Atlas des paysages
Département de l'isère

Ensemble paysager

7.16

Cirque du Trièves

Les communes de l'ensemble paysager par unité paysagère

Châtel-en-Trièves • Clelles • Cornillon-en-Trièves • Lalley • Lavars • Le Monestier-du-Percy • Mens • Percy • Prébois • Roissard • Saint-Baudille-et-Pipet • Saint-Jean-d’Hérans • Saint-Martin-de-Clelles • Saint-Maurice-en-Trièves • Saint-Michel-les-Portes • Tréminis •

menU ep

Motifs paysagers structurants

Paysages ruraux, agricoles et forestiers, lovés dans un écrin montagneux constitués par les massifs de la Grande Tête de l’Obiou, du Grand Ferrand, du Jocou et du Vercors, formant le plus grand cirque du département

Paysages frontaliers marquant la limite entre l’Isère, la Drôme et les Hautes-Alpes, dont les massifs du Vercors et du Dévoluy dessine la toile de fond

Des paysages peu urbanisés, jalonnés de petits bourgs et de hameaux préservés, reliés au pôle principal de Mens

Des bourgs d’influence méridionale, situés sur des replats ou des promontoires, en bas des pentes ou à proximité des cours d’eau, préservés de la pression urbaine, sans zones d’activités contrastées

Un patrimoine architectural local préservé, constitué d’un bâti relativement massif, associant habitat et activités agricoles, construit en pierre calcaire et aux toitures en tuiles écaille ou canal

Des équipements intégrés au paysage, créant des repères discrets à l’architecture soignée, illustrant une relation au territoire pensée et affirmée

1. à premières vues

Composantes & Structures paysagères

« À ce premier trait d’originalité (couleur locale) s’ajoute celui de l’ambiance générale de bien-être tranquille d’un paysage soigneusement entretenu et protégé, dans le plus grand cirque naturel du département limité à l’est par les crêtes du Dévoluy et à l’ouest par les falaises du Vercors. »

Le cirque du Trièves est l’ensemble paysager le plus méridional du département, situé entre le Vercors, le Dévoluy et la haute-vallée du Drac. Les massifs montagneux aux sommets majestueux, qui entourent le plateau agricole, constituent un écrin pentu et boisé en forme de cirque gigantesque. Colonne vertébrale de l’unité, les gorges de l’Ébron incisent le plateau avant de déboucher dans le Drac au niveau du lac du Monteynard.

À une petite heure de route de Grenoble, il représente un des territoires riche en activité de de loisirs pour de nombreux grenoblois, venant profiter de ses paysages verdoyants composés d’un relief de petites collines, de ravins et aplombs rocheux, d’une agriculture diversifiée et dynamique et de petits villages préservés d’une urbanisation banalisée. En le parcourant, nos sens s’abandonnent à une lecture paisible de ses paysages bucoliques, jamais brusqués par des éléments trop contrastés, furtivement attirés par quelques éléments remarquables, repères naturels ou construits.

La douceur de ses paysages se doit également au contexte géographique du territoire, de sa situation charnière, entre un climat méridional et un climat continental, un plateau vallonné situé à une altitude intermédiaire et des hautes et moyennes montagnes favorisant un environnement tempéré.

Le cirque du Trièves représente ainsi un des territoires préservés de l’Isère, que l’on arpente avec plaisir en traversant des paysages qui sont le fruit d’une relation respectueuse entre l’homme et son territoire.

 

2. Regard d'acteur

« Avec le dédale de sentiers présents dans le Trièves, un large choix de paysages ruraux s’offre à nous. »
Jérôme DESCOMBES

Accompagnateur de Tourisme équestre/ Exploitant agricole, Mens

« Aujourd’hui, la journée s’annonce bien. Comme tous les matins, je sors pour m’occuper des chevaux. Je ne sais pas encore quel itinéraire je vais emprunter dans la balade d’aujourd’hui avec mes promeneurs. On va prendre les chevaux et monter du côté de Clelles, sur le flanc Est du Vercors, rejoindre le gîte géré par mon père. Avec le dédale de sentiers présents dans le Trièves, un large choix de paysages ruraux s’offre à nous : des boisements sur les versants du massif du Vercors, séparés par des prairies pâturée, où se révèlent des silhouettes de hameaux cachées dans la nature. Dans un registre complètement différent, il y a aussi les lacs d’altitude d’un bleu azur bordés dans des écrins rocheux avec une vue dégagée sur les alpages et les hauts sommets du département. Le matin, le soleil fait face à nous et éclaire l’Obiou comme l’acteur principal dans une scène de théâtre.

« C’est comme tout, il n’y a rien qui est et peut être parfait sinon on ne se rendrait pas compte de notre richesse paysagère ».

Par exemple, l’été, je privilégie des balades le long des berges du Drac, avec une végétation ripisylve développée et verdoyante pour aller jusqu’au lac de Monteynard. à ce moment de l’année, le Pic du Mont Aiguille est souvent dégagé, on peut revenir par les forêts. On peut aussi monter vers le Châtel, offrant des beaux points de vue sur tout le Trièves, mais pas trop, le terrain est accidenté et difficilement praticable à cheval. Les paysages du Trièves sont uniques et variés dans le département. Les crêtes du flanc Est du Vercors sont impressionnantes quand on les regarde depuis les berges du Drac. L’alternance des saisons renouvelle en permanence les paysages. Les changements de couleur se remarquent le plus au niveau des cultures. Elles sont très diversifiées, avec des prairies, des cultures fourragères et des vignes à certains endroits. Cela crée une mosaïque paysagère très colorée que je trouve très belle.

« Les changements de couleur dûs aux saisons créent une mosaïque paysagère très colorée ».

Je m’en rends vraiment compte quand je reviens de vacances, je me dis que j’ai de la chance d’avoir un si beau paysage (rires). La perception et la description de notre paysage quotidien sont parfois difficilement objectivables mais la comparaison avec d’autres paysages métropolitains, ou avec des témoignages de promeneurs qui ne sont pas d’ici nous aident à ouvrir les yeux sur le patrimoine naturel environnant de notre territoire.

Malgré tout, il reste des types de paysages avec lesquels j’ai un peu de mal. Comme la visibilité des lignes électriques dans certains hameaux préservés, typiques du Trièves, avec la plupart des maisons avec un toit en écaille. Bien sûr, j’aimerais les gommer mais, il faut se dire que ces lignes ont un rôle majeur dans la qualité des vies des habitants par l’électricité, le téléphone, internet, etc. On ne peut pas se couper du monde non plus surtout dans le monde rural. C’est comme tout, il n’y a rien qui est et peut être parfait sinon on ne se rendrait pas compte de notre richesse paysagère (rires).

Mon rapport avec le paysage se fait également par ma seconde casquette, celle d’exploitant agricole au sein de mon domaine. Avec mon père, nous cultivons en majorité du fourrage et des céréales : orges, avoines et seigles principalement. Une partie des récoltes nous permettent de nourrir les chevaux tandis que l’autre est destinée à la vente.

Je remarque que les motifs paysagers sont en grande évolution depuis que j’exerce ce métier. J’ai l’impression que les forêts avancent sur les prairies se trouvant en pente, étant peu commodes à l’exploitation. Il est difficile de les entretenir par la mécanisation et cela participe à leur délaissement et à l’enfrichement par manque de rentabilité.

« L’assèchement des ruisseaux est de plus en plus tôt dans l’année ».

Le gros changement observable depuis quelques années, c’est le manque d’eau. L’assèchement de certains ruisseaux se produit de plus en plus tôt dans l’année, cela devient vraiment problématique pour les cultures d’une part et d’autre part, pour le maintien de mon activité de randonnée équestre. En effet, les chevaux ont besoin de s’abreuver au cours des randonnées. Le manque d’eau est tel que certains hameaux interdisent de faire boire les bêtes dans les fontaines. Une problématique à surveiller de près pour les exploitants agricoles/éleveurs.

3. Composantes paysagères

3.1 - Un plateau vallonné entouré de hautes et moyennes montagnes

Caractéristiques
RELIEF & HYDROGRAPHIE

  • Paysage de plateau vallonné lové dans l’écrin constitué par les versants du Dévoluy et du Vercors, en forme de cirque gigantesque
  • Ensemble paysager le plus méridional du Département, formant la limite avec le département des Hautes-Alpes
  • Plateau entaillé par l’Ébron, rivière principale, formant des paysages de plaine puis de gorges, alimentée par les rivières descendant des hauts sommets
  • Le cirque de Treminis, offrant la particularité paysagère d’un petit cirque inclus dans le grand cirque du Trièves, comme une mise en abîme paysagère
  • Sous-sol calcaire et marneux, propice à l’agriculture et se retrouvant dans les matériaux de construction locaux

Le cirque du Trièves

Le relief du Trièves est très caractéristique : un grand cirque formé par les montagnes du Vercors, les premiers « synclinaux » du massif (rocher de l’Aubeyron, plaine du milieu, etc.), les montagnes du Dévoluy, le Grand Ferrand, la tête de l’Obiou, prolongeant le massif du Dévoluy, et le Châtel, aussi appelé Bonnet de Calvin), sommet emblématique du Trièves. Un paysage de plaine, qui témoigne de la présence d’un ancien grand lac (-45 000 à -20 000 ans), dû au barrage de la basse vallée du Drac par l’étalement du glacier de l’Isère (renforcé par le glacier de la Romanche.

Dans le fond, le petit cirque de Treminis , caché derrière le mont du Ménil, est sculpté par les sources de l’Ébron, principal cours d’eau du Trièves, et des ruisseaux qui l’alimentent. L’Ébron traverse l’ensemble paysager en constituant sa colonne vertébrale, dans lequel se jettent tous les cours d’eau du plateau du trièves, avant sa confluence avec le Drac au lac du Monteynard.

L’Ébron, principale structure paysagère du Trièves

« Vaste cirque au fond mamelonné, ouvert dans les marnes noires sous-jacentes au calcaire tithonique, le Trièves est drainé par l’Ebron et ses affluents qui ont profondément entaillé ces roches tendres. L’érosion, de type régressive (bad-lands), est spectaculaire par ses formes incisives et le contraste des roches noires mises à nu avec les nappes vertes ou jaunes de ce terroir agricole. »

3.2 - Des boisements de résineux à flanc de montagne

Caractéristiques
VÉGÉTATION

  • Paysages généreusement boisés, reliant le réseau de haies du plateau aux grands boisements des pentes montagneuses et des gorges de l’Ébron
  • Des boisements essentiellement composés de résineux, sapins, épicéas et pins sylvestres, aux couleurs vert sombre présentes toutes l’année, parfois ponctués de feuillus se détachant par leurs couleurs en fort contraste (vert clair au printemps et en été, rouges-orangées à l’automne)
  • Réseau de haies maillant le plateau agricole, dessinant de petites parcelles, composé essentiellement de feuillus, parfois interrompus par quelques résineux
  • Une forte activité sylvicole profitant des boisements de résineux situés dans les pentes des montagnes, souffrant aujourd’hui d’un déficit de régénération lié notamment au changement climatique.

L’activité du bois et les scieries

Si le Trièves est connu pour son agriculture, l’activité liée au bois est également une partie très importante de son économie. La sylviculture fonctionne très bien en raison de l’importante couverture boisée locale située sur les pentes. Trois scieries couvrent l’ensemble de l’activité locale, à Mens et à Treminis.

 

Des boisements sur les pentes et aux abords des gorges

Comme le montre la carte, les boisements du Trièves s’organisent de manière très caractéristique. Ils s’étendent avant tout sur les pentes des montagnes, formant un écrin boisé tout autour de l’ensemble, jusqu’aux endroits accessibles pour les cultures.
Sur le plateau, les paysages se boisent principalement à l’approche des gorges de l’Ébron et sur les petites montagnes, tandis que le plateau est tissé par un réseau de haies.

 

Les plantations de protection du service RTM (Restauration des Terrains en Montagne)

Depuis la fin du XIXème siècle, la forte érosion subie par le territoire du Trièves a conduit les services de l’État (RTM) a mener une politique drastique de plantation des versants pour fixer la terre et limiter les dégâts causés par les torrents de montagne. Ce fût le cas du cirque de Treminis et du torrent de Pravert, premier affluent de l’Ébron à 1300m sous la Grande Tête de l’Obiou. Aujourd’hui encore les plantations de pins (sylvestres ou à crochets) sont régulièrement entretenues et replantées.C’est cette politique de plantation qui est en partie à l’origine des paysages fortement boisés du Trièves.

Typologies boisées et logique d’implantation par étagement

Les typologies des boisements et leur logique d’implantation est également très caractéristique. Ils sont principalement composés de conifères répartis selon l’étagement suivant :

  • sapins, pins sylvestres sur le bas des pentes et sur le plateau autour des gorges de l’Ébron,
  • feuillus sur le plateau, principalement dans les haies et en petits boisements.

Quelques boisements plus ou moins purs de feuillus, principalement des hêtres, forment des « tâches » sur les boisements de conifères implantés sur les pentes, dont la texture et la couleur se détache très nettement, surtout en automne. C’est le cas des montagnes au sud, à la limite du département des Hautes-Alpes, ou encore de la serre du Grand Fays, qui abrite un grand boisement pur de hêtres.

De même, certains secteurs sont marqués par les boisements « en timbre-poste », petites plantations à la parcelle d’espèces différentes du contexte végétal, créant de forts contrastes paysagers et illustrant l’absence de réflexion globale de boisement d’un versant.

3.3 - La mosaïque paysagère de la polyculture

Caractéristiques
AGRICULTURE

  • Des paysages prairiaux sur les pentes douces et de cultures sur les replats
  • Nombreux alpages à caractère patrimonial sur les montagnes
  • Quelques cultures spécifiques, vignes exposées au sud et maraîchage
  • Nombreuses exploitations bio ou engagées dans des pratiques respectueuses de l’environnement et des productions de qualité et de vente locale

Un territoire de moyenne montagne entre cultures et prairies

Les sols du cirque du Trièves sont principalement des sols issus de matériaux calcaires. Sur ce territoire de moyenne montagne, l’élevage couvre 62% de la surface agricole, avec des espaces de prairie (50%) et des espaces pastoraux (10%).

Le nombre d’exploitations a diminué d’environ 39% de 1988 à 2010. La Surface Agricole Utilisée (SAU) a elle aussi baissé de 8% sur cette même période. Les exploitations se sont donc agrandies, mais la surface agricole n’a pas énormément diminué en comparaison avec d’autres ensembles de l’Isère.

En 1988, la surface agricole était majoritairement couverte par des élevages laitiers, des élevages d’ovins et caprins et des systèmes en polyculture et polyélevage. On retrouvait dans une moindre mesure des grandes cultures, des élevages de bovins viande et mixte, de l’élevage hors sol et quelques cultures fruitières. Le territoire était donc diversifié, mais avant tout caractérisé par des paysages d’élevage.

Cultures sur les replats, prairies sur les pentes douces ou en alpages

La partition des deux couverts principaux, prairies (avec alpage) et grandes cultures, est fonction du positionnement topographique : les grandes cultures n’apparaissent que dans les fonds de vallon où la qualité des sols et la pente mesurée permet de justifier leur implantation. Cela amène à une logique que l’on retrouve sur la quasi totalité des versants de l’ensemble paysager.

Le Trièves fut en son temps, tout à la fois le grenier à blé et le parc à moutons des pays limitrophes, célèbre pour ses agneaux, sur les grandes voies de la transhumance. Il en a gardé une agriculture qui, avec l’arrivée des vaches laitières et la mécanisation, constitue la base de son économie.

Production locale et nouveaux produits de niche

Le type de culture est en évolution, avec une forte diminution de l’élevage et notamment des élevages laitiers, notamment en raison de la prédation du loup. L’arrêt de l’élevage se traduit par une augmentation de la grande culture. Il y a aussi une augmentation du maraîchage et des cultures pérennes (vignes et petits fruits par exemple) et des installations proposant de nouveaux types de produits (soja/tofu, champignons, whisky, etc.).

Les nouvelles installations se font principalement en agriculture biologique, ou culture répondant à des critères de qualité, ce qui renforce la tendance locale : historiquement le Trièves a toujours eu un nombre de fermes important en agriculture biologique.

Labels de qualité Surface de l’EP
recouverte par le label (%)
IGP Emmental français est-central
IGP Volailles de la Drôme

100
99.6

3.4 - Une implantation du bâti profitant de la montagne et du plateau

Caractéristiques
BÂTI

  • Une localisation de l’urbanisation illustrant une relation étroite au territoire et au paysage, permettant de développer les activités sylvicole et agricole : structure en bourg-hameaux répartis en bas des pentes et sur le plateau ou à proximité des cours d’eau
  • Une localisation géographique des bourgs permettant de profiter des vues lointaines sur les paysages de l’ensemble et des effets de covisibilité entre les bourgs
  • Des extensions urbaines récentes peu visibles, résidentielles autour de Mens et des plus grands bourgs, et une ZA à Clelles
  • Une architecture vernaculaire préservée : des centres historiques en pierre calcaire et écailles et des constructions récentes (depuis la moitié du 20ème siècle) respectant les caractéristiques locales

Des bourgs situés au bas des pentes et à proximité des cours d’eau

La logique d’implantation des bourgs du Trièves est très nettement lisible dans le paysage. La carte et le schéma en plan de la page ci-contre le montrent très bien : les bourgs sont installés aux pieds des versants, de manière à pouvoir profiter des pentes pour l’activité sylvicole et des terrains du plateau vallonné, moins pentus, pour l’agriculture. Ils profitent également d’une position dominant le paysage, la plupart du temps installés sur les hauts des collines, offrant des vues lointaines sur le territoire et permettant des effets de covisibilité entre les bourgs.

Les extensions urbaines récentes

Bien que le territoire soit très fréquenté et prisé pour le loisir, le Trièves bénéficie d’une faible pression urbaine. Par conséquent, on remarque peu d’extensions urbaines récentes contrastant trop nettement avec les centre-bourgs anciens. Une zone artisanale est implantée à Clelles, située sur la RD1075, relativement modeste et échappant à la banalisation de l’architecture des zones d’activités économiques classiques.

Les constructions d’habitation poursuivent généralement les caractéristiques vernaculaires des formes et gabarits. Les matériaux évoluent, la pierre est remplacée par le béton, la tuile écaille est remplacée par la tuile mécanique. On constate également que les toitures construites dans les années 70/80 sont souvent à double pente, mais on retrouve aujourd’hui de plus en plus de toitures à quatre pans, en écho à l’architecture traditionnelle.

L’architecture du Trièves

Les caractéristiques architecturales du Trièves sont parfaitement lisibles dans la totalité des bourgs du pays.

Le bâti rural est généralement de type unitaire, regroupant habitation et activité agricole, aux murs de pierre calcaire, issus de la géologie locale, moellons taillés grossièrement pour les pignons et pierre de taille appareillées pour les chaînage d’angle. Souvent, les murs sont enduits, la plupart du temps de ciment, pratique des années 1960/70 pour éviter un entretien trop fréquent et résister aux intempéries, bien que cela soit nocif à la respiration du bâtiment. Les toitures, revêtues de tuiles écailles, disposent de quatre pans reliés par des arêtiers de couverture en tuiles canal. Elles sont ornées de génoises sous les débords de toit.

Mens est typique de cette ambiance si agréable, avec ses enchevêtrements de petites ruelles ombreuses et son environnement boisé en fond de vallon.
Par contraste, les villages de la partie ouest du pays, de l’autre côté de l’Ebron, sont généralement perchés, autre trait méridional, à la limite des motifs naturels du relief et de la végétation puis de ceux des champs et des pâtures.

3.5 - Des Équipements intégrés mais remarquables

Caractéristiques
ÉQUIPEMENTS

  • Des paysages peu impactés par les équipements pourtant présents mais très bien intégrés
  • Deux voies de trafic d’échelle départementale et régionale, ferrée et routière, discrètes, épousant parfaitement le relief montagneux et offrant de multiples vues remarquables sur le territoire de l’ensemble
  • Des ouvrages d’arts, viaducs et ponts, bien intégrés, disposant d’une qualité remarquable de conception architecturale et construits en matériaux locaux, constituant des repères visuels discrets et en lien étroit avec le territoire.
  • Une centrale de production d’énergie durable intégrée dans un élément bâti aux caractéristiques architecturales locales, placée centralement et permettant d’alimenter le territoire

Une répartition des équipements étroitement liée aux caractéristiques territoriales

Dans le Trièves, les grands équipements structurels s’intègrent avec justesse dans le paysage, pouvant être qualifiés d’ouvrages d’art, terme qui prend ici tout son sens. De part la qualité de leur architecture et leur inscription réussie dans le paysage, ils montrent une attention et un lien très forts au territoire.
Leur répartition exprime parfaitement les caractéristiques territoriales locales, répondant avec sobriété aux contraintes de la montagne.

Le réseau routier

On peut avant tout noter qu’aucune autoroute n’est présente sur le territoire. L’A51, autoroute faisant le lien avec Grenoble, s’arrête à la limite de l’ensemble paysager, l’épargnant d’une empreinte importante, mais le rendant facilement accessible.

La RD1075, seule route de gabarit important, s’intègre doucement dans le paysage, épousant le relief du Vercors et de la chaîne du Grand Ferrand et du Jocou. Route à 2×1 voies, quelques petites aires de repos la jalonnent, offrant des vues remarquables sur les paysages du Trièves et donnant un caractère touristique à la route.

Les autres routes du Trièves sillonnent le territoire en s’organisant autour de trois routes principales reliant les bourgs à la ville de Mens.

Des équipements ponctuels bien intégrés au paysage

Viaducs et voie ferrée

L’infrastructure la plus marquante est la voie ferrée reliant Grenoble à Gap passant par le col de Lus-la-Croix-Haute et l’étoile de Veynes. Elle s’insère dans le paysage en montant doucement en altitude pour passer la chaîne montagneuse, en sinuant discrètement sur les flancs des montagnes et en évitant le plateau vallonné.

Les viaducs routiers bénéficient de la même qualité de conception et de réalisation, rappelant les préoccupations paysagères du 19ème siècle.

3.6 - PAYSAGES INSTITUTIONNALISÉS, RECONNUS ET PROTÉGÉS

3.7 - REPRÉSENTATIONS SOCIALES PAYSAGÈRES

La lecture des paysages  est issue de la conjugaison des thématiques observées dans les chapitres précédents. Mais les paysages sont aussi constitués par le regard que l’on porte sur eux et des images que l’on s’en fait, nourris par un imaginaire social et culturel. On ne pourrait donc pas comprendre leur construction sans tenir compte des fondements culturels qui ont forgé leurs représentations sociales.

Voici quelques faits historiques et culturels locaux qui ont marqué les esprits, ont participé à la représentation sociale des paysages et influencent notre manière de les percevoir.

Retrouvez les thématiques de ces quelques faits, contribuant également aux représentations sociales paysagères du département de l’Isère dans le « Portrait du département ».

Un Territoire nourricier

L’agriculture reste l’activité principale du secteur. Longtemps considéré comme le grenier à blé des pays voisins, le Trièves a aussi fortement développé l’élevage caprin entre 1860 et 1914, notamment pour répondre à la demande de peaux pour l’artisanat et l’industrie de la ganterie grenobloise. Cet élevage intense permettait aussi de produire et commercialiser une grande quantité de fromage produit à partir du lait de chèvre.

Depuis, l’élevage s’est dirigé vers les bovins avant tout, réorganisant l’occupation du sol et les pratiques agricoles, et donnant lieu à différentes productions locales.
Aujourd’hui, le Trièves produit quelques spécialités :

La laiterie du Mont-Aiguille -@ https://www.isere-tourisme.com/Crédits :Emmanuel Breteau

Paysages frontaliers

Le nom de Trièves, « Triviæ » en latin, serait issu du culte de Diane-Trivia que l’on honorait aux carrefours des routes. Il pourrait également être issu des « trois voies » historiques de la vallée :

  • la première route vers l’est pour se rendre à Gap,
  • la deuxième, transversale du nord vers le sud, pour se rendre de Grenoble en Provence en passant le col de la Croix-Haute, connu dans toute la région,
  • la troisième vers l’ouest pour se rendre à Die et dans le Diois.
    Propos interprétés tirés d’un article de l’ouvrage les « antiquités de France » de l’Académie royale des inscriptions et des belles lettres.

L’industrie iséroise, fleuron national

Depuis le haut Moyen Âge, le Trièves connaît un artisanat actif et a compté quelques établissements industriels au xixe siècle. Cela a été permis par l’exploitation des ressources abondantes de la région : bois, fer, argile, laine, blé, noix, force hydraulique.

Elles ont offert une assez grande variété d’activités : hauts fourneaux de Chichilianne, Saint-Guillaume et Saint-Michel-les-Portes, alimentés par la mine de Montvallon, près de Mens, drapiers de Mens, Clelles, Lalley et Saint-Maurice, verrerie de Treminis, fonderie d’or de Saint-Maurice (alimentée par des « regrets d’orfèvrerie » importés du Sud de la France et de l’Europe), clouterie de Saint-Guillaume, moulin à noix de Mens, ganterie de Mens, tuileries de Clelles et du Percy, eaux minérales à Oriol et Monestier-de-Clermont, et nombre de scieries et moulins le long des rivières.

Cette activité qui a principalement prospéré au xixe siècle s’est considérablement réduite au xxe siècle. On compte encore des industries traditionnelles, qu’il s’agisse de l’industrie agro-alimentaire (laiteries, fabrique de ravioles du Trièves) ou de l’industrie du bois (scieries). Source wikipedia.

La fonderie de Saint-Maurice. Source wikipédia

Le Trièves dans l’Art

« C’est de ce pays au fond que j’ai été fait pendant presque vingt ans »
ainsi Jean Giono se définit-il après son passage dans le Trièves.

L’Espace Giono se situe dans le lieu même où Giono résidait lors de ses différentes villégiatures à Lalley. Il est un lieu de mémoire où la littérature et l’écriture tiennent une grande place évoquant le Trièves de la terre, de ses paysans, de ses paysages, décrits par Giono dans son œuvre.

Lui fait écho, Edith Berger, peintre de Lalley. Ses huiles et pastels répondent aux mêmes thèmes chers à Giono ; son trait sûr, sa palette de couleurs dessinent le quotidien, le patrimoine humain et architectural de Lalley et ses environs.

@ https://www.trieves-vercors.fr/espace-giono.html

Œuvres cinématographiques se déroulant dans le Trièves :

  • 1979 : Buffet froid de Bertrand Blier : la scène finale se déroule dans les gorges de l’Ébron, sous le pont de Brion
  • 2000 : Les rivières pourpres de Mathieu Kassovitz : une scène se déroule au pont de Brion à Roissard

Jean Giono a écrit un roman qui a pour cadre le Trièves

Un roi sans divertissement (1947). L’action se déroule dans cette région que Giono connaît bien. La région lui a déjà fourni le cadre de certains romans comme Batailles dans la montagne et une partie des Vraies richesses. En ce qui concerne Un roi sans divertissement, adapté ensuite au cinéma, certaines communes du Trièves sont nommément citées (telles que Chichilianne ou Clelles) mais l’action principale parait être inspirée du village de Lalley, sans que le nom de celui-ci soit cité dans le roman. C’est aussi le cadre d’un autre roman de 1937 Batailles dans la montagne et d’autres nouvelles de Solitude de la pitié. Source wikipedia.

Personnages cÉlÈbres

4. UNITés paysagères

Châtel-en-Trièves • Clelles • Cornillon-en-Trièves • Lalley • Lavars • Le Monestier-du-Percy • Mens • Percy • Prébois • Roissard • Saint-Baudille-et-Pipet • Saint-Jean-d’Hérans • Saint-Martin-de-Clelles • Saint-Maurice-en-Trièves • Saint-Michel-les-Portes • Tréminis •
Unités paysagères – 7.16