La Grande Plaine du Rhône et de l’Ain est un ensemble paysager régional qui s’étend sur plusieurs départements, comprenant Lyon et son aire d’influence, dont deux parties dans le département de l’Isère, l’une en amont de la capitale régionale et l’autre en aval.
Bien que les paysages soient largement influencés par la proximité de Lyon, et la pression urbaine que l’agglomération exerce sur les territoires environnants, il ne saurait se réduire à cette seule composante urbaine. Les variations du cours du Rhône actuels et passés créent une grande diversité de motifs paysagers : les méandres, les anciens bras, les situations en balcon, les coteaux abruptes et la plaine alluviale plus ou moins large.
Les paysages de la vallée du Rhône procurent un sentiment particulier et ambivalent, celui de la traversée d’un paysage patrimonial unique et multiséculaire et celui d’un paysage banal, recouvert d’infrastructures, industries et de vastes zones d’habitat individuel.
Une autre ambivalence réside dans la rupture ou le lien étroit entre les paysages de la vallée du Rhône et l’arrière-pays. Les milieux humides des bords du Rhône en partie amont, se confondent avec les paysages des marais aux abords de l’autoroute. Les paysages très urbanisés et équipés de l’axe rhodanien débordent sur les vallées affluentes et les plateaux en partie avale.
« Vienne est aujourd’hui la seconde ville du département, son appartenance au couloir Rhodanien en fait le point de contact du département avec le premier axe de communication national mais les principales liaisons avec Grenoble passent par le Nord(Lyon-Grenoble) ou par le Sud (Valence-Grenoble) ».
« Les activités se concentrent donc dans la vallée du Rhône, l’évolution des vallées de l’arrière-pays viennois étant bien plus modérée ».

« Les paysages isérois sont ponctués d’éléments patrimoniaux dont la préservation et la restauration doivent constituer une priorité. Les choses changent dans le bon sens dans le secteur de Vienne, mais à l’époque où j’y travaillais, les restaurations n’étaient pas très nombreuses, la tendance était à la démolition.
Même si globalement le public est convaincu par la préservation du patrimoine, je peux identifier différentes difficultés pour la filière de la restauration du patrimoine bâti : l’adaptation des programmes pour investir les volumes des grandes fermes agricoles et des bâtiments industriels; la continuité des réglementations sur les constructions et la perte des savoirs-faire traditionnels et le manque de main d’œuvre qualifiée.
En parallèle, deux dynamiques récentes positives témoignent d’une prise en compte croissante des éléments de patrimoine. Chez les artisans, de plus en plus de jeunes se spécialisent dans la restauration par conviction. Aussi sur notre territoire une grande dynamique positive concerne la construction en pisé.
« Notre rôle est de réussir à transmettre notre amour du patrimoine auprès de nos différents partenaires
Très souvent notre rôle est de convaincre. Au cours du siècle dernier, la tendance était plutôt à la démolition et on ne portait que peu d’importance au patrimoine. Depuis les années 1990, les consciences ont évoluées. On a ouvert les yeux sur les merveilles qui nous entourent. Il faut redoubler d’effort pour préserver, valoriser les constructions patrimoniales et les adapter à nos besoins. Notre rôle est de réussir à transmettre notre amour du patrimoine auprès de nos différents partenaires, autant les propriétaires des biens publics ou privés que les entreprises.
En Isère, on a une chance inouïe. On peut citer différentes pépites architecturales telles que Crémieu, la maison des Dauphins à la Tour-du-Pin, la Côte-Saint-André, etc. mais on trouve une spécificité réelle à Vienne. C’est une ville extraordinaire malheureusement méconnue. Il existe une grande majesté dans le centre de Vienne : un temple romain en plein centre-ville, de magnifiques cours intérieures, des joyaux architecturaux issus de l’Antiquité, etc. Cette immense richesse patrimoniale reste cachée et assez peu valorisée.
Il y a le Site Patrimonial Remarquable qui permet de travailler sur la valorisation patrimoniale mais les erreurs ont été faîtes avant et aujourd’hui c’est difficile de trouver les leviers pour améliorer le cadre de vie et valoriser les patrimoines. On y travaille.
« Vienne. C’est une ville extraordinaire malheureusement méconnue. Il existe une grande majesté dans le centre. »
Sur la fameuse route de Vienne, ancienne voie romaine, j’ai vu les murs s’écrouler. Initialement murs en pisé, puis ils ont été enduits en ciment, puis détruits. Les maisons en bord de Rhône ne sont pas mises en valeur. La renommée de la voie romaine s’est perdue, l’implantation des infrastructures «a esquinté» la ville. Aujourd’hui la ville de Vienne est «coincée» La vallée de la Gère et ses bâtiments industriels offrent une incroyable, ambiance. La mise en scène de l’ouverture sur le Rhône depuis la vallée de la Gère pourrait être exceptionnelle.
Mon quotidien m’a aussi amené à porter un regard sur les constructions récentes. Il faut dire que l’urbanisation galopante dans le secteur de Vienne et dans l’ensemble de la vallée du Rhône est frappante.
A Chasse-sur-Rhône, de nombreux lotissements ont été construits sur le coteau, très abrupt. Aujourd’hui, ces secteurs sont en zone rouge du Plan de Prévention des Risques. Le danger c’est l’eau. Le problème ne vient pas de la rivière qui monte mais bien du glissement de terrain. Il est essentiel d’avoir une réflexion sur la viabilisation des terrains et veiller à ne pas créer des sillons ou des torrents en cas de fortes pluies. . .
« Moi j’aime bien les maisons anciennes mais surtout pour leur implantation dans un terrain. Aujourd’hui, on a perdu le sens de l’implantation et des vis-à-vis. »
En Isère, tous les terrains constructibles on été pris d’assaut et construits. Le «mal» est fait. Trop d’exemples de lotissements illustrent comment on peut consommer maladroitement des terres. Je ne suis pas pour les petites parcelles par contre, si on a une grande parcelle, il faut pouvoir en profiter donc réfléchir à l’implantation des constructions par rapport au contexte afin de permettre l’utilisation des espaces extérieurs sans vis-à-vis, abrités des vents dominants et ensoleillés, etc.»
La lecture des paysages est issue de la conjugaison des thématiques observées dans les chapitres précédents. Mais les paysages sont aussi constitués par le regard que l’on porte sur eux et des images que l’on s’en fait, nourris par un imaginaire social et culturel. On ne pourrait donc pas comprendre leur construction sans tenir compte des fondements culturels qui ont forgé leurs représentations sociales.
Voici quelques faits historiques et culturels locaux qui ont marqué les esprits, ont participé à la représentation sociale des paysages et influencent notre manière de les percevoir.