accueillant ovins et caprins font partie du patrimoine naturel du Valbonnais.

Le nombre d’exploitations a diminué d’environ 59 % de 1988 à 2010. La Surface Agricole Utilisée (SAU) a elle aussi baissé de 18 % sur cette même période. En 1988, la surface agricole était majoritairement couverte par des élevages laitiers, des espaces pastoraux et de la polyculture et polyélevage. En 2010, les élevages de bovins apparaissent plus diversifiés qu’en 1988 (lait, viande et mixte). De plus, les boisements progressent également suite à la déprise agricole.

« Un alpage est une «unité pastorale d’altitude», c’est à dire un ensemble de prairies permanentes et semi-naturelles utilisées par un troupeau durant la saison d’été et situés, en général, à l’étage subalpin ». Courrier de l’environnement de l’INRA n°35, nov 1998.

« Les prairies situées entre les villages et les alpages sont fauchées pour faire du foin : l’herbe une fois séchée, est rentrée à l’abri… (…) En septembre-octobre les troupeaux redescendent. Ils restent autour des villages tant qu’il ne neige pas avant de retrouver l’étable.» Parc national des écrins

La pierre au cœur des espaces agricoles

Provenant le plus souvent d’éboulements rocheux, ces accumulations de pierres visibles dans les paysages agraires sont issues du travail de l’homme.

Les clapiers permettent en effet de regrouper les pierres pour libérer les terres agricoles. Ces accumulations peuvent prendre place au milieu des prés, en bordure des champs et le long des sentiers, mais aussi le long des torrents pour former des digues et se protéger des crues torrentielles.

Les activités d’élevage pour le lait et la viande

Comme pour la plupart des territoires de montagne, l’activité agricole dominante est l’élevage.

Aussi bien dans les alpages, durant l’estive, que dans les prairies d’altitude et au cœur des vallées, la majorité des exploitations se consacrent à l’élevage de bovins pour la production laitière. Les élevages ovins et caprins sont également présents.

3.4 - Des villages groupés et organisés en chapelet au fond des vallées

Caractéristiques
BÂTI

  • Des villages groupés de petite taille s’échelonnant le long des vallées et organisés autour des routes principales (village-rue)
  • L’Alpe du Grand Serre, une station de ski qui concentre l’essentiel des activités touristiques du Valbonnais
  • Un territoire peu habité dont certains hameaux sont occupés uniquement en période estivale
  • Des activités économiques limitées, mis à part le tourisme, et un développement urbain très faible en raison de l’éloignement du territoire et des conditions de vie montagnardes
  • Une architecture vernaculaire et rurale préservée, mettant en avant les ressources locales comme éléments symboliques du patrimoine du Valbonnais

Un territoire peu habité

Les hameaux et villages de petite taille, groupés et implantés au coeur des vallées, dessinent des silhouettes bâties remarquables dans les paysages du Valbonnais. Les jardins privés et potagers marquent les contours des espaces habités et créent une transition avec l’espace agricole même si la forêt progresse et tend à rendre moins perceptible cette lisière cultivée.

Le territoire est peu habité et connaît peu de pression foncière. La population permanente ne progresse pas, les villages étant trop reculés et les conditions de vie trop rudes pour convenir à de nouvelles générations.

Le Valbonnais ne comprend pas de zone d’activités. Le territoire présente ainsi peu d’extension urbaine par rapport aux noyaux anciens. Certains villages comme Valsenestre ne sont habités que l’été par les résidents secondaires. Excepté la station de l’Alpe du Grand Serre, le Valbonnais connaît un attrait touristique qui se concentre essentiellement sur les périodes estivales. Le territoire vit ainsi à des rythmes différents selon les mois de l’année.

Un patrimoine rural

Dans ces villages reculés de montagne, de nombreuses chapelles rurales sont présentes dans les tissus urbains pour pallier à l’éloignement des églises paroissiales notamment durant l’hiver où l’isolement est plus important.

Dans ces paysages hostiles de montagne, de nombreuses caves et cabanes en pierre sèche occupaient les pentes et les fonds de vallée. Installées à proximité des habitations, les caves permettaient de conserver les aliments et préparer les replants de légumes. Les cabanes servaient d’abri en cas de nécessité pour se protéger mais aussi pour les usages pastoraux des bergers.

Aujourd’hui, les cabanes en pierre sèche historique sont peu présentes dans les paysages du Valbonnais. Elles ont été tranformées en abris tunnel en tôles, insérés dans des ruines d’anciennes cabanes ou maisons d’alpage et recouverts de pierres et de pelouse.

 

Des villages rues construits avec les matériaux locaux

La morphologie urbaine caractéristique du Valbonnais est celle du village-rue, bordé de bâtisses aux volumes conséquents où se cache à l’arrière leur jardin potager. Les commerces sont rares. Le tissu urbain est groupé et se compose d’habitations accolées et individuelles. Excepté les maisons sur plusieurs niveaux, les silhouettes villageoises sont peu élevées et se fondent dans le paysage en épousant les formes du relief.

Grâce aux glaciers qui ont déplacé et déposé au coeur des vallées de nombreux blocs rocheux et aux petites carrières locales, la présence de la pierre marque l’identité bâtie du Valbonnais dans l’architecture et les aménagements urbains (calades au sol, etc.).

Les toitures en ardoise ou en « lauzes », participent également au patrimoine bâti étant donné que ces matériaux de construction provenaient d’anciennes ardoisières de Chantelouve, de Valjouffrey et surtout d’Ornon.

l’Alpe du grand serre, Une station village dispersée dans le paysage

Créée en 1938, la station de l’Alpe du Grand Serre, sur la commune de La Morte, se situe au nord de la vallée de la Roizonne et en surplomb de la vallée de la Romanche. Le col de La Morte, via la route départementale D 114, permet le basculement entre ces deux vallées dont le dénivelé s’élève à plus de 1000m.
Cette station de ski de moyenne montagne, orientée principalement vers les sports d’hiver constitue le pôle touristique principal de l’Ensemble Paysager.

3.5 - es équipements adaptés, en lien avec les ressources de la montagne

Caractéristiques
ÉQUIPEMENTS

  • Des routes départementales ponctuées d’ouvrages d’art remarquables assurant la desserte de ce territoire de montagne
  • Des canaux d’irrigation historiques assurant la fertilité des plaines agricoles, alimentant les petites centrales hydroélectriques et offrant des promenades pour découvrir ce patrimoine local
  • Des parois rocheuses équipées et des protections torrentielles de qualité

Des routes de montagne ponctuées d’ouvrage d’art

Les routes départementales RD 526 et RD 114 constituent les principaux axes de déplacement et permettent de connecter le Valbonnais à la Matheysine, à la vallée du Drac et à celle de la Romanche.

La RD 117 offre une découverte plus intime du territoire en longeant la Bonne et permet le désenclavement des villages les plus isolés.

La vallée du Béranger et le village de Valsenestre ne sont pas accessibles en voiture l’hiver, son unique route étant fermée durant les périodes enneigées (RD 177a).

À l’écart des grands axes de circulation, le territoire ne comprend pas d’autoroute. Il se compose uniquement de routes de montagne encaissées et sinueuses.

«  Le Valbonnais fait partie des pays du Drac et occupe une place déterminante sur l’itinéraire traditionnel entre l’est et l’ouest du Sud-Isère par la RD526. Il est, avec l’itinéraire de la vallée du Drac et le tour du Sud-Isère, le troisième itinéraire le plus important à promouvoir dans le cadre de la mise en valeur des routes de la région. « S’inscrivant dans la problématique territoriale transversale, ce parcours permettrait une liaison depuis le col de Menée jusqu’à Valbonnais, et offrirait de nombreuses situations de mise en scène du paysage au cours de la traversée des unités locales au caractère affirmé et révélateur de la richesse du patrimoine de l’ensemble de la région : les piémonts du Vercors, le Trièves traditionnel, la vallée du Drac, l’entrée dans le Valbonnais en limite du plateau Matheysin et du Beaumont » (Laverne,1996:68). »

Les canaux d’irrigation

Le Valbonnais est caractérisé par l’existence d’un réseau important de canaux d’irrigation destinés à l’agriculture. Le territoire présente deux principaux canaux :

  • le canal de Beaumont, 35 km entre La-Chapelle-en-Valjouffrey (949 m) et Quet-en-Beaumont (873 m)
  • le canal de Valbonnais, 7 km entre Champchauzat (855m / Chantepérier) et le ruisseau du Royer (810 m)

 

Le canal de Beaumont a été aménagé à mi-pente afin de capter les eaux de la Bonne issues des glaciers des écrins pour les acheminer dans le Beaumont et la vallée du Drac. Imaginé par les moines au Moyen âge, il a été réalisé en 1875 et permet d’irriguer les terres agricoles traversées sur son parcours. Il a aussi une fonction de production d’électricité depuis 1911, grâce à une conduite forcée vers la centrale électrique de Mabuisson Beaumont.

Le canal de Valbonnais, appelé également canal des Moines, a été construit au XIVe siècle pour irriguer les parcelles agricoles de la plaine de Valbonnais. Implanté au pied des pentes, ce canal est alimenté par les sources de Champsauzat et ponctuellement par la Malsanne.

Ces canaux historiques, toujours en fonctionnement aujourd’hui, offrent des tracés de promenade familiale et ombragée. Des éléments de patrimoine architectural, comme les ponceaux, ponctuent ces deux parcours au bord de l’eau.

«  Les deux petites plaines de Valbonnais et d’Entraigues sont irriguées par des canaux … et se distinguent par l’abondance de leurs fruitiers, notamment les noyers, leurs cultures céréalières et leurs pâturages. »

« Sur la rive gauche, très haut sur le flanc des montagnes boisées, un long ruban fauve entoure capricieusement tous les plis du rocher, tous les promontoires, s’aligne en corniche sur les parties rectilignes et, plus loin, festonne la forêt ». Victor-Eugène Ardouin-Dumazet – journaliste isérois, Voyage en France, tome 10, 1897

Des risques naturels majeurs dans ce territoire montagneux

L’ensemble paysager est soumis à plusieurs aléas majeurs : les avalanches, les mouvements de terrain et les potentielles crues des cours d’eau.

La population et les axes de communication étant concentrés au pied des reliefs pentus et rocheux ainsi qu’en bordure de rivière, ce sont des enjeux très présents.

Un risque naturel résulte d’une concentration, sur un même territoire, d’aléas et d’enjeux qu’ils soient humains, économiques, etc.

3.6 - PAYSAGES INSTITUTIONNALISÉS, RECONNUS ET PROTÉGÉS

3.7 - REPRÉSENTATIONS SOCIALES PAYSAGÈRES

La lecture des paysages  est issue de la conjugaison des thématiques observées dans les chapitres précédents. Mais les paysages sont aussi constitués par le regard que l’on porte sur eux et des images que l’on s’en fait, nourris par un imaginaire social et culturel. On ne pourrait donc pas comprendre leur construction sans tenir compte des fondements culturels qui ont forgé leurs représentations sociales.

Voici quelques faits historiques et culturels locaux qui ont marqué les esprits, ont participé à la représentation sociale des paysages et influencent notre manière de les percevoir.

Retrouvez les thématiques de ces quelques faits, contribuant également aux représentations sociales paysagères du département de l’Isère dans le « Portrait du département ».

La montagne exploitée pour ses ressources

L’extraction du sous-sol

Les cimenteries

L’ensemble paysager présente sur son territoire de nombreuses cimenteries comme celle de Pelloux à Pont du Prêtre (Valbonnais) et celle de Siévoz. Ces cimenteries, utilisant la force de l’eau, ne sont plus en activité aujourd’hui. Une partie des bâtiments, cheminées et galeries est toujours présente dans les paysages du Valbonnais et fait partie du patrimoine local du territoire.

Sur ces sites d’extraction la pierre calcaire était cuite à très haute température puis broyée pour obtenir du ciment, de la chaux et du plâtre.

Photos anciennes des cimenteries à Pont du Prête (gauche) et à Siévoz (droite). Source : www.geologie-patrimoine-matheysine.fr

L’extraction du sous-sol

Le Marbre blanc de Valsenestre

La carrière de marbre à Valsenestre a été en activité de 1834 à 1904.

Les affleurements de marbre blanc sont toujours visibles dans les paysages entre le Col de la Muzelle et Le Désert-en-Valjouffrey.

Les abris de carriers, présents encore aujourd’hui dans les paysages du Valbonnais, font partie du patrimoine bâti.

Photo ancienne de la cantine des carriers. Une cabane a été aujourd’hui reconstruite sur ces vestiges. Source : www.geologie-patrimoine-matheysine.fr

L’eau énergie pour l’électricité et pour la filière bois

La scierie et la centrale des Ségoins (Valjouffrey)

La scierie des Ségoins témoigne d’une activité traditionnelle importante d’exploitation forestière. Du XVIIIe siècle au début du XXe siècle, le Valbonnais comptait un grand nombre de petites scieries, notamment dans les secteurs du territoire les plus isolés. Le bois était utilisé principalement pour la charpente, la menuiserie et la boissellerie (objets en bois).

La scierie des Ségoins utilisait la force de l’eau pour mettre en mouvement une grande roue en mélèze et ainsi actionner deux scies: une battante et une circulaire.

En 1925, sur ce même site et utilisant la force motrice de la Bonne, une centrale a été mise en service pour produire de l’électricité pour la commune.

Les activités du site ont cessé en 1957. Afin de conserver la mémoire du territoire, ce site a aujourd’hui été restauré pour témoigner du travail des anciens et rendre visibles les techniques d’autrefois. Un parcours pédagogique est ainsi proposé pour découvrir les différentes étapes, entre l’approvisionnement de la matière première jusqu’à l’usage final.

Photos du site des Ségoins

la culture du risque

L’avalanche de Valsenestre

Le village de Valsenestre a été partiellement détruit au 19e siècle par une avalanche venue de Comboursière (au sud). Le village a été enseveli et plusieurs habitants sont décédés. Inoccupé notamment au moment de la guerre, ce village a été ensuite restauré et les maisons détruites par l’avalanche ont permis d’ouvrir davantage le village.

Valsenestre a ainsi connu une évolution urbaine importante en lien avec le passage de l’avalanche. Cet événement à particulièrement marqué la mémoire des habitants.

Photo ancienne de Valsenestre après la destruction partielle du village. Source : www.memoire-battante-valjouffrey.weebly.com

L’ISÈRE BERCEAU DE L’ALPINISME

La mémoire des lieux d’un montagnard

Originaire et résident au Désert-en-Valjouffrey, Julien Gaillard a effectué un travail de mémoire et de toponymie des montagnes du Valbonnais. Avec l’aide d’un dessinateur, il a nommé, marqué sur le papier, la trace des passages et tous les moindres recoins de montagne parcourus. Cette mémoire du territoire qu’il a transmis, présente une grande richesse car elle est issue de paysages parcourus et représentés, ce qu’aucune carte topographique ne pourrait détailler.

 

Le refuge de Font Turbat et Celestin BERNARD

Construit en 1922, le refuge de Font Turbat a été créé à l’origine par des alpinistes et pour des alpinistes, en quête de la face nord de l’Olan ou de la traversée de l’Olan. Le guide local, Célestin Bernard, qui réalisa le premier la traversée de l’Olan, est à l’initiative des travaux de construction du refuge. Pouvant accueillir 12 places à l’époque, un second bâtiment accolé a été construit en 1962 pour augmenter la capacité de couchage (40 places).

Ce refuge, au pied de l’un des plus prestigieux sommets, est étroitement lié à l’histoire des habitants de la vallée et fait partie de la culture populaire.

Photo ancienne du refuge de Font Turbat et du Pic d’Olan. Source : gallica.bnf.fr / Fédération francaise des clubs alpins et de montagne

Personnages cÉlÈbres

4. UNITés paysagères

Entraigues • La Salette-Fallavaux • La Valette • Nantes-en-Ratier • Saint-Laurent-en-Beaumont • Saint-Michel-en-Beaumont • Siévoz • Sousville • Valbonnais
Chantepérier • Cholonge • Entraigues • La Morte • La Valette • Lavaldens • Nantes-en-Ratier • Oris-en-Rattier • Ornon • Oulles • Saint-Honoré • Valjouffrey • Villard-Reymond • Villard-Saint-Christophe
Unités paysagères – 8.09