Des paysages de plaine alluviale qui illustrent une relation complexe avec le fleuve : concurrence entre les infrastructures, l’urbanisation et les milieux humides, notamment dans les espaces où la plaine est étroite
Des situations paysagères privilégiées et remarquables sur les coteaux ou sur le balcon du Rhône dont les premières occupations ont su tirer profit à travers l’installation humaine et la culture de la vigne
Des paysages d’arrière-pays à dominance agricole sous pression de l’agglomération lyonnaise
Des infrastructures de transport structurantes assurant la «connectivité» du territoire mais créant des ruptures dans les paysages et dans les pratiques humaines sur les abords du fleuve
Vienne, 4e ville du département après Grenoble, St Martin d’Hères et Echirolles, implantée dans un «amphithéâtre naturel» au bord du Rhône, ville qui constitue un point de franchissement du fleuve et qui possède aujourd’hui une richesse en terme de monuments historiques patrimoniaux
Présence de deux itinéraires doux qui permettent une découverte des paysages : ViaRhôna et GR 422
La Grande Plaine du Rhône et de l’Ain est un ensemble paysager régional qui s’étend sur plusieurs départements, comprenant Lyon et son aire d’influence, dont deux parties dans le département de l’Isère, l’une en amont de la capitale régionale et l’autre en aval.
Bien que les paysages soient largement influencés par la proximité de Lyon, et la pression urbaine que l’agglomération exerce sur les territoires environnants, il ne saurait se réduire à cette seule composante urbaine. Les variations du cours du Rhône actuels et passés créent une grande diversité de motifs paysagers : les méandres, les anciens bras, les situations en balcon, les coteaux abruptes et la plaine alluviale plus ou moins large.
Les paysages de la vallée du Rhône procurent un sentiment particulier et ambivalent, celui de la traversée d’un paysage patrimonial unique et multiséculaire et celui d’un paysage banal, recouvert d’infrastructures, industries et de vastes zones d’habitat individuel.
Une autre ambivalence réside dans la rupture ou le lien étroit entre les paysages de la vallée du Rhône et l’arrière-pays. Les milieux humides des bords du Rhône en partie amont, se confondent avec les paysages des marais aux abords de l’autoroute. Les paysages très urbanisés et équipés de l’axe rhodanien débordent sur les vallées affluentes et les plateaux en partie avale.
« Vienne est aujourd’hui la seconde ville du département, son appartenance au couloir Rhodanien en fait le point de contact du département avec le premier axe de communication national mais les principales liaisons avec Grenoble passent par le Nord(Lyon-Grenoble) ou par le Sud (Valence-Grenoble) ».
« Les activités se concentrent donc dans la vallée du Rhône, l’évolution des vallées de l’arrière-pays viennois étant bien plus modérée ».
« Les paysages isérois sont ponctués d’éléments patrimoniaux dont la préservation et la restauration doivent constituer une priorité. Les choses changent dans le bon sens dans le secteur de Vienne, mais à l’époque où j’y travaillais, les restaurations n’étaient pas très nombreuses, la tendance était à la démolition.
Même si globalement le public est convaincu par la préservation du patrimoine, je peux identifier différentes difficultés pour la filière de la restauration du patrimoine bâti : l’adaptation des programmes pour investir les volumes des grandes fermes agricoles et des bâtiments industriels; la continuité des réglementations sur les constructions et la perte des savoirs-faire traditionnels et le manque de main d’œuvre qualifiée.
En parallèle, deux dynamiques récentes positives témoignent d’une prise en compte croissante des éléments de patrimoine. Chez les artisans, de plus en plus de jeunes se spécialisent dans la restauration par conviction. Aussi sur notre territoire une grande dynamique positive concerne la construction en pisé.
« Notre rôle est de réussir à transmettre notre amour du patrimoine auprès de nos différents partenaires
Très souvent notre rôle est de convaincre. Au cours du siècle dernier, la tendance était plutôt à la démolition et on ne portait que peu d’importance au patrimoine. Depuis les années 1990, les consciences ont évoluées. On a ouvert les yeux sur les merveilles qui nous entourent. Il faut redoubler d’effort pour préserver, valoriser les constructions patrimoniales et les adapter à nos besoins. Notre rôle est de réussir à transmettre notre amour du patrimoine auprès de nos différents partenaires, autant les propriétaires des biens publics ou privés que les entreprises.
En Isère, on a une chance inouïe. On peut citer différentes pépites architecturales telles que Crémieu, la maison des Dauphins à la Tour-du-Pin, la Côte-Saint-André, etc. mais on trouve une spécificité réelle à Vienne. C’est une ville extraordinaire malheureusement méconnue. Il existe une grande majesté dans le centre de Vienne : un temple romain en plein centre-ville, de magnifiques cours intérieures, des joyaux architecturaux issus de l’Antiquité, etc. Cette immense richesse patrimoniale reste cachée et assez peu valorisée.
Il y a le Site Patrimonial Remarquable qui permet de travailler sur la valorisation patrimoniale mais les erreurs ont été faîtes avant et aujourd’hui c’est difficile de trouver les leviers pour améliorer le cadre de vie et valoriser les patrimoines. On y travaille.
« Vienne. C’est une ville extraordinaire malheureusement méconnue. Il existe une grande majesté dans le centre. »
Sur la fameuse route de Vienne, ancienne voie romaine, j’ai vu les murs s’écrouler. Initialement murs en pisé, puis ils ont été enduits en ciment, puis détruits. Les maisons en bord de Rhône ne sont pas mises en valeur. La renommée de la voie romaine s’est perdue, l’implantation des infrastructures «a esquinté» la ville. Aujourd’hui la ville de Vienne est «coincée» La vallée de la Gère et ses bâtiments industriels offrent une incroyable, ambiance. La mise en scène de l’ouverture sur le Rhône depuis la vallée de la Gère pourrait être exceptionnelle.
Mon quotidien m’a aussi amené à porter un regard sur les constructions récentes. Il faut dire que l’urbanisation galopante dans le secteur de Vienne et dans l’ensemble de la vallée du Rhône est frappante.
A Chasse-sur-Rhône, de nombreux lotissements ont été construits sur le coteau, très abrupt. Aujourd’hui, ces secteurs sont en zone rouge du Plan de Prévention des Risques. Le danger c’est l’eau. Le problème ne vient pas de la rivière qui monte mais bien du glissement de terrain. Il est essentiel d’avoir une réflexion sur la viabilisation des terrains et veiller à ne pas créer des sillons ou des torrents en cas de fortes pluies. . .
« Moi j’aime bien les maisons anciennes mais surtout pour leur implantation dans un terrain. Aujourd’hui, on a perdu le sens de l’implantation et des vis-à-vis. »
En Isère, tous les terrains constructibles on été pris d’assaut et construits. Le «mal» est fait. Trop d’exemples de lotissements illustrent comment on peut consommer maladroitement des terres. Je ne suis pas pour les petites parcelles par contre, si on a une grande parcelle, il faut pouvoir en profiter donc réfléchir à l’implantation des constructions par rapport au contexte afin de permettre l’utilisation des espaces extérieurs sans vis-à-vis, abrités des vents dominants et ensoleillés, etc.»
Le Rhône forme la limite départementale avec les départements de l’Ain et du Rhône. Le parcours du fleuve façonne des paysages de balcons et marais en amont de Lyon, au nord du département, et un paysage de vallée encaissée (couloir) en aval.
Les balcons inclinés depuis les coteaux de la vallée de la Bourbre, jusqu’au Rhône abritent un territoire de marais, autour du ruisseau de Charvas.
Le balcon a été formé par un ancien passage du fleuve qui s’écoule aujourd’hui plus au nord. Cette modification de tracé a créée un espace tampon, aujourd’hui milieu humide entre le balcon et le fleuve.
Les balcons de Villette-d’Anthon ne bénéficient pas de la vue sur le fleuve mais sur une vaste forêt alluviale autour des anciens bras du Rhône.
La partie avale de Lyon est caractérisée par le profil encaissé d’une vallée très urbanisée, dans laquelle le fleuve est endigué pour laisser la place aux infrastructures et à au développement urbain.
Les paysages du nord ouest du département de l’Isère sont contraints par les coteaux abrupts et l’étroite plaine alluviale du fleuve : le couloir rhodanien.
Le fleuve forme deux méandres, au niveau desquels le couloir s’élargit et érode des amphithéâtres, sur les rives concaves, à Vienne (Isère) et à Givors (département voisin).
Les petites vallées encaissées des ruisseaux affluents du Rhône, la Gère, la Véga et la Sevenne, constituent des structures paysagères bien dessinées dans les paysages : cours d’eau canalisé, fond de vallées très étroits et coteaux très abruptes s’élevant en moyenne à 100m.
Contrairement à la partie amont de Lyon, cette partie avale offre une covisibilité quasi constante sur le versant opposé, situé dans le Parc naturel régional du Pilat.
Autant dans la partie amont que dans la partie avale, les territoires de l’ensemble paysager sont historiquement liés aux cours d’eau mais l’observation des paysages actuels traduit une relation sensible voire «difficile» entre les espaces d’habitat et les rivières. Les berges des rivières et du fleuve ne sont aujourd’hui pas accessibles.
« La morphologie de l’ensemble, structuré par l’axe majeur du Rhône et les ouvertures secondaires des vallées de la Vega et de la Gère.»
Le socle géographique, érodé et façonné par le réseau hydrographique à travers les les années, offre aujourd’hui de vastes milieux humides au territoire de la Grande Plaine du Rhône et de l’Ain.
Ces milieux composés de feuillus et de vivaces aquatiques sont riches en biodiversité et font l’objet des mesures de gestion et de protection particulières plus ou moins volontaristes. La proximité avec l’agglomération lyonnaise expliquent les menaces sur ces espaces convoités. A premières vue ces paysages semblent naturels mais ils sont fortement anthropisés : reprofilage pour remettre en eau les marais, débardage et taille sévères pour ouvrir les milieux, pâturage pour maintenir des espaces de pelouses et prairies,etc. :
Deux typologies de milieux humides structurent les paysages : les ripisylves et les marais:
A la marge par rapport à d’autres vallées du département, certaines zones de peupleraies occupent le couloir rhodanien et participent à la fermeture des paysages de fond de vallée.
Le caractère abrupt des coteaux décrit précédemment explique qu’ils soient couverts de boisements aujourd’hui. Même si depuis une vingtaine d’années, les plantations de vignes réapparaissent sur les coteaux, le boisement reste dominant. Une telle pente rend difficile les cultures et l’habitat. La vigne qui occupait anciennement les coteaux a été remplacée par une extension des boisements, alors que la vigne occupe aujourd’hui d’autres secteurs, plus haut , qui n’étaient pas viticoles en 1850.
La comparaison des cartes anciennes avec celles d’aujourd’hui illustre la permanence et le développement du bois : motif paysager déterminant dans l’appréhension des paysages de la vallée du Rhône et de ses affluents. Ils offrent un écrin aux paysages urbanisés et équipés de la vallée et créent une transition avec l’arrière-pays.
Sur ce territoire sous influence de la forte pression urbaine de l’agglomération lyonnaise, les espaces boisés assurent des coupures d’urbanisation entre chaque ville et village. Ces boisements historiques, car présent sur la carte de l’État Major datant du 19e siècle, présentent un grand intérêt pour limiter l’étalement urbain dans un territoire convoité pour le développement de l’habitat et de l’agriculture industrielle.
Souvent associés à des cultures, les boisements apportent une diversité dans le paysage ouvert, urbanisé et cultivé des bords de Rhône.
La Grande Plaine du Rhône et de l’Ain se caractérise essentiellement par des paysages cultivés, mais aussi par des paysages de polyculture et polyélevage.
L’ensemble est majoritairement couvert par des grandes cultures, dans une moindre mesure par des prairies.
Les grandes cultures notamment le maïs sont prédominantes dans les paysages agraires. Les cultures céréalières sont présentes comme le blé, qui représente 21 % de la surface agricole, ou encore le colza, le soja et le tournesol.
En 2020, 42 cultures ont été recensées par la PAC (Politique Agricole Commune) sur l’ensemble paysager ce qui montre une certaine diversité des paysages agricoles.
Le nombre d’exploitations a diminué d’environ 57 % de 1988 à 2010. La Surface Agricole Utilisée (SAU) a elle aussi baissé de 10 % sur cette même période. Ces évolutions reflètent l’agrandissement des parcelles et l’homogénéisation du paysage agricole, allant de pair avec la réduction de la polyculture et du polyélevage sur le territoire.
Cette partie du territoire possède des sols équilibrés, caractéristiques des terrains soumis à l’excès d’eau. Ils présentent une bonne fertilité agricole.
La plaine irriguée favorise les grandes cultures sur la quasi-totalité de la portion de l’ensemble. Les prairies sont localisées autour des corps de ferme. L’élevage de bovins, dont le lait est valorisé par l’IGP emmental, est associé à l’élevage avicole en lien avec l’IGP volailles de l’Ain.
Cette partie du territoire possède des sols équilibrés caractéristiques des terrains de vallée, issus de matériaux déposés par le Rhône et ses affluents.
Les parcelles agricoles occupent les terrains en pente et les replats des collines principalement. Les paysages agraires sont partagés entre prairies et cultures.
Les paysages agraires sont marqués par la présence de la vigne sur les coteaux des collines et plateaux des terres froides. Ce vignoble nommé «Vitis Vienna» s’étend le long du Rhône dont les origines remontent à la période antique. Attestant d’un réél ancrage historique, ce vignoble est actuellement en cours de démarche pour obtenir l’AOC.
« La rive droite est occupée par les « Vignes d’Or » de la Côte Rôtie».
Quelques vergers occupent les premiers reliefs de la rive gauche du Rhône et marquent l’identité agricole de la vallée du Rhône. Produisant essentiellement des poires et des pommes, ces vergers s’entremèlent dans les paysages agraires avec les parcelles de cultures et les prairies.
Du fait de la topographie peu prononcée et de la qualité de ses sols, la principale culture est le maïs, s’étendant sur 40 % de la surface agricole.
Le maïs requiert d’importants besoins en eau, la proximité du Rhône et les sols engorgés d’eau une partie de l’année font de la Grande Plaine du Rhône et de l’Ain un territoire adapté pour cette culture.
Ces espaces où le maïs est cultivé, forment des paysages monoculturels mais changeants. La perception de l’horizon évolue en fonction de la saison.
Le territoire possède de nombreuses parcelles de prairies permanentes ou de fauche.
L’ensemble de la Grande Plaine du Rhône et de l’Ain est couvert par l’IGP Emmental français est-central, ce qui se traduit dans les paysages avec une forte présence de bovins dans les pâtures pour la production laitière.
Ce label pérennise aujourd’hui ces parcelles pâturées et ces paysages ouverts comme justification économique notamment.
Les paysages de la Grande plaine du Rhône et de l’Ain sont largement dominés par les constructions. La composante bâtie s’étend sur l’ensemble du territoire, à l’exception des terrains trop pentus des coteaux et dans les zones humides.
Les paysages sont façonnés par des continuums urbains, dans la partie amont et dans la partie avale de Lyon. Les horizons sont toujours occupés par des ensembles bâtis.
L’urbanisation est drainée par l’axe rhodanien. L’attractivité résidentielle, et industrialo-commerciale, est expliquée par la proximité de Lyon. Le territoire est compris dans la grande couronne urbaine lyonnaise. Ces territoires situés stratégiquement sur les grands axes de communication historiques constituent l’un des berceaux des premières implantations humaines sur le département de l’Isère.
« Ces paysages ne sont donc pas exempts d’occupation résidentielle, proximité de Lyon oblige. Elle s’affirme souvent à travers la maison individuelle qui profite souvent de sites épargnés par l’industrialisation ».
Comme une antenne de Vienne, Pont-Evêque présente un paysage authentique au bord de l’eau avec une unité architecturale industrielle remarquable qui témoigne d’une dynamique économique passée, en désuétude aujourd’hui. Contraintes par la topographie, les extensions urbaines résidentielles et commerciales occupent les coteaux et le plateau. Cette forme de développement de l’urbanisation façonne des paysages urbains banals caractérisés par des lotissements résidentiels et zones d’activités à l’architecture véhiculaire (par opposition à l’architecture vernaculaire qui est propre à une région donnée, en adéquation avec le territoire dans lequel elle se trouve ainsi qu’avec ses habitants) et où les espaces publics sont surtout aménagés pour la voiture.
« Nombre de motifs d’intérêt de cette activité multiséculaire ont survécu aux transformations des siècles, et évoquent, au fil des itinéraires de découverte, les diverses périodes de l’intense activité industrielle de la vallée. »
Pôle urbain important profitant d’une situation stratégique à 20min de Lyon, au carrefour de 3 départements, la ville balcon du nord Isère offre aujourd’hui un cadre de vie agréable même si le paysage urbain tend à se banaliser et la situation de balcon sur le Rhône manque de valorisation. Cette situation stratégique en balcon explique la notoriété de la ville depuis l’époque gauloise et la présence d’un bâti patrimonial (tour et château).
Carrefour historique commercial (axe romain (Vienna / Lugdunum), terrain de chasse des seigneurs de Seyssuel, puis haut-lieu de la production sidérurgique de la vallée), la ville dynamique de Chasse-sur-Rhône, associée à Givors, constitue un pôle urbain à 15 min de Lyon offrant deux situations paysagères distinctes : le paysage urbain industriel sur le «bas» et le paysage urbain résidentiel qui tend à s’industrialiser sur les «hauteurs». La diversité architecturale de la commune témoigne du passé riche et dynamique : zone industrielle de l’Islon, cités ouvrières, châteaux, manoirs et façade bâtie patrimoniale.
Capitale de la tribu gauloise des Allobroges et de l’Empire romain, puis haut-lieu de pouvoir du clergé au Moyen-Age et pôle principal à l’ère industrielle, les paysages urbains de la « Ville d’Art et d’Histoire» sont façonnés par l’exceptionnel patrimoine architectural construit sur un site géographique remarquable : un amphithéâtre urbain qui s’ouvre sur le Rhône.
La valorisation des 45 monuments et sites historiques et le SPR (Site Patrimonial Remarquable, anciennement ZPPAUP), comprenant la vallée de la Gère, témoignent de la volonté politique d’intégrer le développement urbain actuel autour de ce patrimoine pour continuer à composer l’extraordinaire palimpseste urbain (paysage qui laisse apparaître les traces des aménagements antérieurs, et qui permet de lire le temps dans l’espace).
« Cette ville dont le paysage, comme celui de toute cité au passé très ancien, est composé d’une richesse de monuments à valeur symbolique exceptionnelle ».
« La fortune historique de la ville fut assurée par son triple rôle portuaire, commercial et politique ».
« Le Grand Théâtre, l’un des plus vastes du monde romain, fut inscrit dans le versant ouest du Mont Pipet et témoigne de la façon exemplaire dont le monde méditerranéen sait conjuguer ses motifs bâtis avec ceux du relief ».
Le territoire est traversé par des axes de communication structurants à l’échelle du département et de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Les voies de transport, orientées principalement sur un axe Nord-sud, permettent de relier La Grande Plaine du Rhône et de l’Ain aux agglomérations (Lyon, Valence, Grenoble, etc.)et territoires voisins. Les axes majeurs de déplacement du territoire sont :
Les départementales D 517 et D55 traversent la plaine au nord de l’ensemble paysager et créent des connexions linéaires avec l’agglomération lyonnaise.
Au sud-ouest de l’ensemble paysager, le territoire étant fortement contraint par le relief et la présence du Rhône, les voies de communication suivent le fleuve ou bien s’immissent dans les fonds des vallées s’ouvrant sur Vienne.
Plusieurs connexions douces comme la ViaRhôna et le GR 422 sur les pas de Charles IX sont présentes sur le territoire et permettent de relier la plaine de l’Est lyonnais au pays viennois.
« Si la ville (Vienne) est devenue l’une des cités les plus brillantes de l’Isère, c’est en effet largement pour être située au carrefour de la moyenne vallée du Rhône, franchissable en cet endroit, et des voies conduisant au coeur du massif alpin ».
Le pays viennois mais également la plaine de l’est lyonnais sont des territoires traversés et fortement fréquentés.
Autour de Vienne et de Chasse-sur-Rhône, les infrastructures de transport linaires suivent le Rhône et occupent une grande superficie de la rive gauche du fleuve. Les paysages de la vallée du Rhône sont ainsi traversés par les voies de communication et sont façonnés par leurs évolutions et développements.
Formant des coupures et des discontinuités dans les paysages, le Rhône est mis à distances de ses communes voisines. L’eau est visible mais peu accessible car les franchissements des axes de communication sont peu présents.
La ViaRhôna, qui relie le Lac Léman à la Mer Méditerranée, parcoure l’ensemble paysager. Cet itinéraire reconnu et très fréquenté est un facteur d’attractivité pour le territoire car il invite à la découverte des paysages du Rhône et sa biodiversité grâce aux modes doux.
Dans la plaine de l’est lyonnais, la ViaRhôna traverse les paysages agraires en se détachant des rives du Rhône avant de rejoindre Lyon.
Près de Vienne, son parcours se poursuit sur la rive droite du fleuve, au pied du massif du Pilat et offre ainsi des vues remarquables sur la cité antique et les reliefs environnants.
Etant donné que le fleuve forme une limite naturelle entre les départements de l’Isère, de l’Ain et du Rhône, le territoire se parcourt le plus souvent en restant sur une seule et même rive. Les franchissements sur le Rhône sont peu nombreux ce qui crée une rupture physique entre les deux berges.
Quelques ponts remarquables, notamment à Vienne en tant qu’ouvrage d’art, permettent de connecter les deux rives et offrent des vues paysagères sur le fleuve.
La lecture des paysages est issue de la conjugaison des thématiques observées dans les chapitres précédents. Mais les paysages sont aussi constitués par le regard que l’on porte sur eux et des images que l’on s’en fait, nourris par un imaginaire social et culturel. On ne pourrait donc pas comprendre leur construction sans tenir compte des fondements culturels qui ont forgé leurs représentations sociales.
Voici quelques faits historiques et culturels locaux qui ont marqué les esprits, ont participé à la représentation sociale des paysages et influencent notre manière de les percevoir.
Les premières occupations du site de Vienne datent du néolithique moyen, autour de 3 000 av. JC. Vers le Ve siècle av. JC, les Allobroges (peuples gaulois celtes) définissent Vienne comme leur capitale pour contrôler l’ensemble du territoire entre Genève et le massif du Pilat.
En 66 av. JC, Vienne devient une cité romaine riche et puissante, dont de nombreux vestiges en témoignent encore aujourd’hui : le Temple d’Auguste et de Livie, le Théâtre antique, le site archéologique de Saint-Romain-en-Gal, l’Odéon, les voies romaines, etc.
Les abords du Rhône au nord de l’Isère, notamment la commune de Villette-d’Anthon, sont également des territoires convoités et occupés par les romains et avant par les allobroges, dont des vestiges celtes de cette époque existent encore aujourd’hui.
« L’auguste Vienne. L’épithète, de Paul Dreyfus (1980, 215), donne une juste image de cette ville dont le paysage, comme celui de toute cité au passé très ancien, est composé d’une richesse de monuments à valeur symbolique exceptionnelle »
Les fourneaux et fonderies de Chasse-sur-Rhône (www.chasse-sur-rhone.fr)
Carrefour historique, la ville de Chasse-sur-Rhône bénéficie depuis l’antiquité de sa proximité des axes commerciaux que sont le Rhône et l’axe romain reliant Vienne à Lyon.
L’essor industriel de la ville se fait avec la création en 1855 de la Société des Hauts Fourneaux qui installe un Haut-fourneau à Chasse, une installation qui permet d’obtenir de la fonte à partir de minerai de fer brut.
Cette industrie contribuera à la première guerre mondiale par la fabrication d’obus. Aujourd’hui, différents acteurs industriels font perdurer cette activité dans la Zone Industrielle de l’Islon.
La filature à Vienne (www.vienne.fr)
Au début du XIXe siècle, les bords de la Gère, rivière située au nord de Vienne, accueillent de nombreuses usines textiles, attirées par l’utilisation de la force motrice de l’eau. L’industrie textile viennoise reste florissante jusqu’au XXe siècle puisqu’elle a fourni à l’armée, durant la Première Guerre Mondiale, des tissus de troupes ainsi que des cartouches pour munitions d’armes à feu. L’arrivée de nouvelles matières synthétiques entraine progressivement la fermeture des usines jusqu’en 1995, fermeture de la dernière filature. .
Le Musée de l’Industrie textile de Vienne permet de faire découvrir ces activités anciennes et notamment la production de draps de laine cardée qui a fait la renommée de la ville.