Atlas des paysages
Département de l'isère

Ensemble paysager

7.14

Vallée du Drac

Les communes de l'ensemble paysager par unité paysagère

Avignonet • Champ-sur-Drac • Cognet • Cornillon-en-Trièves • Jarrie • La Motte-Saint-Martin • Lavars • Le Gua • Marcieu • Mayres-Savel • Miribel-Lanchâtre • Monestier-de-Clermont • Monteynard • Notre-Dame-de-Commiers • Notre-Dame-de-Mésage • Notre-Dame-de-Vaulx • Prunières • Roissard • Saint-Arey • Saint-Georges-de-Commiers • Saint-Guillaume • Saint-Jean-d’Hérans • Saint-Jean-de-Vaulx • Saint-Paul-lès-Monestier • Sinard • Treffort • Varces-Allières-et-Risset • Vif
Ambel • Beaufin • Châtel-en-Trièves • Cognet • Corps • La Salette-Fallavaux • La Salle-en-Beaumont • Les Côtes-de-Corps • Monestier-d’Ambel • Nantes-en-Ratier • Pellafol • Ponsonnas • Prunières • Quet-en-Beaumont • Saint-Jean-d’Hérans • Saint-Laurent-en-Beaumont • Saint-Michel-en-Beaumont • Saint-Pierre-de-Méaroz • Sainte-Luce • Sousville

menU ep

Motifs paysagers structurants

Une vallée encaissée de naturalité grandiose, liée au passé glaciaire, où le Drac se laisse entrevoir sous la forme de cours d’eau sinueux mais aussi de lacs. Des rives organisées en replats, dominées par des massifs montagneux.

Des versants et des abords du Drac boisés comprenant du bocage de montagne. Une avancée de la forêt présente malgré l’activité sylvicole dynamique.

Des espaces agricoles concentrés sur les replats des reliefs et sur les hauts sommets sous la forme de prairies, d’alpages et de cultures (céréales, maïs…) qui confère à ce territoire une ambiance rurale.

Des villages et des hameaux structurés sous la forme de bourgs groupés sur les replats qui contrastent avec les villes sur la frange nord de l’ensemble paysager où le développement urbain est important dans les plaines, en lien avec la proximité de l’agglomération grenobloise.

Des équipements majeurs sur le territoire, composés d’aménagements hydroélectriques monumentaux, de lignes à haute tension et d’éoliennes qui marquent fortement les paysages. Des axes de déplacement importants, comprenant de nombreux ouvrages d’art mais offrant peu de liaisons transversales de part et d’autre du Drac.

Un territoire qui se traverse, un site de passage historique entre Rhône-Alpes et la Provence dont l’influence de la Méditerranée est perceptible à travers le climat, la végétation, l’architecture, etc.

Un territoire touristique lié à l’eau mais aussi à risque, où la présence d’éboulements rocheux a nécessité des interventions comme les plantations RTM.

1. à premières vues

Composantes & Structures paysagères

« Cette introduction au Sud-Isère est symbolique d’un des traits majeurs de leurs paysages : leurs horizons lointains sont toujours occupés par les motifs majeurs de la montagne».
« Entre moyenne et haute montagne, les ambiances du Beaumont sont marquées, comme dans le Trièves, par la couleur locale du climat semi-méditerranéen.
Passés les abords des gorges et des retenues de barrages du Drac, où les pentes abruptes sont recouvertes par des boisements denses, ce sont, rive droite, des reliefs plutôt collinéens, et, rive gauche, des plateaux dominant la rivière et eux-mêmes dominés par la majestueuse silhouette de l’Obiou (2 789 m) ».

L’ensemble paysager forme une grande courbe dont le territoire, tout en longueur, est divisé en deux parties :

  • la haute vallée du Drac : du Lac du Sautet au pont de Ponsonnas
  • la basse vallée du Drac : du pont de Ponsonnas jusqu’au Drac, en aval de sa confluence avec la Romanche.

Les paysages sont étagés et alternent entre pentes boisées et replats ouverts et habités. La vision axiale, où les liaisons transversales sont limitées entre les deux rives, marque l’identité de la vallée du Drac.

Grâce à l’encaissement du Drac, les nombreux ouvrages hydroélectriques façonnant les paysages sont particulièrement bien intégrés. Les espaces urbains forment des chapelets groupés et organisés par rive et contrastent avec les villes des plaines de la frange nord, où les développements urbains sont importants en raison de la proximité de Grenoble.

 

2. Regard d'acteur

« Ce que j’apprécie particulièrement c’est de voir les différents utilisateurs heureux d’avoir passé du temps sur notre site, par leur pratique de la voile, de la randonnée ou autres, en ayant pris un bol d’air dans notre espace naturel… »
PAUL-ANDRÉ CHAIX

Responsable d’exploitation du Sivom du Lac de Monteynard

« Arrivé tôt sur site ce matin, le lac est encore ‘d’huile’, sans vent, tout lisse. Je démarre ma journée par un contrôle visuel de la structure de nos passerelles himalayennes (écrous, câbles, caillebotis…). Ouvert au public en août 2007 et inauguré en juin 2008, ce nouvel équipement permet de relier les territoires de part et d’autres du Drac et de créer un vrai trait d’union entre le Trièves et la Matheysine. Marquant fortement le paysage naturel du Lac de Monteynard, cette installation, dédiée principalement aux piétons, offre des points de vue remarquables sur l’étendue d’eau et ses abords et offre une attractivité certaine au territoire.

En tant que responsable d’exploitation au Sivom du Lac de Monteynard, mes activités portent sur les deux rives du lac, où l’accès est seulement possible depuis Treffort (Trièves) et Mayres-Savel (Matheysine). Chaque rive présente des paysages spécifiques : des berges douces et arrondies du coté de la Matheysine et plus abruptes avec des falaises du coté Trièves. Les aménagements sont restreints autour du lac car ils sont étroitement liés aux accès et aux contraintes topographiques.

Le Sivom est un syndicat des communes riveraines du lac : 4 en Trièves et 6 en Matheysine. L’emprise du lac appartient au domaine public hydroélectrique (état), EDF est le gestionnaire du barrage et de la retenue pour la production d’énergie et le Sivom a une délégation de la part d’EDF pour gérer les activités nautiques et touristiques. Au sein de cette structure qui met en lien différents acteurs, je m’occupe également d’établir des partenariats / conventions avec les sociaux professionnels, comme les loueurs, etc.

Beaucoup d’activités sont présentes sur le lac ce qui engendre une organisation et une gestion quotidienne des pratiques pour limiter les conflits d’usages. Il y a les activités de plaisance (bateau à moteur et voilier), la pêche, les loisirs tractés et les sports liés au vent : kite, wing surf, etc. C’est la planche à voile qui a permis le développement des activités touristiques sur le lac dans les années 80. Toutes les activités nautiques sont autorisées mais la baignade est interdite.

Chaque jour, surtout durant la période estivale, je parcours les sentiers pour informer les randonneurs et les guider sur les chemins de randonnée. Je vérifie et remets en place si besoin les panneaux indicateurs pour garantir une signalétique de qualité. L’entretien des sentiers est partagé selon leur nature entre le Sivom et les deux communautés de communes concernées. Avec les passerelles, de nouveaux sentiers ont été créés ou rouverts pour proposer une offre touristique complète nommée la ‘randonnée des passerelles’. Ce parcours permet une découverte de territoires invisibles ou du moins peu connus du grand public jusqu’à présent. Les paysages sont variés : on profite d’une vision en surplomb depuis les passerelles, de points de vue remarquables sur les montagnes et les territoires voisins depuis les sentiers et au plus proche de l’eau depuis le bateau passager qui traverse le lac.

J’accorde également beaucoup d’importance aux différents espaces d’accueil sur les deux rives pour offrir un paysage qui n’est pas dégradé par les précédents visiteurs notamment (gestion des déchets, débroussaillage, etc.). La qualité de l’accueil est primordiale car c’est l’image qu’on va retenir d’un lieu.

Aujourd’hui, nous relevons une augmentation de la fréquentation du Lac de Monteynard, où les flux des usagers s’étendent dorénavant de février à novembre. La randonnée des passerelles et l’évènement sportif ‘le trail des passerelles’ ont emmené de la visibilité sur ce territoire où le grand public peut désormais profiter des attraits du lac, autrefois prisé davantage par les sportifs chevronnés. Mais cette augmentation du nombre d’usagers engendre également une saturation du site sur certaines périodes de l’année avec des conséquences à anticiper sur les aménagements (organisation des stationnements, etc.), sur la gestion et la sécurité du public.

Ce que j’apprécie particulièrement c’est de voir les différents utilisateurs heureux d’avoir passé du temps sur notre site, par leur pratique de la voile, de la randonnée ou autres, en ayant pris un bol d’air dans notre espace naturel et un peu de fraicheur avant de retourner vers les villes voisines (agglomération grenobloise, etc.) »

3. Composantes paysagères

3.1 - Une vallée profonde alternant entre étendues d’eau et gorges

Caractéristiques
RELIEF & HYDROGRAPHIE

  • Une profonde vallée encaissée comme colonne vertébrale de l’ensemble paysager
  • Un Drac qui se laisse entrevoir dans les paysages selon les formes du relief mais une eau qui reste peu accessible
  • Une vallée organisée en replats et corniches près de l’eau, dominée par des massifs montagneux remarquables
  • Présence de la Réserve Naturelle des Isles du Drac avec son paysage de méandres
  • Un sol composé de calcaires et de marnes comprenant des alluvions plus récentes liées à l’érosion et au passé glaciaire

Des paysages rythmés par l’eau et le relief

L’ensemble paysager porte sur les rives gauche et droite du Drac. Le cours d’eau est encaissé dans un relief abrupt formé par des falaises, des pentes raides et des gorges. Des espaces plats, nommés corniches et replats accompagnent l’ensemble du tracé du Drac et offrent des points de vue ouverts sur le grand paysage.

La vallée du Drac possède en toile de fond le massif du Dévoluy avec l’Obiou comme sommet remarquable que l’on peut apprécier sous différents points de vue selon les rives empruntées.

Les massifs montagneux sont structurés sur un axe nord-sud, où les paysages perçus sont guidés et cadrés par le relief.

« A la confluence des quatre vallées du Drac, de la Romanche, de la Gresse et du Lavanchon, la plaine de Varces est faite de paysages caractérisés par de longs reliefs semblables à des coulisses parallèles. A ce niveau les alluvions caillouteuses et sableuses du Drac et de la Romanche renferment des nappes d’eau importantes utilisées pour l’alimentation de Grenoble ».

Un réseau hydrographique entre lacs artificiels et gorges sinueuses

Le réseau hydrographique du Drac est ponctué de retenues d’eau et de barrages qui façonnent les paysages de la vallée. Ces équipements majeurs forment ainsi de grandes étendues, nommées également lacs, sur l’ensemble du parcours de l’eau.

La vallée du Drac est caractérisée par un seul et unique bassin versant du même nom.

Les affluents du Drac sont nombreux et de taille conséquente. Ils proviennent des différents massifs montagneux alentour : Oisans, Dévoluy, Vercors, etc.
Le Torrent de Gresse suit la vallée du Drac de manière parallèle, qu’il rejoint enfin au nord de l’ensemble paysager.

Un paysage d’origine glaciaire

«  La vallée a été creusée dans les calcaires et marnes jurassiques par les glaciers et comblée sur une grande épaisseur par des apports glaciaires, fluviatiles et lacustres…Lors d’une des dernières glaciations le glacier du Valbonnais couvrait l’emplacement actuel de la confluence du Drac et de la Bonne, bloquant l’écoulement des eaux du Drac. Dans le lac de barrage glaciaire ainsi formé (lac de Beaumont) les dépôts alluviaux se sont accumulés sur une grande épaisseur, ils forment aujourd’hui la vaste terrasse de Pellafol. Le Drac a profondément encaissé son cours dans ces alluvions et même dans le substrat jurassique au niveau du verrou glaciaire qui, aujourd’hui, sert d’appui au barrage du Sautet ».

 

Lors de la dernière grande glaciation, l’ensemble paysager était occupé par plusieurs glaciers et lacs. Après le retrait des glaciers et des lacs, le Drac a ensuite profondément encaissé son cours dans ces alluvions. Cependant, les lacs présents aujourd’hui le long du Drac ne sont pas liés au passé glaciaire, ce sont des étendues d’eau nécessaires aux activités hydroélectriques.

Les falaises au bord du Drac, tombant à pic dans l’eau (partiellement ennoyées par les lacs de barrage EDF) donnent à voir dans les paysages, l’épaisseur des couches de marnes noires du Jurassique.

3.2 - Des boisements soulignant le relief et la présence de l’eau

Caractéristiques
VÉGÉTATION

  • Des paysages aux boisements denses qui contrastent avec les alpages et les replats agricoles
  • Des boisements de feuillus, de conifères et des forêts mixtes sur l’ensemble des pentes du relief
  • Des forêts exploitées avec une activité sylvicole dynamique et entretenues pour limiter les risques naturels
  • Des boisements soulignant les formes du relief et la présence de l’eau
  • Une avancée de la forêt et une fermeture des paysages sur les terrains les moins exploitables
  • Un bocage de montagne présent sur les terrains légèrement en pente et structurant les paysages agraires

Des boisements structurant les paysages

Les boisements occupent essentiellement les versants des reliefs où les forêts de feuillus et de conifères ainsi que les boisements mixtes s’équilibrent dans l’occupation des sols. La forêt est constamment sous nos yeux, soulignant les reliefs structurant les paysages.

Les sommets encadrant la vallée du Drac, comme les alpages du Sénépy, sont composés de pelouses et de pâturage d’altitude révélant les formes arrondies des reliefs. Les massifs de haute altitude mêlent alpages et parois rocheuses.

La vallée du Drac est caractérisée par des paysages de bocage de montagne, au pied des massifs montagneux, sur les replats agricoles et les terrains peu pentus. Ces haies de frênes, structurent et valorisent les espaces agraires qui offrent des espaces ouverts au cœur des boisements denses.

La végétation dévoile une ambiance climatique pré-méditerranéenne où les chênes et les pins sont prédominants au sud de l’ensemble paysager et sur les versants les plus ensoleillés. En aval de sa confluence avec la Romanche, des peupleraies bordent le cours d’eau sous la forme de forêts alluviales.

Des Paysages qui se referment

Comme dans les différents territoires voisins, la vallée du Drac connaît une dynamique actuelle de fermeture des paysages et une reconquête de ses versants par la forêt au regard de la diminution de l’élevage et de l’abandon des parcelles non mécanisables.

En parallèle avec cette avancée des boisements, des perspectives de dépérissement de la forêt sont également constatées en lien avec le changement climatique.

«  Dynamiques de fermeture des paysages par enfrichement des grandes pelouses d’alpages sur les lignes de crête et les pentes du Senepy, malgré une activité pastorale importante tendant à maîtriser cette évolution ».

 

Des forêts entretenues

L’ensemble paysager compte plusieurs scieries, comme indicateurs du dynamisme de l’activité sylvicole et de l’exploitation des forêts. Sur les pentes les plus raides, certains boisements ont été mis en oeuvre par l’ONF-RTM (Restauration des Terrains de Montagne) pour stabiliser les sols et lutter contre les risques d’éboulement des terrains, très importants dans cet ensemble paysager.

La réserve naturelle des Isles du Drac

Dans un territoire fortement anthropisé, à proximité de l’agglomération grenobloise, la Réserve Naturelle des Isles du Drac a été créaée en 2009 pour préserver et restaurer les milieux alluviaux du Drac. En aval du barrage de Notre-Dame-de-Commiers jusqu’au pont Lesdiguières (Pont-de-Claix), cette Réserve Naturelle, de 805 hectares, héberge un patrimoine naturel d’exception sur cette portion du Drac en tresse et aux multiples bras.

«  Entre Saint-Georges-de-Commiers et Notre-Dame-de-Commiers, c’est la vallée des îles. Elles sont formées par les méandres de la rivière, motifs très attractifs pour tous ceux qui aiment l’eau vive. Le cas est rare sinon unique en Isère. En effet, en amont immédiat de ces quelques kilomètres de plaine alluviale à végétation de saules et de peupliers, les barrages de Notre-Dame de Commiers, de Monteynard-Avignonet, de Saint- Pierre-Cognet et du Sautet, ont profondément modifié la rivière jusqu’aux limites sud du département. De ce fait, ces quelques kilomètres de la vallée des îles sont les seuls à pouvoir offrir des vues sur le cours naturel de la rivière ».

3.3 - Des paysages agraires étagés de part et d’autre du Drac

Caractéristiques
AGRICULTURE

  • Des espaces agricoles présents dans l’ensemble de la vallée et sur les sommets des massifs montagneux
  • Des abords du Drac où les paysages agraires prédominent sous la forme de replats étagés
  • De nombreux alpages à caractère patrimonial en haut des montagnes
  • Une agriculture peu diversifiée, composée essentiellement d’espaces pâturés et cultivés
  • Des arbres fruitiers qui ponctuent les parcelles agricoles et les abords des voies de circulation

Des alpages dominants les abords du drac pâturés et cultivés

Au nord de l’ensemble paysager, l’espace est peu pentu. Il est caractérisé par des paysages de grande culture fourragère et céréalière. Au centre et au sud de la vallée du Drac, les sols, issus de matériaux calcaires offrent des paysages de prairie (53 % de la surface agricole) régulièrement interrompus par des champs de culture sur les espaces les plus plats. Principalement au sud-est mais également dans le massif du Dévoluy, les espaces pastoraux (32 %) recouvrent un territoire de montagne abrupt et les sommets d’altitude.

Le nombre d’exploitations a diminué d’environ 59 % de 1988 à 2010. La Surface Agricole Utilisée (SAU) a elle aussi baissé de 23 % sur cette même période. Ces évolutions reflètent l’agrandissement des parcelles et l’homogénéisation du paysage agricole.

En 1988, le territoire se caractérisait par une agriculture diversifiée, où les espaces pastoraux, les élevages laitiers et les systèmes en polyculture-élevage prédominaient. Il y avait également des paysages de maraichage et vergers, grande culture, etc.

En 2010, le territoire connaît un fort déclin des élevages laitiers.Entre 2010 et 2020, les grandes cultures et les productions de fleurs / horticulture et de fruits ont augmenté.

«  La région est vouée à l’agriculture, elle-même suivie en hauteur par les alpages. Les vergers et même la vigne sont bien représentés sur la rive droite; les cultures céréalières occupent plutôt les grands plateaux de la rive gauche ».

Des replats étagés le long du Drac

Au fil de l’eau, les rives du Drac s’accompagnent de nombreux replats ou «balcons» entretenus par les activités agricoles. Ces espaces plats s’intègrent dans les pentes des reliefs au plus proche de l’eau et au pied des massifs montagneux. Dans ces paysages de la vallée du Drac, ils forment des espaces ouverts continus qui guident le regard et rendent perceptible le tracé du cours d’eau.

Les activités d’élevage et les vergers

Comme pour la plupart des territoires de montagne, l’activité agricole dominante est l’élevage. Aussi bien dans les alpages, durant l’estive, que dans les prairies d’altitude et sur les abords du Drac, la majorité des exploitations se consacre à l’élevage de bovins pour la production laitière. Essentiellement sur la rive droite du Drac, les parcelles agricoles sont ponctuées d’arbres fruitiers.

3.4 - Un Bâti groupé sur les replats et diffus dans les plaines

Caractéristiques
BÂTI

  • Des villages groupés de petite taille et organisés le plus souvent autour des routes principales (village-rue), sur les replats ouverts de chaque rive du Drac avec des effets de covisibilité entre les bourgs
  • Un développement urbain marqué sur la frange nord de la basse vallée qui contraste avec les paysages moins habités de la haute vallée du Drac
  • Une pression foncière liée aux infrastructures et à la proximité de Grenoble qui transforme fortement les paysages
  • Des activités économiques concentrées au nord de l’ensemble paysager avec la présence notamment du site industriel majeur de Jarrie
  • Une architecture vernaculaire et rurale préservée dans les villages où la population locale s’est maintenue

Une urbanisation contrastée entre la haute et la basse vallée du Drac

Dans la haute vallée du Drac, entre Corps et Ponsonnas, les villages et les villes de petites tailles, groupés et nichés sur les replats du relief, dessinent des silhouettes bâties remarquables dans les paysages. Les espaces agricoles marquent les contours des espaces habités et offrent des ouvertures paysagères appréciables dans ce territoire boisé. Ces villages et hameaux, dont l’influence méditerranéenne est perceptible dans l’architecture des bâtiments, possèdent un patrimoine vernaculaire comme des fontaines et des fours communaux.

Ces espaces urbains, organisés le long des voies de circulation sous la forme de village-rue, forment des chapelets le long des voies principales de circulation : la célèbre Route Napoléon (N 85) en rive droite et les routes départementales D 66 et D 1075 en rive gauche du Drac.

La haute vallée du Drac est un territoire relativement peu habité, qui connaît peu de pression foncière en raison notamment de son éloignement des pôles urbains comme Grenoble et Gap. Avec une faible croissance démographique, le territoire ne présente pas de phénomènes d’extension urbaine par rapport aux noyaux anciens et une seule zone d’activités à Corps.

La basse vallée du Drac, notamment les communes situées à proximité de l’agglomération grenobloise présente les caractéristiques des espaces péri-urbains dans leurs morphologies urbaines et leurs typologies architecturales composées d’habitats résidentiels souvent concentrés en lotissements. Ce phénomène de périurbanisation est particulièrement présent autour des villes de Vif, Varces et Claix.

La pression urbaine est très forte car ce territoire attractif offre un cadre naturel exceptionnel qui est facilement accessible, notamment depuis la création de l’autoroute A51 en 1999.

Les bâtiments remarquables, protégés au titre des Monuments Historiques, principalement des édifices religieux (églises, etc.), sont concentrés dans la basse vallée du Drac.

Une pression urbaine forte autour de la plaine de Reymure

La commune de Vif illustre bien la pression urbaine que connait les villes présentes dans la partie nord de la basse vallée du Drac. En effet, sa population a quasiment doublé en 25 ans (1982-2007). En raison du net raccourcissement des temps de trajet vers Grenoble notamment, les communes autour de la plaine de Reymure connaissent des développements urbains conséquents qui marquent les paysages de manière brutale.

Dans la plaine et sur les versants des reliefs alentour, ces nouveaux espaces péri-urbains offrent une image composite où les motifs paysagers sont peu lisibles. L’urbanisation progresse sur les espaces agricoles et contribue à la banalisation des paysages.

Des usines et installations industrielles de taille majeure

Installée en 1915 au niveau de la confluence entre le Drac et la Romanche, l’usine de Jarrie était initialement dédiée à la production de chlore et de chlorure de chaux pour répondre aux besoins de la Défense Nationale. Aujourd’hui, ce site industriel, composé notamment des entreprises Arkema, Framatome, s’est spécialisé dans la fabrication d’intermédiaires chimiques, utilisés dans l’industrie papetière ou la détergence. Il s’agit de la plus grosse unité de production mondiale pour la fabrication d’eau oxygénée mais également d’éponge de zirconium puisqu’un tiers de la production mondiale est issu du site de Jarrie.

des effets de covisibilité de part et d’autre du Drac

Principalement dans la haute vallée du Drac, les replats ouverts sur chacune des rives du cours d’eau, offrent des vues sur les villages d’en face. Depuis les replats et les routes en balcon, les silhouettes des espaces habités sont facilement perceptibles dans les paysages même lointains.La covisibilité entre les différents espaces bâtis marque l’identité de l’ensemble paysager. Le long du Drac, ces cordons habités en discontinu, forment des éléments de repère et d’orientation.

Les bourgs présentent des éléments bâtis patrimoniaux, tant dans leur forme urbaine groupée (alignement par rapport à la rue) que dans leur architecture vernaculaire : maison en pierre rectangulaire, toit en tuile écaille du Trièves ou en ardoise de l’Oisans, etc.

3.5 - un territoire équipé et traversé

Caractéristiques
ÉQUIPEMENTS

  • Des paysages fortement équipés, marqués par les aménagements hydroélectriques le long du Drac, les lignes à haute tension et les ouvrages d’art liés au tracé de l’autoroute A 51 et de la voie ferrée
  • Un territoire traversé, offrant des itinéraires paysagers remarquables de part et d’autre du Drac
  • Des liaisons transversales peu présentes entre chaque rive qui orientent les usages des populations
  • Des éoliennes marquant le territoire Sud-Isère
  • Un territoire touristique attractif à travers notamment la présence de bases nautiques sur les lacs du Drac, les passerelles himalayennes, les belvédères, etc.

Une découverte des paysages par les routes de montagne

La vallée du Drac est un territoire traversé par des axes de communication majeurs et structurants. Les voies de transport, orientées principalement sur un axe Nord-sud, permettent de relier la vallée de l’Isère à Gap dans le département des Hautes-Alpes.

L’ouest de la vallée forme l’axe principal de déplacement car la route départementale D1075, historique route de traversée des Alpes, est accompagnée par la voie de chemin de fer mais également par l’autoroute A 51.

L’autoroute A51 constitue la voie principale de déplacement. Construite récemment en 1999 et en 2007 jusqu’au col de la Fau, l’autoroute avait pour ambition de relier Grenoble à Marseille. Traversant un territoire montagneux, son tracé comprend de nombreux ouvrages d’art de type viaduc, des murs de soutènement ainsi que des routes coupées, qui impactent fortement les paysages urbains des villes et villages surplombés.

La route Napoléon (RN 85) et la route départementale D 1075 offrent une découverte des paysages sur chacune des deux rives et représentent des itinéraires touristiques très fréquentés.

«  La RD 116, très belle route en corniche qui longe la retenue du Monteynard en surplomb. Circulant tantôt en forêt tantôt au milieu des cultures et des prairies, elle donne à voir la campagne du bocage peu dense et bien entretenu du plateau».

 

L’eau énergie marquant les paysages de la vallée du Drac

L’ensemble paysager est ponctué d’équipements hydrauliques le long du Drac, mis en place dans les années 1960, pour produire de l’électricité. Ces nombreux barrages ont bouleversé le réseau hydrographique en formant des étendues d’eau importantes où la pratique de loisirs attire un grand nombre de visiteurs notamment la population grenobloise.

Le barrage du Sautet a été réaménagé pour offrir un belvédère et une via-ferrata et ainsi mettre en valeur le patrimoine hydroélectrique de la vallée du Drac.
Les centrales électriques et les retenues d’eau impactent également les paysages aériens par la présence de nombreuses lignes haute tension qui accompagnent le tracé du Drac.

L’eau comme attractivité du territoire

À partir des années 80, de nombreuses bases nautiques ont été créées sur les abords des lacs pour permettre un accès à l’eau et aux pratiques de loisirs : baignade, kitesurf, etc. La présence de ces étendues d’eau est une source d’attractivité pour le territoire. En complément de ces activités nautiques, la découverte des paysages lacustres est possible grâce aux passerelles himalayennes, à la navette croisière sur le lac et au petit train de la Mure, où l’arrêt au belvédère du Grand Balcon et son sentier piéton offrent des vues vertigineuses sur le lac de Monteynard.

Des connexions transversales limitées entre les deux rives

Le territoire se parcoure le plus souvent en restant sur une seule et même rive. Les voies de communication transversales au sein de l’ensemble paysager sont peu présentes car le Drac, au profil fortement encaissé, crée une rupture physique entre les deux berges.

Quelques ponts offrent des franchissements et des vues paysagères sur le cours d’eau. Les rives semblent parfois accolées lorsque le cours d’eau est étroit et sinueux avec des caractéristiques paysagères similaires mais en réalité de la distance et du temps sont nécessaires pour passer d’un côté du Drac à l’autre.

3.6 - PAYSAGES INSTITUTIONNALISÉS, RECONNUS ET PROTÉGÉS

3.7 - REPRÉSENTATIONS SOCIALES PAYSAGÈRES

La lecture des paysages  est issue de la conjugaison des thématiques observées dans les chapitres précédents. Mais les paysages sont aussi constitués par le regard que l’on porte sur eux et des images que l’on s’en fait, nourris par un imaginaire social et culturel. On ne pourrait donc pas comprendre leur construction sans tenir compte des fondements culturels qui ont forgé leurs représentations sociales.

Voici quelques faits historiques et culturels locaux qui ont marqué les esprits, ont participé à la représentation sociale des paysages et influencent notre manière de les percevoir.

Retrouvez les thématiques de ces quelques faits, contribuant également aux représentations sociales paysagères du département de l’Isère dans le « Portrait du département ».

Le patrimoine religieux

Notre-Dame-de-la-Salette est un haut lieu de pèlerinage suite à l’apparition de la Vierge à deux jeunes bergers, Mélanie et Maximin. Situé au cœur des alpages à 1800m d’altitude, avec une vue imprenable sur l’Obiou et le Dévoluy, ce site de recueillement est unique où les pèlerins viennent en nombre.

Pour créer ce grand sanctuaire en site contraint, la construction de l’église de 1852 à 1897 ainsi que les travaux de voirie représentent de véritables prouesses dans l’aménagement des territoires.

Lithographie «Sanctuaire de Notre-Dame-de-la-Salette» réalisée en 1863 par Adolphe Maugendre. @ www.collections.isere.fr

La montagne en peinture

Maurice Brétaudeau (1883-1975) est un peintre français qui immortalisa dans ses peintures les paysages de la Matheysine et de la vallée du Drac. Dans la peinture «Les gorges du Drac depuis Ponsonnas» les abords abrupts et rocheux du cours d’eau, semblant infranchissables, sont mis en avant. Ces peintures valorisent le spectacle des montagnes et leurs paysages pittoresques.

Les gorges du Drac depuis Ponsonnas, 1912, collection Musée Matheysin

La montagne exploitée pour ses ressources

L’hydroélectricité de la vallée

Dès le début du XXe siècle, quelques centrales sont présentes sur le Drac et ses affluents. Cependant, l’aménagement du cours d’eau, tel qu’on le connaît aujourd’hui, date de 1930 avec des équipements majeurs pour produire une quantité d’énergie des plus importantes de France.

4 grands barrages sont ainsi créés. Les paysages du Drac entre 1930 et 1970 ont ainsi été fortement transformés par la création des lacs articifiels et ainsi de la monter du niveau d’eau de ces derniers. Plusieurs villages en fond de vallée ont dû être également démolis avant la construction des barrages.

 

Photographie de Raoul Blanchard illustrant le Drac à Notre-Dame-de-Commiers avant la construction des équipements hydroélectriques. Source : www.collections.isere.fr

L’eau minérale

Plusieurs sources d’eau minérale existent à Monestier-de-Clermont mais une seule a été mise en bouteille et commercialisée.
Construit à la fin du XIXe siècle, un bâtiment de captage, à l’écart du bourg, a permis de protéger et d’exploiter cette source d’eau minérale connue depuis le XVIIe siècle pour ses bienfaits thérapeutiques et sa minéralisation remarquable. Ce bâtiment fait partie du patrimoine local de par son histoire et son architecture remarquable.

Afin de valoriser ce site patrimonial, la communauté de communes du Trièves a acquis et restauré ce bâtiment octogonal afin d’organiser des expositions et des installations.

 

Bâtiment de captage des eaux minérales à Monestier-de-Clermont. @ www.isere-tourisme.com

Les Cartonneries de l’Isère à Champ-sur-Drac

Créé en 1904 par l’industriel André Navarre, la papeterie Navarre était spécialisée dans la fabrication de cartons. En 1912, la Cité Navarre a été construite pour accueillir les ouvriers. A cette époque, la cartonnerie est une entreprise puissante et reconnue en France qui emploie un grand nombre de personnes. En lien avec l’entreprise, de nombreux services publics sont proposés aux habitants et occupent une place prépondérante dans le tissu urbain.

La papeterie fermera en 1982. Aujourd’hui ne subsiste que la cité Navarre ainsi que l’entrée de la papeterie.

Photographie ancienne de la cartonnerie à Champ-sur-Drac @ www.andrenavarre-industrielpapetier.fr

4. UNITés paysagères

Avignonet • Champ-sur-Drac • Cognet • Cornillon-en-Trièves • Jarrie • La Motte-Saint-Martin • Lavars • Le Gua • Marcieu • Mayres-Savel • Miribel-Lanchâtre • Monestier-de-Clermont • Monteynard • Notre-Dame-de-Commiers • Notre-Dame-de-Mésage • Notre-Dame-de-Vaulx • Prunières • Roissard • Saint-Arey • Saint-Georges-de-Commiers • Saint-Guillaume • Saint-Jean-d’Hérans • Saint-Jean-de-Vaulx • Saint-Paul-lès-Monestier • Sinard • Treffort • Varces-Allières-et-Risset • Vif
Ambel • Beaufin • Châtel-en-Trièves • Cognet • Corps • La Salette-Fallavaux • La Salle-en-Beaumont • Les Côtes-de-Corps • Monestier-d’Ambel • Nantes-en-Ratier • Pellafol • Ponsonnas • Prunières • Quet-en-Beaumont • Saint-Jean-d’Hérans • Saint-Laurent-en-Beaumont • Saint-Michel-en-Beaumont • Saint-Pierre-de-Méaroz • Sainte-Luce • Sousville
Unités paysagères – 7.14