Atlas des paysages
Département de l'isère

Ensemble paysager

8.05

Belledonne

Les communes de l'ensemble paysager par unité paysagère

Allevard • Crêts-en-Belledonne • La Chapelle-du-Bard • Le Moutaret
Allevard • Crêts-en-Belledonne • La Chapelle-du-Bard • Le Haut-Bréda • Les Adrets • Theys
Allemond • Allevard • Crêts-en-Belledonne • Froges • Hurtières • La Combe-de-Lancey • Laval-en-Belledonne • Le Haut-Bréda • Les Adrets • Revel • Saint-Martin-d’Uriage • Saint-Mury-Monteymond • Sainte-Agnès • Theys • Vaujany
Bresson • Brié-et-Angonnes • Champagnier • Chamrousse • Gières • Herbeys • Jarrie • Montchaboud • Revel • Saint-Martin-d’Uriage • Séchilienne • Vaulnaveys-le-Bas • Vaulnaveys-le-Haut • Venon

menU ep

Motifs paysagers structurants

Une barrière naturelle au caractère majestueux, un point de repère depuis la vallée du Grésivaudan et du Drac sur les monts enneigés.

Des étages paysagers bien distincts entre les versants abruptes boisés, les vallons habités et pâturés et les paysages arides des sommets.

Des motifs paysagers liée à la force et l’omniprésence de l’eau : stations thermales, industries, équipements d’hier et d’aujourd’hui.

Une montagne habitée, jardinée et convoitée aux portes de Grenoble et de la vallée du Grésivaudan.

Un espace naturel de loisirs accueillant de nombreux GR et des stations de ski.

1. à premières vues

Belledonne est un nom qui évoque en premier lieu une chaîne de sommets enneigés visible depuis le grand axe alpin qui relie Chambéry, Grenoble et Albertville. Un massif montagnard de 30 km, orienté sur un axe nord-ouest, sud-est, un lieu identitaire fort.

Les paysages de Belledonne constituent un décor quotidien, un point d’appel pour tous les habitants de la vallée du Grésivaudan et un cadre de vie quotidien pour tous les habitants de cette montagne jardinée, bucolique et accessible : les vallons et clairières habitées entourées de versants forestiers.

En deuxième lieu Belledonne évoque un balcon ou piémont habité surplombant la vallée du Grésivaudan et présentant des paysages étagés caractéristiques des vallées alpines.

Le massif de Belledonne offre aussi des paysages surprenants qui viennent diversifier la lecture étagée qu’on peut faire du massif : des vallées orientées nord/sud, l’une encaissée et très boisée (vallée du Haut-Bréda), l’autre très longue et cultivée (vallée de Vaulnaveys), des cratères de lacs en altitude, des gorges et un plateau urbanisé et cultivé face à l’agglomération grenobloise (Champagnier).

Aujourd’hui la montagne de Belledonne est le lieu d’une diversité d’usages : espace de loisirs (ski, randonnée, thermalisme), et un massif exploité (agriculture, sylviculture et hydro-éléctricité)

« Ses sommets enneigés l’hiver et ses prés verdoyants l’été offrent des images naturelles et constituent « le terrain de jeu » favori des populations plus urbaines. Ski et raquettes en hiver, randonnées en été, avec, toujours, ces vues sur le massif de la Chartreuse, en vis-à-vis. ». Centre Ressources régional des paysages d’Auvergne – Rhône-Alpes – Vallées et balcons de Belledonne – 2017

 

2. Regard d'acteur

« Moi j’aime beaucoup me lever et me coucher au calme, face à l’agitation du Grésivaudan, je me sens chanceuse. Cependant je suis inquiète face au développement de la fréquentation. »
Pauline MUSOLESI

Gardienne du refuge Jean Collet, au pied du lac Blanc

« J’habite depuis toujours sur le balcon de Belledonne, autour de Theys. Depuis 8 ans je travaille dans des refuges de montagne, dans les massifs de l’Oisans et de Belledonne. J’ai toujours fait ça, j’aime le calme, le contact physique et intense avec la montagne, l’observation des saisons et l’accueil du public. Le quotidien dans un refuge c’est un rythme de vie, une façon de vivre. On attend que le soleil arrive sur la terrasse pour déjeuner, c’est un plaisir. Ici à Jean Collet c’est une affaire familiale, je travaille avec ma maman.
Mes paysages quotidiens …

Jean Collet, c’est un petit refuge, rustique dans Belledonne sud, sous le Grand Pic et le lac Blanc. Notre localisation est stratégique car on est situé sur le GR 738. Autour de chez nous c’est minéral, un paysage essentiellement composé de cailloux, et de lacs. C’est magnifique. La Grande Lauzière c’est lunaire. Le refuge est à 2000m d’altitude, au niveau de la zone de contact des rhododendrons, des myrtilles et des alpages. Sur le secteur il y a 300 brebis à viande. Ici les activités cohabitent gentiment : activités pastorales et activités récréatives fonctionnement ensemble. Dans Belledonne il y a encore des bêtes dans les alpages et c’est vraiment plaisant, voire rassurant.

Autour de chez nous c’est minéral, un paysage essentiellement composé de cailloux, et de lacs. C’est magnifique. La Grande Lauzière c’est lunaire.

Problématiques : augmentation de la fréquentation et réchauffement climatique

Il y a 5 ans environ, on a connu un tournant avec le projet de « ré-homologation du GR738 » : installation de balises, création de zones de bivouac et développement d’une communication massive et attractive pour donner envie au public de venir se promener dans Belledonne.

Dans Belledonne sud il y a plus de monde que dans Belledonne nord. Avant on avait des groupes de «mangeurs» de GR, des visiteurs avertis et connaisseurs de la montagne. Aujourd’hui on a une fréquentation accrue pour le bivouac. Des campeurs qui viennent le vendredi à la débauche pour passer la nuit à la fraîche. La pratique de la montagne a changé et cette évolution crée des problèmes.

Avant on avait des groupes de «mangeurs» de GR, avertis et connaisseurs de la montagne. Aujourd’hui on a une fréquentation accrue pour le bivouac.

La promotion de la montagne bucolique, accessible, tel un eden, c’est dangereux. Nous gardiens de refuges, on se retrouve régulièrement confronté à des personnes qui ne regardent ni la météo, ni le dénivelé avant de se lancer dans une randonnée. Aussi, il faut rappeler que la montagne est un milieu fragile qu’il faut connaître et respecter pour le pratiquer. Quotidiennement on doit ramasser des poubelles, des excréments, arrêter des feux, expliquer l’interdiction de se baigner dans le lac Blanc, etc. Les chemins sont érodés et s’abîment, il y a trop de monde. Tous ces comportements créent des dégâts sur notre cadre de vie quotidien. Certains secteurs ont fait l’objet d’arrêtés pour contrôler voire interdire les campeurs sur les lacs, mais la problématique est encore bien présente. Je ne veux pas une montagne élitiste mais ici le paysage n’est pas capable d’accueillir un tourisme de masse,

Moi j’aime beaucoup me lever et me coucher au calme, face à l’agitation du Grésivaudan, je me sens chanceuse. Cependant je suis inquiète face au développement de la fréquentation.

Journée type

En pleine saison nos journées sont organisées autour de la cuisine et de l’accueil. Ici les moyens sont réduits, nous n’avons pas l’eau chaude et pas d’électricité, donc tout prend du temps. On vit de façon rustique. Le service des repas est à 18h45 et à 6h30. On est ouvert de juin à septembre et l’hiver on est saisonniers en stations. Notre vie est vraiment rythmée par les saisons.
Il existe un réel fonctionnement collaboratif et convivial avec les autres refuges du massif, notamment ceux situés sur le GR738. Avec le développement croissant de l’itinérance, l’activité des uns dépend de celle des autres. Les refuges sont reliés entre eux mais nous sommes aussi étroitement liés aux villages et vallées. Nous disposons de toutes les commodités à Theys : épicerie, salaison, pain, etc ».

3. Composantes paysagères

3.1 - LA CHAÎNE DE BELLEDONNE

Caractéristiques
RELIEF & HYDROGRAPHIE

  • Une chaine de montagne emblématique surplombant les balcons et le piémont, offrant un véritable belvédères sur les horizons monumentaux du Vercors, de la Chartreuse
  • Des paysages organisés sur un axe géographique nord-est / sud-ouest et étagés sur un important dénivelé : sommets, pentes abruptes et vallons
  • Des vallées spécifiques (Bréda, Allevard, Vaulnaveys) et un plateau / piémont (Champagnier) qui domine de ses 200 m d’altitude la vallée du Grésivaudan et les plaines voisines de la confluence Drac / Romanche / Gresse.
  • Une eau très présente, à l’origine des paysages : torrents, gorges, lacs d’altitude, glaciers

Une chaîne de sommets emblématiques surplombant les balcons et piémonts

Le massif de Belledonne, chaîne cristalline des Alpes, se démarque avec ses 90 hauts sommets à plus de 2500 m d’altitude. Le socle géographique de l’ensemble paysager offre une grande amplitude altitudinale de 200 à 3000m, à l’origine d’une grande diversité paysagère.

« Le Balcon de Belledonne est constitué d’une épaisse couverture sédimentaire plissée par le soulèvement du massif cristallin qui la domine. Le glacier du Grésivaudan a creusé dans ces formations sa vallée en auge, créant ainsi une topographie de balcon ».

« Imposante chaîne cristalline, Belledonne est un vieux massif primaire, pénéplané, recouvert par la sédimentation secondaire, soulevé et basculé au tertiaire lors de la surrection des Alpes et soumis à l’érosion glaciaire au quaternaire. On trouve ici des traces de chaque phase de cette histoire géologique qui est à l’origine de sa morphologie contrastée, pics acérés et formes douces. Les sommets dominent la vallée de l’Isère toute proche ».

La force de l’eau

Les paysages de Belledonne sont caractérisés par une force de l’eau qui structure et façonne les paysages. Le chapelet de lacs d’altitude perchés à plus de 2000m d’altitude est une caractéristique majeure de l’ensemble paysager.

De cette chaîne de montagne s’écoulent des torrents de l’est vers l’ouest formant un motif de peigne perpendiculaire à l’axe structurant Nord / sud. Les torrents traversent le territoire en descendant depuis les sommets, vers les vallons et le balcon puis vers la vallée du Grésivaudan. Cette force de l’eau a été exploitée et cette exploitation a façonné les paysages : stations thermales et centrales hydro-éléctriques.

Sur le territoire de Belledonne, la présence de l’eau crée aussi des paysages diversifiés remarquables, protégés pour leur qualité et leur caractère historique emblématique :

  • L’étang de Haute-Jarrie, un étang, classé en réserve naturelle, formé par le recul des glaciers, lieu de pêche reconnu au moyen-age
  • Les 4 sites classés depuis 1911 : cascade de l’Oursière, cirque des cascades du Boulon, lac Achard et balcon de Chamrousse

 

« Les torrents qui descendent des sommets de Belledonne ont entaillé cet ensellement par de nombreuses et étroites vallées étroites en V ».

« Les sept lacs ont été surcreusés dans les granites hercyniens, intrusifs dans les roches cristallophylliennes plus anciennes qui forment les sommets voisins (2 184 m pour le lac du Cos et Rocher Blanc 2 928 m). »

3.2 - un étage montagnard dominé par la forêt

Caractéristiques
VÉGÉTATION

  • Une forte présence de la forêt
  • Un étagement assez net des boisements entre les feuillus sur les fonds de vallées et les premiers coteaux et les résineux sur les pentes abruptes d’altitude.
  • Une campagne jardinée (haies, vergers, arbres isolés).
  • Des résineux qui perturbent la lecture des paysages et participent à une impression de fermeture, une perte de repère et une certaine monotonie

Les Versants forestiers

Les paysages de Belledonne illustrent de manière caractéristique l’étagement de la végétation dans les paysages alpins. Le couvert arboré s’installe sur les pentes et en fonction de l’altitude :

  • entre la vallée du Grésivaudan et les vallons habités (200m / 600 – 800m)
  • entre ces vallons habités et le domaine des hauts sommets (1400m / 1900m).

Les conifères dominent le couvert forestier de Belledonne, avec quelques feuillus se situant dans les vallées, où l’altitude diminue, où les sols changent etc.

Seule la partie Sud-Ouest de l’EP correspondant au plateau de Champagnier et à la vallée de Vaulnaveys, avec une faible altitude, 600-800m, comporte des haies vives de frênes et de charmes caractéristiques du bocage de moyenne montagne. Elle présente une faible densité du couvert forestier contrairement au reste de l’EP où les couverts forestiers, de feuillus et de conifères, sont des forêts fermées.

Les 6 scieries de l’EP à proximité des infrastructures de transports traduisent la dynamique de l’activité forestière sur le territoire.

« Dans le massif de Belledonne, les balcons habités occupent la place médiane de l’étagement du relief et de la végétation si caractéristique des paysages des Alpes du Nord. D’une part en effet, ils sont séparés de la vallée du Grésivaudan par les coteaux couverts de feuillus, surtout des châtaigniers, qui forment les premiers contreforts du massif, entre 200 et 900 m environ. D’autre part ils sont séparés de la haute montagne par la forêt dense de résineux, épicéas principalement, entre 1 100 m, limite supérieure de l’habitat, et 1 800 m, début des étages alpin et nival. »

La haute vallée du Bréda / La vallée de Vaulnaveys

«Le Haut-Bréda, une vallée encaissée et étroite, progressant sur une quinzaine de kilomètres à travers des boisements touffus, épicéas majoritaires sur l’ubac et mélangés de feuillus sur l’adret».

«La vallée de Vaulnaveys est arrosée par de nombreux cours d’eau, qui dictent des ambiances de milieux humides aux motifs caractéristiques de saules têtards et de peupliers en alignements, de roselières et de peupleraies».

 

Des résineux qui obstruent les points de vue

En Belledonne, les boisements sont très présents dans les paysages. Trop souvent les vues lointaines sur les vallons ou les versants sont obstruées par des boisements de résineux.

 

Un paysage de campagne jardinée dans les clairières

Dans les vallons habités des versants adrets et sur le plateau de Champagnier, les arbres isolés et haies vives participent à créer la paysage de campagne jardinée, recherché en Belledonne.

« Composée d’horizons monumentaux du Vercors, de Chartreuse et du Sud-Isère, c’est un paysage de campagne jardinée, composée de haies vives de frênes et de charmes, très représentative du bocage de moyenne montagne tel qu’on le retrouvera dans le Trièves et la Matheysine.»

3.3 - DES PRAIRIES ET ALPAGES DOMINANTS DANS LES ESPACES OUVERTS

Caractéristiques
AGRICULTURE

  • Des paysages agricoles surtout façonnés par le pastoralisme sur les pentes et les vallons et par les grandes cultures dans la partie sud-ouest de l’ensemble
  • Une activité agropastorale à l’origine des paysages de clairières

Trois typologies de paysages Agricoles et agro-pastoraux 

Le territoire de Belledonne est caractérisé par des sols issus de matériaux calcaires sur la côte Nord-Ouest de l’ensemble paysager. L’ensemble est majoritairement couvert par des alpages et des prairies. Les autres cultures représentent moins de 2% du territoire. Les sols sont peu évolués et couverts en majorité par les estives et landes (58 % de la surface agricole).

Trois secteurs se distinguent suivant un axe Nord-Est / Sud-Ouest et selon l’altitude :

  •  Les balcons de Belledonne, couverts de prairies permanentes, aux abords des villages et hameaux, sur les parties basses des versants. (partie Nord-Est de l’Ensemble)
  • Les alpages, espaces dédiés au pastoralisme en altitude, une surface de 12 436 ha de surfaces pastorales recouvrant 22% du territoire (Savoie / Isère), selon le site web de Espace Belledonne
    (partie Nord-Est de l’Ensemble)
  •  Le plateau de Champagnier, paysages mixtes, de prairies, cultures, maraîchage et vergers. En proximité de la vallée de Vaulnaveys au Sud-Ouest, les paysages de grandes cultures se mêlent aux prairies. (partie Sud-Ouest de l’Ensemble)

Plus d’informations : https://espacebelledonne.fr/agriculture-pastoralisme/

« Ce sont les continuités ouvertes de l’agriculture qui permettent à la vue de s’étendre et de profiter des motifs et des points forts environnants : les plus hauts sommets de Chartreuse à l’ouest et de Belledonne à l’est. »

« Le charme de ces lieux fréquentés tient à leurs continuités prairiales ouvertes, qui ménagent un contraste typiquement alpin avec les sombres forêts environnantes ».

la CLAIRIère pâturée, un motif paysager encore structurant

Les paysages agricoles actuels sont assez uniformes, tournés vers la grande culture, la prairie de fauche ou la pâture.

Le nombre d’exploitations a diminué d’environ 54 % de 1988 à 2010. La Surface Agricole Utilisée (SAU) a elle aussi baissé de 23 % sur cette même période.

En 1988, la surface agricole était couverte par une diversité de systèmes : polyculture et polyélevage, élevages de bovins, hors sol, d’ovins et de caprins, grandes cultures, vergers, maraîchage.

En 2010, les systèmes de polyculture et polyélevage ont fortement baissé par rapport à 1988. On observe une augmentation de la surface agricole consacrée aux élevages d’ovins et caprins. Les élevages laitiers étaient prédominants en 1988 alors qu’en 2010 ce sont les élevages de bovins viandes.

La colonisation de l’espace par la forêt et l’extension hâtive des espaces bâtis sont autant de menaces pour l’agriculture de montagne de Belledonne.

LE PAYSAGE DANS L’ASSIETTE

Face aux grandes cultures, seules les cultures de productions labellisées peuvent espérer persister. C’est pourquoi on trouve encore des prairies, favorisées par les labels Emmental et quelques rares noyeraies, dont la plantation est motivée par l’engouement pour la noix et l’AOP Noix de Grenoble. Aussi, le label AOC Bois de Chatreuse permet de valoriser la production forestière sur 3.1% de l’EP.

3.4 - Une montagne habitée et convoitée aux portes de GRenoble

Caractéristiques
BÂTI

  • Une structure urbaine traditionnelle bourgs / hameaux installée sur la pente avec un bâti ancien reconnaissable composé de murs pignons face à la pente et de toitures à 2 pans
  • Des paysages urbains très diversifiés, marqués par les époques de constructions et la fonction du lieu : stations thermales, stations de ski, résidentiel récent, etc
  • De nombreuses constructions patrimoniales au sein des villages ou à l’extérieur sur des sites stratégiques

les villages groupés installés sur les replats

En Belledonne les villages sont groupés et concentrés sur les replats des secteurs de balcons et piémonts. Les villages ponctuent les vallons boisés. Installés à mi-pente, sur les balcons du massif, les villages et hameaux sont directement reliés à la vallée du Grésivaudan par la route mais aussi par la vue. Cet ensemble paysager est caractérisé par un phénomène de co-visibilité entre les villages.

« Si la densité de villages est importante, elle connaît depuis quelques années un phénomène d’embellie. Les citadins rachètent des bâtis anciens ou font construire, pour jouir d’un cadre de vie privilégié. Ils viennent chercher la vue à quelques encablures de la ville. Cette montagne, devenue un immense parc de loisirs naturel, se transforme aussi en zone résidentielle.. »
Centre Ressources régional des paysages d’Auvergne – Rhône-Alpes – Vallées et balcons de Belledonne – 2017

Une structure bourgs hameaux pas toujours lisible

En Belledonne les terrains sont convoités. Les bourgs situés sur les balcons directement accessibles depuis Grenoble et la vallée du Grésivaudan offrent un cadre de vie de qualité dans une campagne jardinée.

Les piémonts et balcons de Belledonne constituent une «grande banlieue» où les paysages conservent leur identité de «montagne habitée» même si certains motifs paysagers rappellent que la ville n’est pas loin. La structure bourg-hameau traditionnelle n’est plus toujours visible, notamment dans les vallons les plus urbanisés, les vallées et le plateau de Champagnier.

Dans chaque vallée, l’implantation du bâti est spécifique :

  • Vallée de l’Allevard: à l’origine deux bourgs installés dans le fond de la vallée, autour de l’usine (Saint-Pierre d’Allevard) et des thermes Allevard. Aujourd’hui ces deux bourgs forment une continuité bâtie autour du bassin du Flumet.
  • Vallée du Bréda : des villages installés au pied des coteaux le long de la route principale, séparés entre eux par des boisements et des prairies
  • Vallée de Vaulnaveys et plateau de Champagnier : à l’origine un système de hameaux dispersés aujourd’hui un habitat résidentiel dispersé, à l’écart des grandes opérations d’aménagement de Grenoble

DEs architectures diversifiées

Les paysages de Belledonne sont ponctués de constructions traditionnelles et patrimoniales toutes témoins d’une utilisation de la montagne :

  • Les constructions témoins du dynamisme de l’activité agro-pastorale sur les pentes au fil des siècles (les balcons)
  • Les bâtiments prestigieux qui composent les stations thermales construites dans les fonds de vallées (Uriage-les-Bains et Allevard-les-Bains),
  • Les immeubles de stations construits en attitude, sur les parties hautes des versants contrairement aux villages (Chamrousse, 7 Laux)
  • Les maisons neuves ou réhabilitées face à la pente profitant des beux points de vue (résidences néo-ruraux)

«Dans Belledonne, l’architecture est le fruit d’un site, d’un climat, et d’un mode de vie rural.
Le mur pignon est très souvent face à la pente. Le bâti est souvent de forme rectangulaire. La partie sous toiture (grenier) – caractérisée par une forte pente occupe environ la moitié du volume. Les maisons les plus anciennes sont à deux pans (…) les matériaux disponibles sur place étaient utilisés : pierre pour les murs, épicéas pour la charpente, et chaumes ou lauzes pour la couverture. Ces anciennes bâtisses constituent un patrimoine fort, témoin de la civilisation de nos montagne».
Theys – Col du Barioz : Extrait panneaux pédagogiques – 2017

3.5 - un territoire traversé et équipé pour le tourisme et l’hydroéléctricité

Caractéristiques
ÉQUIPEMENTS

  • Des paysages naturels équipés pour le tourisme et l’hydro-éléctricité
  • Des territoires accessibles structurés autour de la D280 (la route des balcons), qui séquence les espaces entre chaque col culminant autour de 900m
  • Des itinéraires de randonnées GR et GRP dans les paysages de la haute montagne

Des paysages ponctués par des sites équipés pour le tourisme et l’hydro-éléctricité

Les paysages de Belledonne sont caractérisés par leur important dénivelé environ 2300m entre les sommets et la vallées de l’Isère : un emplacement idéal pour la filière de l’énergie hydraulique, à l’origine de l’installation de nombreuses industries. Les fonds de vallées et les vallons sont ponctués par les centrales hydrauliques, les usines métallurgiques et les papeteries. Ces activités industrielles sont à l’origine du dynamisme du massif.

L’histoire industrielle de la vallée d’Allevard, bien documentée dans l’atlas de 2001 est un riche exemple de ville construite à partir du développement industriel lié à l’eau et du thermalisme.

Les équipements liés à l’industrie, datent du 19èsiècle et concernent principalement les fonds des vallons et les débouchés des torrents.
Les paysages de Belledonne sont aussi façonnés par les équipements liés au développement des activités touristiques, qui sont plus récents et concernent plutôt les versants et les alpages. Les domaines skiables, concentrent les équipements liés à la pratique du ski et ceux liés à la pratique du vtt et luge d’été. Le massif est aussi traversé par de nombreux GR et GRP qui forment un maillage dense de chemins, de panneaux de signalétique, de mobilier et de parkings au niveau des départs de randonnées.

3.6 - PAYSAGES INSTITUTIONNALISÉS, RECONNUS ET PROTÉGÉS

3.7 - REPRÉSENTATIONS SOCIALES PAYSAGÈRES

La lecture des paysages  est issue de la conjugaison des thématiques observées dans les chapitres précédents. Mais les paysages sont aussi constitués par le regard que l’on porte sur eux et des images que l’on s’en fait, nourris par un imaginaire social et culturel. On ne pourrait donc pas comprendre leur construction sans tenir compte des fondements culturels qui ont forgé leurs représentations sociales.

Voici quelques faits historiques et culturels locaux qui ont marqué les esprits, ont participé à la représentation sociale des paysages et influencent notre manière de les percevoir.

Retrouvez les thématiques de ces quelques faits, contribuant également aux représentations sociales paysagères du département de l’Isère dans le « Portrait du département ».

L’industrie : fleuron national, à la pointe de l’innovation

L’hydroélectricité

Aujourd’hui Belledonne est connu pour ses 6 centrales hydrauliques, concentrées dans la vallée du Bréda et du Domeynon. La première centrale hydro-électrique fut créée à Domène, dans la vallée du Grésivaudan. Elle bénéficiait des eaux issues du Massif de Belledonne arrivant dans une conduite forcée et permettant de faire tourner des turbines et des générateurs. Les paysages de Belledonne sont façonnés par la force des cours d’eau aux régimes torrentiels et par l’utilisation qu’on en fait avec les centrales.

a centrale hydroélectrique de Prémoinet En plein cœur de l’Isère, la centrale hydroélectrique de Prémoinet est sur le point de fêter ses 110 ans 🎂. Reprise en 2018 par Hydrocop, producteur de la famille ’Alterna énergie, elle a ouvert un nouveau chapitre de son histoire. Source : https://www.alterna-energie.fr/

L’agriculture

L’image de la montagne renvoie également sans aucun doute à celle des alpages et du monde agricole, un autre enseignement de l’histoire culturelle des paysages de Belledonne. Pendant longtemps, des foires agricoles au bétail étaient organisées dans de nombreux villages, dénommés « Comices agricoles » avec des concours qui attribuaient à un animal de ferme un prix pour sa configuration propre à en faire de belles pièces de boucherie. La plus réputée des foires agricoles de l’Isère, est certainement celle de Beaucroissant, mais à l’échelle de l’ensemble paysager, celle de Theys présentait une certaine notoriété.

Le comice de Theys, 1953. Photo Émile Luginbühl.

La montagne comme destination de loisirs

Le tourisme des thermes

A l’échelle du Département, le secteur de Belledonne est connu pour l’implantation et le développement de deux stations thermales : Uriage-les-Bains et Allevard-les-Bains.

La commune d’Allevard-les-Bains est un lieu important du thermalisme dès le XIXe siècle accueillant des personnalités célèbres tels qu’Alphonse Daudet pour profiter des thermes. Les eaux d’Allevard sont très riches en soufre et en minéraux apportant des vertus sur les articulations et les voies respiratoires.

 

Carte postale ancienne @fortunapost.com

Les sports d’hiver et les stations de ski

Si l’alpinisme est le sport de prédilection de la montagne, le plus pratiqué aujourd’hui est le ski, qui participe fortement à la construction de la culture iséroise. Car au-delà de la pratique en elle-même qui se déroule en de multiples endroits en France et dont l’origine ne peut être revendiquée par le département, certains événements ont influencé les représentations socioculturelles nationales, voire international. On peut citer par exemple les jeux olympiques d’hiver qui se sont déroulé en Isère en 1968, au cours desquels la France a remporté de nombreuses médailles pour finir vainqueur des jeux.

Les infrastructures créées à l’occasion et la communication qui a été faite sur le sujet a permis à l’Isère de s’ancrer dans les esprits comme un territoire aux paysages montagneux privilégiés, des paysages d’hiver couverts de neige, tels que de nombreux peintres les avaient déjà mis en lumière.

Les stations iséroises, des villages stations, comme Saint-Hilaire-du-Touvet ou le Sappey-en-Chartreuse, aux stations intégrées comme le Collet-d’Allevard ou Chamrousse, ont façonné les représentations sociales paysagères et la culture iséroise depuis leur création.

Affiches des Jeux Olympiques d’hiver - Grenoble 1968.

4. UNITés paysagères

Allevard • Crêts-en-Belledonne • La Chapelle-du-Bard • Le Moutaret
Allevard • Crêts-en-Belledonne • La Chapelle-du-Bard • Le Haut-Bréda • Les Adrets • Theys
Allemond • Allevard • Crêts-en-Belledonne • Froges • Hurtières • La Combe-de-Lancey • Laval-en-Belledonne • Le Haut-Bréda • Les Adrets • Revel • Saint-Martin-d’Uriage • Saint-Mury-Monteymond • Sainte-Agnès • Theys • Vaujany
Bresson • Brié-et-Angonnes • Champagnier • Chamrousse • Gières • Herbeys • Jarrie • Montchaboud • Revel • Saint-Martin-d’Uriage • Séchilienne • Vaulnaveys-le-Bas • Vaulnaveys-le-Haut • Venon
Unités paysagères – 8.05