Des paysages fortement convoités pour la douceur de leurs reliefs, leurs éléments patrimoniaux, leur caractère rural renforcé par l’architecture de la terre crue, et leur proximité fortement pourvue de connexions aux pôles urbains de Lyon, Grenoble, Chambéry et Valence
Un fort contraste entre des paysages agricoles très urbanisés au nord, et au sud des paysages forestiers moins habités
Un paysage agraire au nord, dont la lisibilité est aujourd’hui fortement perturbé. L’urbanisation résidentielle diffuse dans les plaines et sur les crêtes, les implantations disparates, le développement du vocabulaire routier, brouillent la lecture de ces espaces.
Au sud, des paysages relativement fermés, empreints de légendes et d’un certain mysticisme favorisé par la dominance de la forêt et d’éléments ecclésiastiques parfois disparus, comme l’abbaye de Bonnevaux, mais ancrés dans les représentations
Un réseau hydrographique très important, constitué d’innombrables cours d’eau, étangs et espaces naturels sensibles, représentant un réservoir de biodiversité remarquable
Compris entre l’arrière-pays viennois, la vallée de la Bourbre et la vallée du Liers, les paysages des collines et plateaux des Terres froides sont composés d’un plateau ondulé aussi appelé le pays des collines, à l’est le plateau forestier de Bonnevaux et au sud les plaines alluviales transversales. L’appellation «Terres Froides» est liée au climat froid et rigoureux et aux terres argileuses gorgées d’eau, qui mettent du temps à se réchauffer.
« C’est un pays de collines douces et vallonnées, occupées par un bocage qui n’a laissé aux boisements que les pentes raides et dans lequel, à côté des nombreuses cultures, les pâtures méritent d’être signalées. Ce bocage s’accompagne, dans les fonds de vallées humides, d’étangs et de prairies tourbeuses qui mériteraient d’être préservées mais se voient envahies par la populiculture. »
« Les plaines de la Véga, de la Sévenne et de la Vésonne irriguent le Pays viennois, en lui méritant le qualificatif de « plat pays », du fait de leur profil de vallées glaciaires à fond plat que la trop faible hauteur des collines interfluviales n’arrive pas à concurrencer. »
«La ville de Vienne et son arrière-pays sont situés sur la frange Ouest du vaste delta de matériaux arrachés à la chaîne alpine en surrection au tertiaire. Le substrat morainique affleure sur les versants, ailleurs il est masqué par des recouvrements : complexe morainique et loess éolien.»
« Si la ville est devenue l’une des cités les plus brillantes de l’Isère, c’est en effet largement pour être située au carrefour de la moyenne vallée du Rhône, franchissable en cet endroit, et des voies conduisant au cœur du massif alpin. »
« Installé en Savoie, je suis amené à arpenter les paysages savoyards, et isérois régulièrement, et particulièrement les paysages ruraux et périurbains. Mon activité professionnelle m’a fait découvrir les paysages des Terres froides, à travers des projets d’aménagement à Septème et de planification territoriale à Artas. Habituellement je privilégie le train pour me rendre sur les territoires de projet mais une journée-type de travail dans les Terres froides commence par une arrivée en voiture car il n’y a pas d’accès ferroviaire. Ce qui me frappe alors depuis l’arrivée par l’autoroute A43, est le fort contraste entre les paysages artificialisés sur les franges et les grands paysages agricoles intérieurs.
« Ces paysages compris dans le faisceau de l’autoroute au nord (…) participent à artificialiser les structures paysagères et la géographie. Les paysages des Terres froides sont ceux de l’entre-deux. »
Ces éléments participent à artificialiser les structures paysagères et la géographie. Les paysages des Terres froides sont ceux de l’entre-deux, situés entre les paysages peu aimables des abords de l’autoroute, ceux emblématiques de la vallée du Rhône (à Vienne) et l’entrée dans les massifs pré-alpins et alpins. La perte de repères est à la fois déroutante et plaisante. Les repères montagneux sont alors absents et les lignes d’horizon très souvent boisées ce qui participe à créer un sentiment d’intériorité. Ce ressenti s’explique par le caractère rural des paysages, dans lesquels en termes de bâti, les activités économiques n’ont finalement que peu d’emprise et en parallèle le petit patrimoine architectural est de grande valeur. En Isère, de nombreuses constructions traditionnelles (en galets et en pisé) témoignent d’un savoir-faire vernaculaire. Cependant, dans les secteurs d’habitat, le contraste persiste entre le bâti à valeur patrimoniale, souvent délaissé et les nombreuses maisons pavillonnaires standardisées.
Des maisons à étage en pierre et en pisé sont ainsi mêlées à des pavillons individuels de plein pied en parpaings, qui tendent à banaliser ces paysages urbains..
Pour moi deux valeurs sont fondamentales dans notre métier :
Dans cette typologie de territoire, le rôle du paysagiste-concepteur est alors d’identifier et valoriser les structures paysagères. Par une première étape de diagnostic qui permet de révéler les éléments visibles structurants. Le territoire est alors observé, parcouru pour le comprendre et se projeter. Demain l’atlas des paysages sera ainsi un outil, en préambule de chacune de nos études, une ressource indispensable pour nourrir la lecture objective des territoires et pour démarrer une conversation avec les acteurs locaux. Au cours du diagnostic il m’arrive d’utiliser des cartes postales anciennes. Ces illustrations révèlent les évolutions récentes et fondent le socle commun des valeurs et des connaissances paysagères sur le territoire. Le lien à l’histoire me semble essentiel dans notre métier. car un paysage évolue et se construit au fil des saisons et des années.
« Les paysagistes travaillent dans l’invisible et cela est pour moi un critère de bonne pratique professionnelle. »
Quand arrive le temps des propositions d’aménagement, je tente de rechercher la meilleure intégration, pour intervenir le plus justement possible. Les paysagistes travaillent dans l’invisible et cela est pour moi un critère de bonne pratique professionnelle. Il s’agit d’une recherche de l’intégration qui passe par une logique de matériaux et de filière. Dans le territoire des Terres froides, les matériaux locaux traditionnels semblent être le bois, la pierre et la terre. Le projet d’aménagement nécessite donc de trouver les acteurs et filières locales (carrières et menuiseries) puis de les impliquer dans le projet. Notre rôle de paysagiste dans les espaces urbains est de concevoir des espaces publics, places, rues, jardins, parcs, qui soient partagés. L’enjeu est d’accompagner les élus pour anticiper les changements de pratiques urbaines et sociales et créer des lieux de convivialité, adaptés au réchauffement climatique.
Le défi sur la place de la voiture devient alors essentiel. Dans un territoire comme celui des Terres froides, la voiture est un outil de déplacement indispensable mais celle-ci s’oppose à la qualité de vie des espaces de centralité. Il faut donc questionner sa place sans être radical, en trouvant des compromis, qu’il nous revient alors d’arbitrer. »
« Demain l’atlas des paysages sera ainsi un outil, en préambule de chacune de nos études. »
« Le plateau de St-Jean-de-Bournay, à la surface mamelonnée, est coupé par la vallée de la Gervonde et compte de nombreux petits étangs et prairies tourbeuses. […] C’est un pays de collines douces et vallonnées. »
« Sur le plateau, qui domine la dépression de la Bièvre […] un réseau hydrographique dense est à l’origine d’une surface vallonnée. De ces caractéristiques résultent des paysages aux vues limitées. »
« Les vallées de la Gère, au nord, et de la Varèze, au sud, font de ce plateau une sorte d’île boisée, semblable aux autres îles de l’avant-pays dauphinois, tels l’Ile Crémieu ou le plateau des Chambarans. Elles l’enserrent de dépressions étroites, […] dans lesquelles les rivières déroulent leurs innombrables méandres au milieu de terres humides. »
« Les plaines de la Véga, de la Sévenne et de la Vésonne irriguent le Pays viennois, en lui méritant le qualificatif de « plat pays », du fait de leur profil de vallées glaciaires à fond plat que la trop faible hauteur des collines interfluviales n’arrive pas à concurrencer. Ce sont de vastes plaines agricoles, dont le parcellaire à grandes mailles a évincé le bocage et qui ne sont pas sans rappeler la plaine du Liers. La vallée de la Sévenne est cependant plus boisée que les deux autres et présente un paysage plus confus. »
« Les collines, de leur côté, présentent les mêmes contrastes que celles des Chambarans par rapport à la plaine du Liers. L’ambiance générale est agréable et motive le développement des résidences, non loin de la grande ville. »
Le caractère très irrigué des paysages des Terres Froides se révèle par la présence d’innombrables étangs plus ou moins grands, de mares et de tourbières. Si les tourbières et les mares sont naturelles, les étangs sont pour la plupart artificiels. Ils ont permis d’assécher le territoire pour le cultiver et de maîtriser les crues des ruisseaux dont certains sont de véritables torrents.
Aujourd’hui, la nature a repris ses droits aux abords des étangs, valorisant les espaces riverains, utilisés notamment pour les activités de loisirs doux et la sensibilisation du public aux qualités environnementales de ces milieux. Un des plus connus et fréquentés, l’étang de Montjoux, est un Espace Naturel Sensible aménagé pour l’accueil du public et la préservation des milieux naturels.
Les paysages des Terres Froides présentent deux logiques d’implantation caractéristiques. D’une part, les paysages ouverts et cultivés des plaines et plateaux au nord, dont les terres sont propices à l’agriculture, au sein desquels les boisements sont installés sur les versants, dans les combes et les fonds des petites vallées non cultivées.
D’autre part, les paysages boisés du sud, dont le substrat est particulièrement ingrat et peu propice à l’agriculture, au sein desquels les boisements occupent de préférence les hauteurs, les espaces situés sur les collines et les plateaux.
Dans les fonds des vallées, une trame bocagère dessine de petites parcelles de prairie.
La géologie montre très nettement une différence entre les parties nord et sud, conditionnant des activités humaines distinctes et par conséquent des paysages variés.
La partie nord, couvertes de moraines et de dépôts alluvionnaires, est particulièrement propice à l’agriculture, d’où la plus faible présence des boisements.
La partie sud, au contraire, est particulièrement ingrate pour l’agriculture. Elle est caractérisée par des formations sédimentaires argileuses couvertes de loess et limons, des terres aujourd’hui laissées à la forêt. Une terre gorgée d’eau, qui met du temps à se réchauffer. Ce contexte géologique et le climat froid et rigoureux sont sans doute à l’origine du nom de « Terres froides » et de leur exploitation consacrée à la forêt.
L’ensemble des Terres Froides présente essentiellement des paysages de feuillus. Au nord, dans les territoires agricoles, les boisements sont composés de chênes, châtaigniers, charmes et robiniers. On trouve également quelques peupleraies en fond de vallée.
Dans le sud, les forêts des plateaux sont composés des mêmes feuillus, accompagnés de quelques plantations de conifères, pins noirs, Douglas, sapins et épicéas, dont l’aspect contraste fortement dans le paysage.
« La forêt de Bonnevaux s’étend sur cinq à six mille hectares d’un seul tenant autour de la seule clairière de Lieudieu, qui n’en fait guère que 300. Elle rappelle fortement, par sa composition et ses ambiances celles des Chambarans, dont elle est séparée par les plaines du Liers et de Bièvre, comme si ces dernières avaient entaillé une seule et même forêt primitive. Mais elle est caractérisée par un très grand nombre d’étangs, pour la plupart privés et clôturés, qui en rendent l’accessibilité plus aléatoire. Comme les Chambarans, elle n’échappe pas à l’enrésinement. »
« Sur les plateaux, ce sont les peuplements forestiers des Blaches et de Taravas, qui prolongent la grande forêt de Bonnevaux et se poursuivent eux-mêmes jusqu’au Rhône par les bois de Champuy, de Limone, de Lille, de Méraude et des Dîmes ; en transition avec les fonds de vallées et de vallons parfois très étroits, comme la Salle et le Suzon, ce sont les bocages plus ou moins affirmés, surtout au nord. »
Les Collines et Plateaux des Terres Froides se caractérisent par une topographie peu marquée, avec des luvisols et fersialsols couvrant une importante partie du territoire. Ce sont des sols évolués présentant une bonne fertilité agricole et pouvant être saturés en eau une partie de l’année.
Ses paysages agricoles se définissent par des grandes cultures autour des cours d’eau, en plaine ou dans les vallons et sur les plateaux. Sur les collines, les prairies dominent, accueillant majoritairement des élevages bovins.
On retrouve plus ponctuellement des paysages agricoles de maraîchage, d’horticulture et de vergers, notamment dus à l’influence de la vallée du Rhône : serres et cultures irriguées.
« Le plateau de Bonnevaux est formé d’un substrat molassique qui affleure sur les versants. Les formations superficielles (alluvions de plateau) argilo-caillouteuses, sont, localement, masquées par des lœss ou des limons. Dans l’ensemble cependant les sols sont imperméables et peu fertiles. »
Les Terres Froides sont avant tout des terres agricoles, à l’exception des plateaux situés au sud, comme vu précédemment par le prisme de la géologie. Leur relief étant peu marqué et leurs sols de bonne qualité, le territoire est particulièrement propice à l’agriculture, ce qui se traduit par des paysages cultivés avec dynamisme, quasiment dénués de friche.
La surface agricole de l’ensemble est couverte presque à moitié par les prairies. Mais elles se concentrent dans les parties à l’est et au sud. À l’est, les prairies retrouvent leur dominance à l’approche des collines du voironnais, un des principaux bassins laitiers du département. Au sud, les prairies, préférant l’humidité et les crues régulières, occupent les espaces peu propices à la grande culture, qui s’accomodent mieux des terrains plats, c’est-à-dire les fonds de vallées étroites, structurés par le bocage.
La concentration des prairies à l’est et au sud laisse une grande place au nord et à l’ouest aux grandes cultures, essentiellement maïs, céréales et oléagineux. Cette variété de cultures compose une mosaïque de couleurs et de textures variant au gré des saisons. La présence hégémonique du maïs tend cependant à uniformiser les paysages, leur donnant des allures de paysage monoculturel. Cet aspect est renforcé en hiver lorsque les terres sont labourées, d’autant plus dans les secteurs de plaine où l’horizon est lointain, procurant un sentiment d’immensité, de paysages sans limite.
Les Terres Froides ne sont pas particulièrement connues pour leurs productions alimentaires. Pourtant, trois IGP les recouvrent, dont deux particulièrement dynamiques à base de lait de vache, qui favorisent le maintien des prairies ouvertes et leurs intérêts multiples (environnementaux, paysagers, etc.).
Labels de qualité | Surface de l’EP recouverte par le label (%) |
IGP Emmental français IGP Saint-Marcellin IGP Volailles de la Drôme |
100 23,2 16.3 |
La structure urbaine historique de l’ensemble est relativement classique, organisée en bourgs, implantés en bas de pente ou à mi-pente, quelques hameaux et une grande quantité de fermes isolées dispersées sur tout le territoire. Mais si l’on trouve encore bon nombre de fermes isolées, bien que souvent proches les unes des autres, beaucoup se sont transformées en hameaux par le développement des constructions.
Le style architectural local utilise la technique du pisé. Les fermes présentent de grands bâtiments aux murs en terre crue et aux larges toits à 4 pans en tuiles écaille. https://culture.isere.fr/page/la-construction-en-pise-en-isere
L’ensemble des Terres Froides est un territoire très urbanisé. En le traversant, il est quasiment impossible de se retrouver face à des paysages sans construction. En effet, le territoire a pâtit d’une représentation dévalorisante jusque récemment, notamment par son nom peu engageant, mais il est aujourd’hui fortement attractif et prisé.
Beaucoup de facteurs jouent un rôle dans l’urbanisation du territoire : sa connexion privilégiée aux grands axes (A43, A46 et A48), sa proximité et sa situation centrale par rapport aux grands pôles urbains (Lyon, Vienne, Grenoble et Chambéry), la douceur de son cadre de vie rural et « champêtre », sa proximité des massifs montagneux… que d’avantages à habiter les Terres Froides, qui font de ses paysages des objets de convoitise reconnus.
Nombreux sont les bourgs qui contrastent avec le système spécifique local bourg – hameaux – fermes isolées. Les paysages traduisent parfaitement la convoitise du territoire, notamment sur les collines où les constructions récentes à l’architecture véhiculaire et à la structure opportuniste et désorganisée occupent les coteaux.
En 2000, on faisait déjà ce constat, qui semble être le même aujourd’hui :
« L’ambiance générale est agréable et motive le développement des résidences, non loin de la grande ville. Saint-Just-Chaleyssin, Luzinay, Villette-de-Vienne et Chuzelles, par exemple, se présentent bien regroupés en bordure de la plaine. Toutefois l’urbanisation des coteaux exposés au sud et le semis diffus des résidences installées en retrait restent importants et mériteraient d’être maîtrisés. »
Si les ZAE sont le signe du dynamisme économique du territoire, elles produisent des paysages contrastant fortement dans les paysages des Terres Froides, dénuées de recherche qualitative ou de volonté d’intégration paysagère. Elles banalisent les caractéristiques locales en leur conférant un aspect périurbain de métropole, conduisant à fragiliser les qualités paysagères des Terres froides, comme ici à Heyrieux et à Saint-Jean-de-Bournay.
« Son importance fut redoublée à partir du Moyen Âge par les premières installations de type industriel qui commencèrent à y fleurir. L’exploitation de l’énergie motrice de l’eau vive, si caractéristique du développement artisanal et industriel de toute l’Isère, y motiva progressivement la construction de toutes sortes de moulins, ateliers, forges et usines textiles et métallurgiques. Nombre de motifs d’intérêt de cette activité multiséculaire ont survécu aux transformations des siècles, et évoquent, au fil des itinéraires de découverte, les diverses périodes de l’intense activité industrielle de la vallée. »
Il joue un rôle très important dans l’attractivité du territoire. Entouré d’autoroutes (A7, A43, A46, A48), le réseau situe l’ensemble des terres Froides à moins d’une demi-heure des grands pôles urbains. De nombreuses petites routes sillonnent les Terres froides, permettant à chaque hameau ou ferme isolée de rejoindre rapidement les autoroutes.
Cette entité […] est bien desservie par deux routes importantes, la D518 vers Lyon et D502 vers Vienne.
Depuis une vingtaine d’années, la logistique a fait son apparition dans nos paysages. Le département de l’Isère n’a pas échappé à cette évolution de la gestion du transport des marchandises, dotée du second centre de logistique français, à Saint-Quentin-Fallavier, en bordure de l’ensemble des Terres Froides. Un centre plus modeste mais très marquant dans le paysage, a été implanté en 2010 dans la vallée de la Véga sur la D75, à proximité de Diémoz, permettant de desservir les ZA locales et départementales.
Paradoxalement au regard de sa qualité de cadre de vie, l’ensemble des Terres froides n’est traversé que par un seul chemin de grande randonnée, le GR422. Pourtant, le relief doux, les éléments de patrimoine et la demande en matière de connexion du territoire en font un territoire à grand potentiel pour les circulations douces, pédestres et cyclables, qui se confrontent à la grande circulation des véhicules lourds.
Le GR 422 est un chemin à caractère historique en pays dauphinois de Lyon à Valence. En 16 étapes, cet itinéraire retrace une partie du voyage des Rois en Dauphiné durant l’année 1564 (Charles IX et Catherine de Médicis).
Le territoire est propice à la circulation routière mais également au passage de voies ferrées, par sa faible déclivité.
Cependant, la constitution du relief de plaines et de collines demande la construction d’ouvrages d’arts pour permettre l’aménagement des voies. On les croise régulièrement, faisant office de repères territoriaux comme marqueurs des vallées, devenus des motifs paysagers caractéristiques du territoire des Terres froides.
La lecture des paysages est issue de la conjugaison des thématiques observées dans les chapitres précédents. Mais les paysages sont aussi constitués par le regard que l’on porte sur eux et des images que l’on s’en fait, nourris par un imaginaire social et culturel. On ne pourrait donc pas comprendre leur construction sans tenir compte des fondements culturels qui ont forgé leurs représentations sociales.
Voici quelques faits historiques et culturels locaux qui ont marqué les esprits, ont participé à la représentation sociale des paysages et influencent notre manière de les percevoir.
Allant de paire avec le patrimoine bâti, l’industrie et l’artisanat ont marqué l’Histoire locale, tant par les nombreux savoir-faire qui s’y développèrent que par les bâtiments patrimoniaux, moulins, ateliers, forges et usines textiles et métallurgiques.
L’activité principale qui façonna la culture locale fût le tissage de la soie. C’est avant tout à Lyon que l’activité nacquit et se développa, mais l’ampleur qu’elle prît et son caractère industriel étendit son territoire jusqu’en Isère, entre Vienne et Voiron.
L’importance de son économie, dont l’apogée se situa au 19ème siècle, incita l’activité à se développer en dehors de la ville de Lyon. De nombreux habitants des Terres Froides profitèrent de l’engouement pour la soie pour devenir tisserands, confirmant le lien étroit entre le territoire isérois et la ville de Lyon, et préfigurant la situation actuelle du territoire comme bassin d’actifs lyonnais.
Aujourd’hui, quelques ateliers de tissage existent encore en Isère, issus de l’héritage de l’activité des Terres Froides, comme à Saint-Jean-de-Bournay.
L’ensemble des Terres Froides est particulièrement marqué par ses paysages agraires, que ce soit en plaine avec les grandes cultures ou sur les plateaux et les collines avec l’élevage et le fourrage. Il fait partie, avec les autres ensembles paysagers à caractère agricole, des grands bassins de production agricole isérois, participant à la représentation d’un département très productif et nourricier.
Et si les paysages de grandes cultures des plaines peuvent paraître avant tout fonctionnels, les collines et les plateaux vallonnés et mamelonnés, les ruisseaux et les étangs leur donnent un caractère bucolique, qui rend le cadre de vie très attractif et le territoire si convoité.
Inscrit et classé aux monuments historiques par ses remparts, l’ancien chemin de ronde, le château, la conciergerie et le jardin, cet ancien château fort du XIVe siècle siège sur un point haut sur la commune de Septème. Il surplombe le paysage de plateaux au nord des Terres Froides.
Abbaye cistercienne implantée sur la commune de Villeneuve-de-Marc, elle fût fondée en 1117 et vendue comme carrière de pierres vers 1830. Elle a participé activement à la vie économique iséroise en développant l’activité florissante de la pisciculture, qui engendra l’aménagement de plus de 300 étangs et de multiples rivières.
Aujourd’hui, du bâtiment il ne reste qu’une croix, mais les paysages en restent fortement imprégnés par la présence des étangs.
Elle fût construite au 19ème siècle, en 1852, à la place de l’ancien château castral qui dominait le village, sur demande des habitants.