Atlas des paysages
Département de l'isère

Ensemble paysager

5.11

5.11 - Les coteaux du pays de Saint-Marcellin

Les communes de l'ensemble paysager par unité paysagère

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Motifs paysagers structurants

1. à premières vues

Composantes & Structures paysagères

Les paysages des Coteaux du pays de Saint-Marcellin forment une mosaïque composite de motifs très diversifiés mais complémentaires, issus de la combinaison des activités liées aux spécificités du territoire, principalement l’élevage et la nuciculture, produisant le fameux fromage de Saint-Marcellin et la Noix de Grenoble.

Bien qu’ils soient relativement uniformes, les paysages présentent quelques différences entre le nord et le sud, ou entre le haut et le bas des pentes, essentiellement par leur relief et leur agriculture.

Au nord, le relief doux mais mouvementé permet une grande diversité de situations, crée constamment des basculements, d’une combe à l’autre, offrant des points de vue imprenables sur des paysages de qualité, menant le visiteur de surprise en surprise, toutes aussi agréables. Au sud, la qualité des paysages reste remarquable, mais ils sont plus ouverts, plats et « producteurs ».

En parcourant le territoire, on découvre une multitude de fenêtres sur le paysage, sans cesse cadrées par les crêtes qui dirigent notre regard. Les villages perchés ou à flanc de coteau, appuyés sur quelques petits replats, émergent du patchwork des fonds de vallées, tissu enherbé rapiécé de noyeraies et de cultures, cousus par les boisements des ruisseaux qui dévalent les pentes depuis les Chambaran.

Face à nous, le massif du Vercors s’impose en élevant l’horizon, spectacle remarquable dont chaque habitation peut jouir par temps dégagé.

Limites paysagères

2. Regard d'acteur

« C’est ce que j’aime ici, l’ouverture du paysage : on a quelques boisements et aussi des vues lointaines sur la vallée. »
Bruno Neyroud

Éleveur laitier, nuciculteur et sylviculteur En activité depuis 1995 à Varacieux. Après avoir exercé un premier métier ailleurs en Isère, Bruno Neyroud est revenu dans les coteaux du pays de Saint-Marcellin pour aider à la ferme, puis en prendre la gestion.

« Aujourd’hui, la journée s’annonce bien. Le printemps qui arrive aussi. Comme tous les matins, je sors pour m’occuper des animaux. Le temps d’arriver à l’étable, située un peu plus bas sous la ferme, je regarde le soleil se lever au-dessus de nos montagnes. La lumière recouvre le bâtiment en bois de l’étable et commence à le réchauffer.

La vallée s’éclaire peu à peu. Le massif du Vercors est magnifique, saupoudré de la neige tombée cette nuit. On voit très bien les barres rocheuses ressortir de la neige. Avec le relief doux de nos collines et de nos coteaux, on a une très belle carte postale de la vallée de l’Isère. C’est ce que j’aime ici, l’ouverture du paysage : on a quelques boisements et aussi des vues lointaines sur la vallée.

J’arrive à l’étable. J’y rejoins mes bêtes, qui sentent la saison changer. En hiver on les garde au chaud, alors il faut les nourrir, pailler leur litière, les traire matin et soir, les mettre dans les meilleures conditions pour qu’elles produisent ce qu’il nous faut. On fait attention à leur bien-être. C’est pour ça qu’en étable les animaux sont libres, ils se font leurs petits coins, vont à la brosse automatique, etc. Et bientôt, elles sortiront comme elles voudront et rentreront le soir pour la seconde traite.

Plus tard dans la matinée, je vais continuer à m’occuper du bois. La période étant plus calme, je finis les piquets que j’ai commencé hier, pour un autre éleveur, un copain de la commune d’à côté qui veut refaire sa clôture. Cet hiver la taille du bois a été productive. En général c’est à cette période qu’il y a le bûcheronnage, la sortie du bois… jusqu’en mars-avril on rapporte le bois pour le sciage, la transformation pour le chauffage, le bois déchiqueté, etc.

Plus tard, quand les animaux seront dehors, on lancera les travaux de printemps, les premières fauches de l’herbe, les semis d’orge et de maïs pour compléter leur alimentation et la paille, en été, pour refaire un stock de litière.

Après les piquets, je pars poursuivre l’entretien des bois. Il y a encore quelques haies à entretenir, que j’avais laissées pousser l’année dernière, comme là-bas, il y en a une qui déborde trop sur la parcelle et qui tombe dans le ruisseau. Alors on la taille pour en faire du bois déchiqueté. En même temps, je profite de ce moment agréable. On a plein de ruisseaux par ici, même si on ne les voit pas beaucoup dans le paysage. Ils sont plus jolis à cette époque, avant qu’ils ne s’assèchent en été. J’aime faire ça : on travaille au frais sous les frênes, on n’est plus dans les grands paysages aux horizons lointains mais dans les ambiances de « cocons » des petits ruisseaux qui s’écoulent des Chambarans, plus haut là-bas…

Tant que je suis dans les pentes, je vais couper une ou deux branches du verger d’à côté, trop basses pour passer avec mon engin pendant la récolte à l’automne. Je reviendrai en fin d’après-midi m’occuper d’une parcelle que je viens de replanter, après les gros coups de vents de cet hiver. ça m’a rappelé la tempête de 82 : on en avait profité pour mieux structurer le verger, comme beaucoup de collègues qui avaient plutôt des lignes de noyers que des vergers. À cette époque les paysages ont changé, on a planté beaucoup plus de noyeraies.

Regardez, c’est cette parcelle là-bas : j’aime beaucoup y aller parce qu’elle me fait passer dans l’autre combe, derrière cette colline. Et dans cette combe on a un paysage différent, avec plus de noyers et moins de boisements. C’est cette diversité de paysages que j’aime chez nous. Monter un petit coteau, redescendre dans le bois, passer par le vieux village, de ce côté le paysage s’ouvre d’un coup sur les prairies, et plus tard on traverse un verger… comme les paysages de mon enfance, les petites exploitations avec 2 vaches, quelques noyers et pommiers pour échanger de la nourriture. Et maintenant je partage ces paysages avec ma fille, qui trouve un vrai plaisir à se promener quand elle revient par ici. Justement c’est aussi ça que j’aime bien, voir les choses évoluer, on s’adapte et on fait changer les paysages…

En début d’après-midi, je descends dans la plaine. J’ai une réunion du comité pour le Saint-Marcellin IGP et j’en profite pour apporter du bois à la chaufferie de Vinay et livrer des noix.
Je passe par la vallée du Vézy, pour aller plus vite. Et aussi pour passer dans ses beaux paysages, toujours très variés. On n’a pas des paysages de large plaine, on est toujours entre un versant boisé et un versant cultivé et pâturé, un peu d’ouverture, c’est jamais complètement fermé. C’est la richesse de notre territoire…

Parce qu’après, j’arrive dans la plaine. Près de Saint-Marcellin il y a toutes les usines et les zones artisanales, commerciales, les entrepôts de logistique… en plus c’est souvent les meilleures terres qui sont sacrifiées. Les grandes usines en plaine j’ai jamais compris l’avantage. Je sais bien que ça permet de vivre différemment, pas comme à la campagne, mais j’ai un peu de mal avec ces paysages où il y a trop de goudron dans les plaines…

Heureusement ça me rappelle mes grands-parents qui avaient une petite exploitation à Chatte, dans la plaine de l’Isère. Ils vivaient correctement avec 4 vaches, un hectare de noyers en tour de champ (les vergers n’existaient pas encore dans la plaine) et surtout quelques pieds de tabac, qu’ils faisaient sécher en haut dans la maison, comme les noix. C’est pour ça qu’il y a plein de beaux séchoirs dans la région, faits en bois et en pierre.

En fin de journée, en retournant à ma nouvelle parcelle, je remonte les pentes par la route de Varacieux et je peux encore contempler les paysages, inondés par la lumière de la fin d’après-midi.

Et je me dis que j’ai de la chance de vivre dans ces paysages et de les faire vivre. Dans notre métier on produit, mais aussi on entretient, on voit évoluer, les petits châtaigniers devenir grands, les bourgeons devenir taillis, on accompagne la nature, on gère ce qui est sur place, on renouvelle sans détruire, on utilise la nature sans la détériorer. Et en plus on fait tout ça ensemble avec les voisins. C’est pour ça qu’on a créé la coopérative, pour mutualiser nos travaux, rencontrer d’autres personnes, nous retrouver dans l’entretien de nos paysages. Oui, finalement, la coop c’est bien une association de personnes qui entretiennent le paysage. »

3. Composantes paysagères

3.1 - Le versant ouest du bassin de l’Isère

Caractéristiques
RELIEF & HYDROGRAPHIE

  • Un des versants du bassin de l’Isère, une grande pente orientée au sud-est, modelée de combes encadrées de crêtes et de quelques replats
  • Un substrat particulièrement propice à l’agriculture
  • Un chevelu de petits ruisseaux de petits gabarits soulignés par les boisements linéaires qui les cernent

3.2 - Grands Boisements et lanières arborées

Caractéristiques
VÉGÉTATION

  • Implantation des boisements sur le haut des crêtes ou sur les coteaux, structures boisées linéaires dans le fond des vallées
  • Lanières boisées des ruisseaux, plus ou moins épaisses, dans les plaines ou les fonds des vallées, perceptibles depuis les points hauts
  • Présence de grands boisements dont profite l’activité sylvicole, souvent complémentaire de l’agriculture
  • Parcelles fermées par des haies naturelles ou des clôtures en piquets de bois > un important réseau de corridors écologiques

3.3 - Les paysages mosaïques de la polyculture

Caractéristiques
AGRICULTURE

  • Berceau de la noix, forte présence des vergers de noyers dans le paysage, installés à proximité des cours d’eau, se multipliant aux abords de l’Isère
  • Berceau du fromage Saint-Marcellin, paysages prairiaux beaucoup plus présents en haut des pentes
  • Paysage mosaïque, patchwork d’une polyculture très dynamique, aux motifs vert foncé des noyeraies, vert clair des prairies et vert jaune des céréales
  • Paysages du nord plus intimes, dominés par les prairies de pâture ou de fourrage, paysages du sud plus ouverts, témoin d’une agriculture industrielle, dominés par les grandes cultures

3.4 - Une structure bourgs-hameaux et un habitat dispersé

Caractéristiques
BÂTI

  • Implantation des bourgs sur les flancs des coteaux et les petits replats
  • Architecture locale liée au galet en partie nord et en grès en bas des coteaux, en partie sud et est
  • Bâti récent, à l’approche de la vallée de l’Isère
  • Nombreuses constructions isolées ou hameaux étendus, habitat très dispersé mais discret
  • Un patrimoine riche et discret, dont la présence résonne avec le site inscrit de Saint-Antoine-l’Abbaye
  • Absence de zone d’activité économique

3.5 - Des paysages préservés de grands équipements

Caractéristiques
ÉQUIPEMENTS

  • Aucun grand équipement ou infrastructure, 4 routes départementales principales et de nombreux sentiers de randonnée structurent le territoire
  • Dans le sud, quelques routes traversent les vallons sur des digues, parfois barrages de retenues d’eau, parfois simple surélévation pour faciliter le passage
  • Un territoire à l’écart des grands axes routiers mais subissant l’influence de Grenoble et la vallée de l’Isère

3.6 - PAYSAGES INSTITUTIONNALISÉS, RECONNUS ET PROTÉGÉS

3.7 - REPRÉSENTATIONS SOCIALES PAYSAGÈRES

La lecture des paysages  est issue de la conjugaison des thématiques observées dans les chapitres précédents. Mais les paysages sont aussi constitués par le regard que l’on porte sur eux et des images que l’on s’en fait, nourris par un imaginaire social et culturel. On ne pourrait donc pas comprendre leur construction sans tenir compte des fondements culturels qui ont forgé leurs représentations sociales.

Voici quelques faits historiques et culturels locaux qui ont marqué les esprits, ont participé à la représentation sociale des paysages et influencent notre manière de les percevoir.

Retrouvez les thématiques de ces quelques faits, contribuant également aux représentations sociales paysagères du département de l’Isère dans le « Portrait du département ».

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Personnages cÉlÈbres

4. UNITés paysagères