Atlas des paysages
Département de l'isère

Ensemble paysager

8.07

Les sommets et vallées de l’oisans

Les communes de l'ensemble paysager par unité paysagère

Allemond  •  Auris  •  Besse  •  Clavans-en-Haut-Oisans  •  Huez  •  La Garde  •  Le Bourg-d’Oisans  •  Le Freney-d’Oisans  •  Les Deux Alpes  •  Mizoën
Auris • Besse • Clavans-en-Haut-Oisans • Le Freney-d’Oisans • Mizoën
Auris • La Garde • Le Freney-d’Oisans • Les Deux Alpes • Mizoën • Saint-Christophe-en-Oisans • Villard-Notre-Dame
Le Bourg-d’Oisans • Les Deux Alpes • Saint-Christophe-en-Oisans

menU ep

Motifs paysagers structurants

Des paysages montagnards organisés autour de deux grands massifs (Écrins et Grandes Rousses) et suivants un logique d’étagement : le monde «d’en haut» et le monde «d’en bas».

Des vallées encaissées rythmées par des versants abrupts boisés et des versants arides et rocheux sur lesquels sont accrochés des petits villages groupés.

De vastes paysages agro-pastoraux d’altitude formant un océan vert au pied des sommets, offrant des vues sur les sommets Alpins.

Un paysage entre naturalité et artificialité : les lacs d’altitudes et les retenues d’eau pour alimenter les canons à neige côtoient en fond de vallées les barrages et les rivières qui font l’objet d’une canalisation ou non.

Un territoire où se mêle la naturalité et l’occupation de l’espace à des fins de loisirs: des alpages accessibles équipés autour des stations et des alpages difficilement accessibles dans lesquels règnent la naturalité, notamment dans le secteur du cœur du Parc National des Écrins.

Le domaine des sommets, paysages grandioses essentiellement composés de roches parfois recouvertes de pelouse alpine et de glaciers.

1. à premières vues

Composantes & Structures paysagères

L’Oisans correspond au bassin versant de la Romanche en amont de la confluence avec l’Olle. Les paysages s’organisent autour de deux massifs (les Grandes Rousses et les Écrins) et plusieurs vallées encaissées affluentes de la Romanche.

Les paysages d’en haut, grandioses, emblématiques, ouverts dominés par la roche et l’herbe sont prisés et constituent une destination prisée et recherchée. Ces paysages illustrent le paradoxe entre le développement croissant des équipements liés aux loisirs et la puissance de la nature.

Les paysages d’en bas, fermés, encaissés, assurant le lien avec la vallée et Grenoble sont des paysages qu’on traverse. Ils sont les garants de l’authenticité et de l’âme montagnarde car ils correspondent aux premiers paysages habités de l’Oisans.

La rudesse des pentes et les équipements liés à la gestion des risques le régime torrentiel des rivières et la nécessité de les canaliser, et l’impact des infrastructures et des équipements touristiques et énergétiques apportent aux paysages un caractère austère. Ces empreintes humaines sont fortement perceptibles dans le paysage et contrastes avec la forte naturalité des paysages de l’Oisans. La rare présence des glaciers dans les silhouettes des sommets les plus hauts rappelle aux visiteurs le caractère fragile des paysages uissans face au changement climatique.

L’Oisans est aussi un territoire d’alpage important qui offre de vastes paysages ouverts caractéristiques et emblématiques.

Plus qu’une entité géographique nettement délimitée, l’Oisans désigne une patrie, celle des alpinistes qui en furent comme les pères fondateurs.

2. Regard d'acteur

« La montagne amène à la contemplation (…) mais parfois l’empreinte d’anciens aménagements viennent gâcher la beauté du naturel. »
Jean-Christophe Lapalus

Directeur du service des Pistes de l’Alpe d’Huez, SATA Group

«La montagne c’est un choix de vie. Depuis 30ans je parcours au quotidien les paysages de l’Oisans, autant pour le travail que pour les loisirs. Habitant du Bourg d’Oisans et travaillant à l’Alpe d’Huez, mon quotidien illustre le lien très fort qu’il existe entre le «monde d’en haut», en station et le «monde d’en bas», dans la vallée.

La montagne amène à la contemplation par ses couleurs et ses reliefs, mais parfois l’empreinte d’anciens aménagements viennent gâcher la beauté du naturel. Dans les années folles, au cours des années 1970 / 80 le développement considérable des domaines skiables a crée de grandes cicatrices dans l’espace montagnard, notamment dans l’étage compris entre 2300m et 3000m d’altitude. On taillait la montagne directement dans le minéral mais maintenant heureusement c’est surveillé.

Notre équipe aménagement et entretien du paysage, du service des pistes de SATA Group est là pour faire en sorte de continuer a développer, aménager et gérer les pistes tout en minimisant notre impact dans les paysages d’été:

« La montagne amène à la contemplation (…) mais parfois l’empreinte d’anciens aménagements viennent gâcher la beauté du naturel. »

Les actions principales de l’équipe se situent surtout sur le bas des pistes et autour de la station. Elles concernent: le terrassement et le reprofilage pour favoriser la glisse, le maintien de la neige et la bonne gestion de l’eau; et l’enherbement et les plantations pour «reprendre une cicatrice» liée à des travaux. L’équipe intervient sur des fins de chantiers (terrassements pour les pistes, canalisations d’enneigeurs), mais aussi sur un entretien régulier des alpages.. Un travail spécifique avec notre fournisseur nous permet d’adapter nos graines à l’altitude et à l’ensoleillement. 4 à 5ha sont enherbé et retravaillé par l’équipe tous les ans dans l‘objectif d’effacer les «traces» au bout de 1 ou 2 saisons.
La gestion du domaine skiable est un travail collectif, nous travaillons avec différents partenaires tels que l’Office National des Forêts et l’Association Foncière Pastorale. Dans les années 1970 des plantations fond leur apparition sous un objectif de protection contre les avalanches, aujourd’hui cet objectif reste d’actualité et tout en développant ces plantations on cherche à leur donner un aspect plus naturel, moins rectiligne.

Aujourd’hui avec le contexte de réchauffement climatique on est obligé de réaliser des plantations arborées au sein du domaine skiable, sur des pans de montagne entier. La collaboration avec les différents partenaires compétents est donc essentielle.

Aussi, une importante partie du domaine skiable est laissée en gestion au berger. Ici, le berger est salarié. C’est lui et ses bêtes qui assurent l’entretien de l’alpage. L’herbe courte avant l’hiver permet de limiter les avalanches. En fonction des versants, le cheptel est différent. L’été vous pouvez croiser des bovins sur les pistes de l’Alpe d’Huez et des ovins sur les pistes d’Auris et de Villard-Reculas.

« 4 à 5ha sont enherbé et retravaillé par l’équipe tous les ans dans l’ objectif d’effacer les «traces» au bout de 1 ou 2 saisons. »

La tendance n’est pas à l’extension des remontées mécaniques en nombre et en longueur mais plutôt à la modernisation des équipements pour réduire le nombre de pylônes dans le paysage. Le contexte de réchauffement climatique est la cause première des évolutions sur le domaine ces dernières années. La neige de production se modernise et se développe de manière raisonnée. Elle reste essentielle afin de garantir une bonne skiabilité sur la durée des saisons. Concernant la transition «4 saisons» les stations de moyenne montagne ont une avance sur nous, en ayant eu une réflexion autre que le tout ski depuis plusieurs années.

Ici on n’aménage pas des sentiers de randonnée mais des sentiers piétons accessibles à tous. On développe le vtt et en particulier le vtt avec assistance électrique sur des itinéraires existants. Notre travail est de gérer, anticiper et cadrer les nouveaux usages sur les itinéraires, soit en séparant les flux, soit en créant des espaces partagés avec des panneaux informatifs pour éviter les conflits d’usage.

«  Ici on n’aménage pas des sentiers de randonnée mais des sentiers piétons accessibles à tous. On développe le vtt et en particulier le vtt avec assistance électrique sur des itinéraires existants. »

La période du ski s’étale de début décembre à fin avril. La période du vtt s’étale de fin juin à fin aout. Donc notre équipe travaille entre les deux saisons touristiques, soit de fin mai à fin juin puis d’octobre à décembre.»

3. Composantes paysagères

3.1 - Le toit de l’Isère

Caractéristiques
RELIEF & HYDROGRAPHIE

  • Paysages emblématiques de haute montagne caractérisés par une naturalité spectaculaire, organisés entre le massif des Écrins et celui des Grandes Rousses
  • Un réseau hydrographique fondateur : des rivières torrentielles formant des vallées encaissées, des lacs naturels en altitude et des lacs artificiels dans les vallées.
  • Paysages empreints d’une rudesse (omniprésence de la roche) et d’une fragilité (importance des glaciers dans la construction des paysages)

UN SYSTÈME DE VALLÉES, PLATEAUX D’ALTITUDE ET HAUTS SOMMETS EMBLÉMATIQUES

L’Oisans isérois couvre le bassin versant de la Romanche. Les paysages de l’Oisans sont composés des motifs propres à la Haute Montagne : sommets mythiques, glaciers déterminants dans la formation du relief, rivières torrentielles structurantes affluentes de la Romanche, formant des vallées encaissées.

« L’Oisans est un concentré de montagne, l’expression même de la violence créatrice qui a façonné les Alpes. Ici, la nature raconte la tectonique des plaques. Lorsqu’on lève les yeux, au-dessus de Bourg d’Oisans, on aperçoit les cicatrices laissées par la genèse des montagnes, ces plissements cataclysmiques qui ont, peu à peu, élevé les sommets ». L’Oisans, la montagne à l’état brut dans Chroniques d’en Haut, émission du 25.04.2021 sur France 3

 

Des paysages rocailleux sculptés par l’eau sous toutes ses formes

En altitude, le socle géographique s’impose comme la composante principale des paysages uissans.

Le relief, la géologie et l’hydrographie sont déterminants car visibles et mis à nu à travers les affleurements rocheux, les parois abruptes, les gorges, les glaciers, les lacs d’altitude naturels, les torrents, le ruissellement sur les parois humides, les éboulements, les cascades insolentes, les descentes de langues de glaciers, les couloirs d’avalanche.

« En Oisans, (…) Tout ce qui est en haut est amené, un jour ou l’autre, à tomber en bas ».

Les hauteurs minérales sont formées par une alternance de crêtes et aiguilles en dentelles et de sommets plus ronds des têtes et des monts.
La pierre domine ce paysage autant sur les hauteurs avec des éboulis qui strient les flancs des montagnes que dans les fonds de vallée avec de gros blocs de pierre qui occupent l’espace. Et la pierre est aussi très présente dans les constructions des habitations et des routes.

Les géants de glace qui ont façonné les paysages de l’Oisans

Les glaciers sont à l’origine des paysages de l’Oisans depuis des millénaires et continuent de les modeler encore aujourd’hui. Les évolutions climatiques de ces dernières années impactent très nettement les paysages de montagne La fonte importante des glaciers est un indicateur visible des évolutions climatiques.

3.2 - Les vallées boisées et la vaste pelouse d’altitude

Caractéristiques
VÉGÉTATION

  • Deux ambiances paysagères bien distinctes liées à l’altitude : les paysages forestiers denses composés de hêtres, sapins et épicéas sur les versants et les paysages ouverts recouverts de pelouses alpines et de landes dans les secteurs d’altitude, avant les paysages rocailleux des sommets.
  • Des forêts artificielles, plantations issues de la gestion des risques naturels, aux contours rectilignes qui s’imposent comme un motif paysager récurrent
  • Une régénération naturelle de la forêt (sur les versants) en lien avec la déprise pastorale
  • Des paysages naturels reconnus qui font l’objet d’un travail de préservation, notamment les paysages naturels d’altitude à haute qualité environnementale (dont des zones humides), qui se découvrent lorsque le manteau neigeux se retire.

Les milieux naturels, une logique d’étagement et d’exposition

Les paysages de l’Oisans sont rythmés par une alternance des paysages arides, verdoyants et humides. L’exposition et l’altitude explique la diversité des paysages naturels présents en Oisans :

  • Les versants arides peu boisés et fortement ensoleillés (Adret)
  • Les versants verdoyants, humides et boisés (Ubac)
  • Les alpages, vaste océan d’herbe autour des sommets
    Les zones humides en fonds de vallées et en altitude (tourbières, marais et lacs)
  • Les sommets rocheux

Les forêts représentées sur la carte ci-contre sont dans la classification de « forêts fermées », c’est-à-dire que l’essentiel des arbres sont adultes et forment des couverts végétaux denses.

« Le massif présente la zonation alpine caractéristique : l’étage montagnard, avec la hêtraie-sapinière et le pin sylvestre ; l’étage subalpin à épicéa ; l’étage alpin et ses pelouses au-dessus de 2200 m; l’étage nival avec les premiers glaciers alpins en venant de l’ouest au-dessus de 2400 m. »

Des résineux qui colonisent les versants uissans

Les paysages de l’Oisans présentent un couvert boisé important sur les versants ubacs et les fonds de vallées. Les activités agro-sylvo-pastorales ont influencé la limite supérieure actuelle de la forêt, qui ne correspond pas aujourd’hui à la limite climacique (liée au climax). Sans activités humaines, la limite supérieure de la forêt serait plus haute. Le pastoralisme a gagné du terrain sur la forêt.

Aujourd’hui nombreux sont les boisements qui ne suivent plus cette dynamique : présence des massifs forestiers sur tous les versants, à des altitudes plus élevées, autour des villages, etc. Ces boisements sont issus:

  • d’une régénération naturelle liée au déclin de l’activité agropastorale,
  • de plantations artificielles (forêts Restauration des Terrains de Montagne) pour lutter contre les risques naturels (érosion, chutes de blocs, avalanches, etc…)

Ces forêts sont localisées sur les secteurs vulnérables, arides, abrupts et à proximité des secteurs d’habitat.

Cette grande présence de la forêt participe à la construction d’un paysage, considéré comme austère et fermé pour certains et comme protégé, sécurisé et entretenu pour d’autres.

Les sanctuaires de nature reconnus et protégés

L’Oisans compte de nombreux espaces naturels protégés inaccessibles où la nature est libre. Ces espaces naturels forment des paysages reconnus pour leur qualité et leur caractère exceptionnel.

« Un des points communs à ces sites est la présence de zones humides : tourbière, marais, tufière, etc… car ce sont les milieux les plus sensibles au changement climatique ou à la fréquentation. Mais surtout parce qu’ils sont très fréquentés par des espèces qui, sans ces milieux, disparaîtraient. L’équilibre de ces écosystèmes tient souvent à peu de chose…»

3.3 - L’ALPAGE : L’ ADN DES PAYSAGES UISSANS

Caractéristiques
AGRICULTURE

  • Les paysages situés au-dessus de 1800m d’altitude appartiennent au monde de l’alpage. Le monde de l’herbe couvre 1/3 du territoire de l’OIsans.
  • A la belle saison les alpages constituent un vaste tapis vert au pied des sommets rocheux et enneigés.
  • Les alpages sont des paysages emblématiques et convoités: les remontés mécaniques, les chalets, les pistes de VTT et les parkings sont de nouveaux motifs paysagers qui transforment le paysage rural patrimonial lié à l’alpage

DES ALPAGES EMBLÉMATIQUES OBJETS DE NOMBREUSES CARTES POSTALES

L’activité agro-pastorale est très importante dans l’Oisans. Même si les chiffres témoignent du recul de la SAU, et que la progression de la végétation indique une fermeture des paysages, la pratique agro-pastorale est encore bien présente en Oisans et continue de façonner les paysages d’en «haut». La dénomination de la station de l’Alpe d’Huez (alpage du village Huez) illustre bien l’importance des alpages dans le paysages uissans.

Le maintien des alpages constitue un élément majeur dans la préservation des paysages emblématiques de l’ensemble paysager.

LES ALPAGES CONTEMPORAINS PARTAGÉS D’HUEZ ET DES DEUX ALPES

Les paysages des alpages en Oisans sont aujourd’hui composés de motifs paysagers diversifiés. Ce sont des paysages partagés et façonnés par des pratiques diversifiées complémentaires à l’élevage.

La cohabitation des pratiques entre elles sont parfois concurrentielles et d’autres fois équilibrées mais elles sont toujours interdépendantes. Les plans de gestion des alpages intègrent les aspects forestiers, environnementaux, agricoles et touristiques.

Le nombre d’exploitations a diminué d’environ 61 % de 1988 à 2010. La Surface Agricole Utilisée (SAU) a elle aussi baissé de 50 % sur cette même période.

3.4 - UNE MONTAGNE HABITÉE

Caractéristiques
BÂTI

  • Les montagnes de l’Oisans sont habitées selon trois grandes typologies : les villages denses et patrimoniaux accrochés aux versants ou installés sur les replats, les villages stations hétéroclites et les constructions isolées dans les alpages et à proximité des sommets
  • Toutes ces constructions sont interdépendantes les unes aux autres : activités partagées, mobilité des habitants et covisibilité

DEUX MONDES, LE «BAS» ET LE «HAUT» RELIÉS DANS UN SYSTÈME URBAIN COMPLEXE

L’Oisans est une montagne habitée. La logique d’implantation des constructions est étroitement liée à l’exposition et à la pente. Les villages se concentrent sur les versants adrets, exposés au soleil et sur les secteurs de replats.

Les constructions isolées, liées à l’élevage (cabanes pastorales) ou à la pratique de l’alpinisme (refuges) ponctuent les secteurs les plus hauts en altitude. Globalement, l’habitat se raréfie en s’approchant des sommets mais le développement des stations en altitude est venu perturber cette logique d’implantation.

Aujourd’hui, l’habitat en Oisans s’organise autour des stations (Alpe d’Huez, Les Deux Alpes et Oz-Vaujany) qui se développent sur les hauteurs, à proximité des domaines skiables. Ces stations d’altitude entretiennent des liens importants avec les villages des versants qui sont les garants de la vie de montagne. On y retrouve les racines des «gens d’en haut». L’Oisans, la montagne à l’état brut dans Chroniques d’en Haut, émission du 25.04.2021 sur France 3

LES VILLAGES DENSES AU BÂTI RESSERRÉ

En Oisans, les villages installés sur les replats sont denses et le bâti est resserré, pour ne pas empiéter sur l’espace productif .

Les ruelles étroites, le sens du faîtage en fonction du vent dominant, les toitures pentues pour surmonter aux périodes d’enneigement et la forme circulaire des villages sont des caractéristiques architecturales traditionnelles encore bien visibles dans les paysages actuels. Les villages de l’Oisans présentent des silhouettes de pierre harmonieuses qui se fondent dans le décor et s’intègrent parfaitement aux paysages.

Souvent situés à moyenne altitude, les villages et hameaux groupés sont des pôles résidentiels et patrimoniaux mais les activités commerciales et touristiques se situent soient plus haut en station, soit plus bas dans la vallée. Les villages se situent dans un entre-deux entre le monde du bas et celui du haut.

« Les villages sont remarquablement regroupés autour de leur clocher. L’architecture de Besse, Mizoën, Clavans-le-Haut et Clavans-le-Bas est une architecture de pierre aux toits de lauzes, désormais de tôle, très homogènes, qui focalisent immanquablement le regard sur fond de pelouses et de pâturages, et laissent une trace durable dans le souvenir». L’Oisans, la montagne à l’état brut dans Chroniques d’en Haut, émission du 25.04.2021 sur France 3

LES CONSTRUCTIONS ISOLÉES

Les constructions isolées, pour la plupart situées en haute altitude, sont implantées dans les alpages, et constituent une composante paysagère importante pour l’ensemble paysager de l’Oisans. Ces maisons traditionnellement construites pour loger les bergers l’été, ou pour permettre les grandes traversées par les alpinistes, sont des constructions menacées par le réchauffement climatique, et le déclin du pastoralisme.

Sur les secteurs des domaines skiables, certaines anciennes maisons de bergers sont transformées en local technique pour les remontées mécaniques ou en restaurant d’altitude.

VILLES STATIONS AMÉNAGÉES EX-NIHILO

Trois grandes localités concentrent l’essentiel des constructions de l’Oisans. Chaque station située au plus haut dans la vallée, fonctionne en lien avec les hameaux et les villages plus bas en altitude. Les stations sont reliées vers les domaines accessibles des sommets, mais aussi vers les villages des versants.

Bien que la transition vers le tourisme 4 saisons soit adoptée par tous, les stations ex-nihilo sont encore des villes désertées aux inter saisons.

En fonction de l’altitude, de l’époque de construction et du contexte, les stations d’Oisans prennent la forme de station villages (Vaujany), ou de stations intégrées et stations satellites plus récentes, construites en opération d’ensemble (Auris-en-Oisans, Oz-en-Oisans). Deux stations intégrées à l’origine sont devenues aujourd’hui des villes de montagne : Les Deux-Alpes et l’Alpe d’Huez.

La période de fort développement de 1950 a engendré une cohabitation de constructions avec un manque de cohérence globale. Ce qui explique une sensation de confusion dans certains paysages de stations. Une perception qui se renforce en période estivale, qui donne l’impression d’une montagne sur-équipée et des équipements sur-dimensionnés.

 

3.5 - UNE MONTAGNE ÉQUIPÉE, SÉCURISÉE ET ACCESSIBLE

Caractéristiques
ÉQUIPEMENTS

  • Des paysages de montagne très équipés autant dans les vallées que sur les versants et sur les sommets
  • Des infrastructures formant des motifs paysagers structurants ayant des répercussions très largement sur les vallées et massifs environnants
  • Des équipements répondants à la gestion des risques et au développement touristique.

DES ÉQUIPEMENTS IMPOSANTS ET STRUCTURANTS DANS LES PAYSAGES

Les paysages montagnards de l’Oisans ont fait l’objet de plusieurs dispositifs d’équipement visant à sécuriser les territoire, à les exploiter et à les rendre accessibles.

La quasi totalité des secteurs de l’ensemble paysager est équipée, autant les fonds de vallées, que les versants ou les sommets. Bien que les équipements ne soient pas toujours bien intégrés, ils s’avèrent souvent nécessaires à la vie en montagne mais leurs dimensions et leur répartition territoriale peuvent questionner. Depuis les années 1950, le fort développement des stations et des équipements routiers traduit une course à l’accessibilité des terrains de montagne.

Les stations vers la transition «4 saisons»

Les stations des Deux-Alpes, Villard Reculas, Oz, Vaujany et l’Alpe d’Huez, concentrent les nombreux équipements de loisirs hivernaux et estivaux, même non sportifs.

Télécabine de l’Alpette (2055m) – Oz-en-Oisans : Connection entre les différents domaines skiables de Vaujany et Oz pour assurer les liaisons au sein du grand domaine skiable. Sur le secteur de Oz / Vaujany il y a plus de 100 lignes de transport par câbles : 34 lignes de téléski, 35 lignes de télésiège, 24 téléphérique/télécabine et 5 autres types de remontées. Sur le domaine skiable des Deux-Alpes, le glacier de Mont-de-Lans a été équipé d’une remontée afin de le rendre accessible et skiable été comme hiver.

Depuis une vingtaine d’années un nouveau motif paysager apparaît dans les domaines skiables, en particulier en Oisans : les retenues d’eau d’altitude pour alimenter les canons à neige qui se développent de manière importante pour pallier au déficit de neige dans le contexte de changements climatiques.

« Station internationalement connue, l’Alpe d’Huez est installée dans son vallon aérien et a connu un développement qui en a fait une petite ville, minérale comme le paysage environnant, au cœur de son « empire de la neige »

Les barrages et centrales hydrauliques bouleversent le réseau hydrographique

« Les paysages de la vallée (de l’Eau d’Olle), l’une des plus boisées de l’Oisans, ont été profondément modifiés par la construction des deux retenues hydroélectriques, celles du Verney et de Grand’Maison, (…). Si ces retenues s’inscrivent parfaitement dans l’histoire de la maîtrise de l’eau par l’homme telle qu’illustrée par le musée Hydrelec, à Allemond, on ne peut en dire autant de leur inscription dans le paysage. Par leur superficie et par le caractère artificiel, voire brutal, de leurs contours, ils encombrent le fond de la vallée et manifestent une raideur dont l’image de la vallée sort durcie.»

3.6 - PAYSAGES INSTITUTIONNALISÉS, RECONNUS ET PROTÉGÉS

3.7 - REPRÉSENTATIONS SOCIALES PAYSAGÈRES

La lecture des paysages  est issue de la conjugaison des thématiques observées dans les chapitres précédents. Mais les paysages sont aussi constitués par le regard que l’on porte sur eux et des images que l’on s’en fait, nourris par un imaginaire social et culturel. On ne pourrait donc pas comprendre leur construction sans tenir compte des fondements culturels qui ont forgé leurs représentations sociales.

Voici quelques faits historiques et culturels locaux qui ont marqué les esprits, ont participé à la représentation sociale des paysages et influencent notre manière de les percevoir.

Retrouvez les thématiques de ces quelques faits, contribuant également aux représentations sociales paysagères du département de l’Isère dans le « Portrait du département ».

LA MONTAGNE SUBLIMÉE

L’ISÈRE BERCEAU DE L’ALPINISME

L’alpinisme en Oisans est comme une religion avec des noms mythiques d’épreuves comme la Barre des Écrins, la Meije ou encore la Muselle.

La pratique de l’alpinisme a créé de grands noms de la discipline en Oisans comme Pierre Gaspard, guide paysan à l’origine, qui conquit la Meije, avec ses compatriotes Jean Bazillac, Henri Brulle, Célestin Passet et son fils, en 1877 pour la première fois sans bivouac et en moins de 24 heures.

Saint-Christophe-en-Oisans est un petit village alpin préservé loin des équipements touristiques dans un cadre où s’allient harmonieusement les forêts, la roche et l’eau. Site enchanteur qui explique peut-être que le minuscule cimetière de Saint-Christophe soit devenu, au cours des XIXe et XXe siècles, une sorte de Panthéon des alpinistes. Nombre d’entre-eux tombés en montagne y sont effectivement enterrés.

Plusieurs de ses alpinistes donnèrent leur nom à des arrêtes, des sommets, des refuges…

Charles Bertier - Vallée du Vénéon à Saint-Christophe-en-Oisans, 1894, Musée de Grenoble

LA MONTAGNE : UNE NOUVELLE IMAGE ET LE DÉVELOPPEMENT DE SA FRÉQUENTATION

Si l’alpinisme est le sport de prédilection de la montagne, pratiqué en toutes saisons et ce depuis des siècles, le plus pratiqué aujourd’hui est le ski, qui participe fortement à la construction de la culture iséroise.

Les jeux olympiques de Grenoble de 1968 ont été un marqueur évident de la culture iséroise, transcendant sa renommée pour les sports d’hiver.

L’Alpe d’Huez, icône des skieurs et du cyclisme. La station de ski connue internationalement devient un véritable symbole de l’Oisans et des Alpes en général notamment grâce à l’étape du Tour de France, récurrente chaque année et souvent décisive pour les coureurs.

La transition vers l’utilisation de la montagne aux quatre saisons. Aujourd’hui, la culture de la montagne connaît un tournant majeur depuis quelques années, avec l’engouement et la demande sociale d’un tourisme vert, « éco-responsable » et des activités en pleine nature toute l’année. Le changement climatique est une des raisons les plus évidentes de cette évolution. On assiste au passage de la montagne « du blanc au vert » : les paysages des montagnes de l’Oisans ne sont plus seulement couverts d’un manteau blanc, ils verdissent de plus en plus, lorsque l’on y pense en fermant les yeux.

Halte à la crête du Rateau_collectionisère.fr_ Blanchard Raoul Azentis

La montagne Ressource

LES MINERAIS

En Oisans, de nombreuses mines furent exploitées très tôt, dès l’Âge du bronze par les populations montagnardes. Certaines d’entre elles se situaient à haute altitude, comme les mines de cuivre que les paysans exploitaient pour fabriquer les cloches des vaches. A partir du XIIe siècle et durant presque 200 ans, des centaines de mineurs exploitent les filons de minerai de la montagne des Grandes Rousses.

Les mines les plus célèbres de l’Oisans :

  • Gardette (or) XVIIIe et XIXe,
  • Chalanches (argent) XVIIIe , à 2000m,
  • Lac du Milieu Oz à 2900 m
  • Les mines d’argent de Brandes XIIe

 

Site archéologique de Brandes, village minier du XIIème s. à Huez

L’EAU

L’eau est un thème récurrent de l’histoire et de la culture locale, à l’origine de nombreux paysages et représentations sociales paysagères.

Il est donc incontournable de mettre en lumière les paysages créés par les équipements et ouvrages construits dans le but de maîtriser les aléas de l’eau (digues), et qui peuvent également l’exploiter, comme les barrages hydro-électriques. L’histoire singulière des barrages illustre bien la relation des isérois à leur territoire, histoire contrainte par le contexte géographique et les drames qu’ont vécus les populations expulsées de leurs maisons : c’est notamment ce qui s’est passé pour le barrage du Chambon sur la Romanche, un village entier de paysans fut détruit et aujourd’hui l’on peut encore voir, lorsque le lac est vidé pour les opérations de maintenance, les ruines du village.

Mizoën barrage du Chambon collectionisère.fr_Carte postale GEP

LA FLORE DE LA HAUTE MONTAGNE

La flore iséroise est connue pour sa richesse en espèces végétales.

Particulièrement en Oisans, massif montagneux soumis à l’influence des climats continentaux et méditerranéens, où l’on trouve par exemple de la lavande sauvage, des edelweiss, ou le génépi.

Même s’il ne se situe pas dans ce département, il semble important d’évoquer le renommé jardin botanique du col du Lautaret, géré par les botanistes de l’Université de Grenoble, en particulier par l’Institut des Études Alpines. La flore de l’Isère fait partie du patrimoine naturel national, tant elle est originale en raison de son caractère endémique.

Personnages cÉlÈbres

4. UNITés paysagères

Allemond  •  Auris  •  Besse  •  Clavans-en-Haut-Oisans  •  Huez  •  La Garde  •  Le Bourg-d’Oisans  •  Le Freney-d’Oisans  •  Les Deux Alpes  •  Mizoën
Auris • Besse • Clavans-en-Haut-Oisans • Le Freney-d’Oisans • Mizoën
Auris • La Garde • Le Freney-d’Oisans • Les Deux Alpes • Mizoën • Saint-Christophe-en-Oisans • Villard-Notre-Dame
Le Bourg-d’Oisans • Les Deux Alpes • Saint-Christophe-en-Oisans
Unités paysagères – 8.07