Atlas des paysages
Département de l'isère

Ensemble paysager

5.05

les collines du rhône dauphinois

Les communes de l'ensemble paysager par unité paysagère

Annoisin-Chatelans • Bouvesse-Quirieu • Charette • Chozeau • Corbelin • Courtenay • Crémieu • Dizimieu • Faverges-de-la-Tour • Frontonas • Hières-sur-Amby • La Balme-les-Grottes • Montalieu-Vercieu • Moras • Optevoz • Panossas • Parmilieu • Porcieu-Amblagnieu • Saint-Baudille-de-la-Tour • Saint-Hilaire-de-Brens • Saint-Marcel-Bel-Accueil • Siccieu-Saint-Julien-et-Carisieu • Soleymieu • Trept • Vénérieu • Vernas • Veyssilieu • Villemoirieu
Arandon-Passins • Bourgoin-Jallieu • Bouvesse-Quirieu • Cessieu • Chimilin • Corbelin • Courtenay • Creys-Mépieu • Dolomieu • Granieu • La Bâtie-Montgascon • La Chapelle-de-la-Tour • La Tour-du-Pin • Les Avenières Veyrins-Thuellin • Montcarra • Morestel • Rochetoirin • Ruy-Montceau • Saint-Chef • Saint-Clair-de-la-Tour • Saint-Hilaire-de-Brens • Saint-Jean-de-Soudain • Saint-Marcel-Bel-Accueil • Saint-Savin • Saint-Sorlin-de-Morestel • Saint-Victor-de-Morestel • Salagnon • Sermérieu • Soleymieu • Trept • Vasselin • Vénérieu • Vézeronce-Curtin • Vignieu

menU ep

Motifs paysagers structurants

Un grand plateau karstique incliné vers l’est, bordé à l’ouest par des falaises d’environ 200 mètres d’altitude, entaillé de gorges et séparé des collines sableuses de Morestel et Saint-Chef par la plaine de Catelan et le ruisseau de la Save

Des paysages convoités, pour leur proximité des grands pôles urbains de Lyon, Grenoble et Chambéry, leur dimension bucolique et pittoresque et leurs nombreux éléments de patrimoine bâti et naturel

Un patrimoine bâti d’une grande diversité architecturale, entre châteaux, maisons-fortes et éléments vernaculaires (pierres plantées, fontaines, lavoirs, etc.), relative aux différents sous-sols, employant principalement les calcaires locaux, la terre crue, l’argile et la lauze de toiture

Des paysages d’une grande richesse de milieux naturels humides de haute qualité, étangs ou prairies boisées de saules, d’aulnes et de peupliers, accueillant une faune aquatique diversifiée

Des paysages alternant grands boisements purs de chênes, grandes cultures, prairies pâturées et milieux humides, ponctués par les villages groupés ou étalés

1. à premières vues

« Toutes les conditions sont réunies pour faire des paysages de l’Île Crémieu les paysages les plus pittoresques de l’avant-pays dauphinois sinon de l’Isère entière. »

« Le pays est comparable à un labyrinthe, que ce soit en surface, s’agissant des chemins qui le parcourent et mettent les sites en relation, ou en profondeur, dans les kilomètres de galeries souterraines qui redoublent son mystère. Il semble avoir toujours été habité, plus ou moins secrètement, plus ou moins ouvertement. »

« On y reconnaît un de ces paysages de collines où l’activité agricole est encore très présente et maintient des continuités ouvertes au milieu de boisements cependant importants sur les pentes les plus fortes. »

Les paysages des collines du Rhone dauphinois sont composés de trois grandes structures paysagères aux ambiances différentes. De manière générale, ils constituent un objet de convoitise pour les urbains souhaitant profiter des atouts d’une campagne bucolique et pittoresque, aux nombreux éléments de patrimoine, culturels, bâtis et naturels. Il s’agit d’un cadre de vie préservé, territoire facilement accessible et connecté aux grands pôles urbains à proximité et aux paysages de qualité.

Mais l’est et l’ouest, aux reliefs distincts, se présentent différemment, l’ouest étant moins urbanisé que l’est. On peut facilement se retrouver seul au milieu du grand plateau de l’Isle-Crémieu, alors qu’il est difficile de trouver un horizon qui ne soit pas jalonné de constructions récentes dans les collines de Morestel et de Saint-Chef, sous pression de l’urbanisation de la vallée de la Bourbre.

2. Regard d'acteur

« Le plateau de l’Isle-Crémieu, lieu de passage vers Grenoble, renferme des richesses naturelles et paysagères uniques en Isère »
Raphaël QUESADA

Directeur de l’Association Nature Nord-Isère « Lo Parvi », L’Isle-Crémieu

« Natif du territoire des collines du Rhône dauphinois, j’y suis resté durant toute ma vie et je me suis engagé, par le mode associatif, pour sa protection afin de le faire reconnaître à sa juste valeur aux yeux de tous. Notre rôle dans le paysage, c’est la mise en place de différents outils ayant pour but la préservation du patrimoine naturel, repris dans les documents de planification.

Les collines du Rhône dauphinois sont souvent méconnues car uniquement perçues et pratiquées comme un lieu de passage pour aller vers Grenoble et les paysages de montagnes à l’est du département. Néanmoins, le plateau de l’Isle-Crémieu renferme des richesses naturelles et paysagères uniques et diversifiées. De vastes mosaïques paysagères se forment : par exemple, un basculement franc de falaises rocheuses vers des zones de tourbières au plateau de Larina, une succession de boisements plus ou moins denses avec une omniprésence de l’eau. Ainsi, cette diversité paysagère se retrouve dans la faune, la flore, leur habitat : toute la biodiversité.

« Le marais du Catelan a un énorme potentiel paysager et écologique de part sa situation géologique ».

Aujourd’hui, lorsque j’observe les paysages de plaine des collines du Rhône dauphinois, je me prends à rêver de l’harmonie entre la part importante de grandes cultures et des zones humides du Catalan. Ce marais a un énorme potentiel paysager et écologique du fait de sa position sur un plateau calcaire et sa proximité de grandes cultures céréalières et de maïs. Sa mise en valeur par un retour en eau formant le plus grand marais de l’Isère améliorerait la qualité de l’eau et surtout la qualité paysagère du lieu, avec un paysage de tourbières étant davantage fermé par rapport à aujourd’hui.

Néanmoins, ce paysage utopique de cette partie de la plaine devient de moins en moins réaliste vis-à-vis du développement de la culture de chanvre. En effet, la mise en place de ce type de culture, servant dans la composition du béton pour le rendre isolant, créerait un renouveau de la filière agricole existante. Ces cultures peuvent être de réelles alternatives au maïs car la plante est bien moins gourmande en eau, surtout l’été. Cela fait sens avec les problématiques autour de l’eau présente dans le département aujourd’hui et probablement dans les années à venir.

« La mise en place de la culture du chanvre créerait un renouveau de la filière agricole existante ».

Notre principal objectif dans ce territoire, c’est de maintenir des paysages ouverts, par la sauvegarde d’espaces de prairies accueillant les animaux d’élevage, de vastes espaces de zones humides et de tourbières et de veiller à l’équilibre avec les espaces de grandes cultures. Nos actions auprès du patrimoine naturel sont : de classer l’existant, sous forme d’inventaires, de l’entretenir par diverses opérations, par exemple pour les étangs, des curages pour évacuer de potentiels éléments polluants, de le sauvegarder par des périmètres de protection et de le valoriser auprès de tous les acteurs locaux par le biais de la médiation et de la mise en norme dans les documents de planification.

« Le plateau de l’Isle-Crémieu, lieu de passage vers Grenoble, renferme des richesses naturelles et paysagères uniques en Isère ».

L’exemple le plus marquant en termes de coopération de nos services pour la sauvegarde d’une qualité paysagère, c’est vis-à-vis des carrières. Dans cette partie de territoire, elles sont souvent « en dent creuse », c’est-à-dire qu’elles sont presque invisibles dans le paysage vu du sol. Nous travaillons en coopération avec les carriers sur les aménagements pour réduire leur impact visuel et leurs effets sur la biodiversité.

Au sujet des enjeux sur ce territoire, j’en vois 2 principaux :

Le premier concerne les étangs du territoire. La plupart sont gérés par le département par le label ENS notamment, avec des mises en place de plans de gestions. Cependant, il en reste encore qui sont privés et donc non régis par une politique de gestion et d’entretien. Le principal risque encouru est la transformation du milieu en des espaces de boisements dans un siècle.

« Un des gros changements depuis ces dernières années, c’est l’avancée de l’urbanisation ».

Le deuxième enjeu concerne l’avancée de l’urbanisation. L’équilibre entre paysage naturel et paysage bâti disparaît peu à peu dans la commune de Vézeronce-Curtin et ses alentours. La pression foncière accélère la disparition des zones agricoles et zones humides au profit de logements d’habitation formant plusieurs conurbations depuis une vingtaine d’années. Évidemment, d’un point de vue d’accroissement démographique dans cette partie du territoire, cette poussée d’urbanisation est un phénomène inévitable mais il peut être accompagné avec une qualité paysagère, une meilleure prise en compte des corridors écologiques et d’autres biais d’amélioration que nous essayons de faire valoir ».

3. Composantes paysagères

3.1 - Des paysages ondulés, parfois escarpés et des milieux humides

Caractéristiques
RELIEF & HYDROGRAPHIE

  • À l’ouest, un grand plateau dominant la plaine du Rhône de 200 mètres, entaillé de gorges menant aux « bourgs-portes » de l’ensemble, Crémieu et Hyères-sur-l’Amby
  • En son sein le plateau recèle un vaste réseau karstique dont la grotte la plus célèbre est la grotte de la Balme
  • Un territoire de collines et de milieux humides à l’est, ponctué de tourbières et d’étangs naturels protégés, constitué d’un sous-sol calcaire
  • De longues collines au sud, constituées de calcaire et de versants sableux
  • Une vaste plaine alluvionnaire (le Grand Marais ou plaine de Catelan), ancien marais asséché par de nombreux canaux, séparant l’ensemble paysager en deux parties

Le plateau ondulé et les gorges de l’Ile-Crémieu

« L’Île Crémieu est un plateau entouré de tous côtés de vallées inondables. […] C’est un plateau calcaire de 325 m d’altitude moyenne, limité par des failles. L’Île Crémieu est le dernier chaînon Sud du Jura, séparé du Bas Bugey par le Rhône.
Bien que peu élevée, l’Île Crémieu, ou plateau de Crémieu, domine par des falaises de 200 m la plaine de l’Est Lyonnais.
En son sein le plateau recèle un vaste réseau karstique dont la grotte la plus célèbre est la grotte de la Balme. »

« Au titre du relief, ce sont surtout les falaises calcaires couronnées de leurs forêts de chênes, les vallées étroites comme le Val d’Amby et les gorges étroites et profondes comme celles de la Tyne et de la Fusa, qui seules donnent accès au cœur du pays. »

À l’est, un relief plus bas constitué de petites collines et petites buttes

« Le plateau de l’Île Crémieu est incliné vers l’Est, où les formations calcaires disparaissent sous la couverture d’alluvions glaciaires et fluvio-glaciaires. Le modelé actuel s’est mis en place lors du retrait des glaciers, les moraines formant les reliefs dominant les nappes d’alluvions fluvio-glaciaires. »

« Le paysage reste localement vallonné aux marges de la grande plaine du Rhône. »

 

Les collines de Morestel et de Saint-Chef

« Ces collines sont les molards, reliefs particuliers en forme de digitations allongées en direction de la plaine de la Bourbre. […] »

Les plaines, les étangs, les marais…

La plaine de Catalan, prolongée par celle de la Save, s’étend d’est en ouest en séparant l’ensemble en deux parties distinctes aux reliefs propres. Elle fait le lien entre les vallées de la Bourbre et du Rhône, en s’ouvrant largement à leur contact.

« La plaine des marais, avec ses cultures et de ses peuple- raies, préservées de tout empiétement grâce à leur inondabilité. »

« Le réseau hydrographique très artificialisé draine la vallée de la Bourbre et, vers le Nord, le Grand Marais. Ce marais a été asséché sous l’Empire par le mathématicien Joseph Fourier, alors préfet de l’Isère. Mais ces parages autrefois insalubres ont repoussé l’habitat sur les hauteurs voisines. »

« A Arandon, le paysage se fait plus naturel et plus sauvage, entre petites collines, marais et étangs dont les perceptions restent cependant limitées du fait des masses végétales qui font écran ».

Les étangs sont des milieux naturels caractéristiques des collines du Rhône Dauphinois. Ils témoignent du passé glaciaire du territoire où les anciens glaciers, lors de leur retrait, ont imperméabilisé les sols pour former ces petites étendues d’eau.

… et leurs origines glaciaires

« Couvert par les glaciers quaternaires, le plateau présente une morphologie glaciaire importante (crêtes morainiques, mardelles, blocs erratiques etc.). Les paysages variés qui en résultent comptent de nombreuses zones humides, étangs et tourbières, tant sur le plateau qu’en pied de falaise. »

Le relief de l’ensemble est essentiellement dû au passage et à la fonte du glacier du Rhône. Son avancée et son retrait ont créé les différentes formations géologiques, dont les plus récentes sont les dépôts de limons et tourbes qui ont formé les étangs, marais et tourbières, protégées par des réglementations communales ou départementales.

3.2 - Des boisements de feuillus couvrant les collines ou leurs versants

Caractéristiques
VÉGÉTATION

  • Des paysages boisés où les essences feuillus prédominent
  • Des boisements soulignant les gorges et les formes arrondies de l’Isle Crémieu ainsi que les coteaux des collines de Morestel
  • Des boisements linéaires composés de haies bocagères, d’arbres d’alignement, de peupleraies et de ripisylves structurant les espaces agricoles et révélant la présence de l’eau
  • Des forêts exploitées par les activités sylvicoles
  • Des forêts alluviales et des milieux aquatiques comme patrimoine naturel remarquable
  • De nombreuses zones humides, réservoirs de biodiversité

Une implantation des boisements inversée entre le nord et le sud

Les bois, où dominent le chêne, le charme, l’acacia et le châtaignier, couvrent les accidents du relief.

 

La composition des sols et sous-sols, différente entre l’ouest (le plateau de l’Isle Crémieu) et l’est (les collines de Morestel), est lisible dans les paysages à travers l’implantation des essences végétales, les espèces s’adaptant à la nature de leur substrat. Par exemple, les châtaigniers préférant les sols drainants, ils se sont installés sur les versants des collines composés de lits de sable.

Les forêts sont exploitées pour les activités sylvicoles et permettent ainsi de valoriser le patrimoine forestier. Plusieurs scieries sont installées à l’est de l’ensemble paysager.

« L’impression dominante des collines de Saint-Chef est celle d’un vaste plateau d’un seul tenant en contact direct avec le ciel […] bois de chênes et de charmes sur les pentes les plus fortes. Quant au réseau des haies d’aulnes, de saules, de frênes, de chênes et de châtaigniers, il est très fragmenté ».

Des paysages visibles au rythme de l’ouverture des boisements

Le territoire présente des boisements qui cadrent le paysage et orientent les points de vue.

Les longues ripisylves, les haies bocagères, les plantations de peupliers très ordonnées et les arbres d’alignement ponctuant les abords des routes, rythmant les paysages aux formes douces et formant des motifs de verticalité.

Composés uniquement de feuillus, ces boisements accompagnent les différentes composantes paysagères : ils structurent les parcelles agricoles, soulignent le relief et marquent les entrées des villes et villages.

Les ESPACEs NATURELs SENSIBLEs liés aux étangs et à leur végétation spécifique

Les Collines du Rhône Dauphinois possèdent 3 Espaces Naturels Sensibles Départementaux et de nombreux ENS locaux pour préserver les paysages, les milieux et les habitats naturels des étangs :

  • l’ENS ‘Etangs et landes de Billonay, Neuf et Rama’
  • l’ENS de la Save
  • l’ENS de l’étang de Lemps

Certains marais et étangs comme ceux de Passins témoignent d’activité artisanales passées comme la récolte de la blache (plante herbacée du genre carex, également appelée laîche, caractéristique des milieux humides, qui était utilisée en litière ou fourrage) et l’extraction de la tourbe comme combustible.
Aujourd’hui, suite à la canalisation de la Save et à l’exploitation industrielle de la tourbe pour l’horticulture, les marais proches du cours d’eau ont laissé place à une suite d’étangs formant des continuités écologiques importantes et des zones riches en biodiversité.

3.3 - Une agriculture dynamique maintenant l’ouverture des paysages

Caractéristiques
AGRICULTURE

  • Une agriculture dynamique produisant des paysages composés par l’activité pastorale et les grandes cultures
  • De grandes cultures très ouvertes dans les plaines ou sur les crêtes des collines, notamment la plaine de Catelan dominée par la maïsiculture
  • Principalement sur le plateau de l’Isle Crémieu et sur les versants des collines, de grands paysages de prairies ouvertes interrompues par des haies
  • Une agriculture de grande production très consommatrice en eau, irriguée dans des plaines drainées à caractère humide

Des espaces agricoles ouverts, composés de parcelles cultivées et de prairies

Les Collines du Rhône Dauphinois présentent une topographie peu marquée où les sols, issus de matériaux calcaires, offrent majoritairement des paysages de prairie.
L’ensemble du territoire est majoritairement couvert par des espaces pâturés et des grandes cultures, dont 18 % de maïs et 11 % de blé. Ces deux types d’agriculture s’équilibrent et s’entremêlent dans les paysages. Les autres cultures présentes sont peu visibles et représentent moins de 4 % du territoire.

Les parcelles en grandes cultures sont concentrées au cœur de l’ensemble paysager et au sud, sur les surfaces les plus planes. Quant aux prairies, elles dominent les extrémités ouest et est.

L’ensemble paysager accueille une diversité de systèmes culturaux et d’élevage créant une multitude de paysages agricoles : grandes cultures, maraîchage, différents types d’élevage (surtout bovins), mais aussi ovins caprins et élevage hors-sol. De la polyculture-élevage est également présente.

« L’impression dominante est celle d’un vaste plateau d’un seul tenant en contact direct avec le ciel sur lequel les spéculations agricoles se répartissent de la façon suivante : prairies de fonds de vallées, céréales sur les bas de versants.»

« Les vues vers Morestel, à l’ouest, sont superbes. On y reconnaît un de ces paysages de collines où l’activité agricole est encore très présente et maintient des continuités ouvertes au milieu de boisements cependant importants sur les pentes les plus fortes.»

 

Un territoire irrigué en évolution

Les collines du Rhône Dauphinois comprennent une vaste plaine irriguée et quadrillée par de nombreux canaux, comme celui de Catelan, qui ont été creusés par l’homme pour drainer cette zone marécageuse et offrir des terres fertiles à l’agriculture.

Le territoire à l’ouest des Collines du Rhône Dauphinois fait partie des sites les plus irrigués en Isère en 2010 et a connu une hausse de ses surfaces approvisionnées en eau entre 2000 et 2010.

Le territoire à l’est fait également partie des sites les plus irrigués en Isère en 2010. Cependant, ses surfaces approvisionnées en eau ont diminué entre 2000 et 2010.

« Le paysage agricole a un parcellaire large, souvent limité par des ruisseaux, mais le réseau hydrographique est très artificialisé dans les fonds de vallées. »

Entre 1988 et 2010, le nombre d’exploitations a diminué d’environ 53 %. La Surface Agricole Utilisée (SAU) a elle aussi baissé de 7 % sur cette même période. En 1988, la surface agricole était majoritairement couverte par des systèmes de grandes cultures et des systèmes de polyculture et polyélevage. Des élevages de bovins laitiers, d’ovins et de caprins, mais aussi, un peu d’élevage bovins viande et mixte, du maraîchage et de l’élevage hors-sol étaient également présents.
En 2010, la diversité de cultures est toujours présente, mais les surfaces en polyculture et polyélevage ont fortement diminué depuis 1988. Le nombre d’élevages hors-sol a quant à lui augmenté entre 1988 et 2010.

« Aujourd’hui maïs et ligniculture du peuplier remplacent le plus souvent les anciennes zones humides. Là où la nappe est plus profonde on cultive tabac et céréales. »

Le paysage dans l’assiette

L’ensemble du territoire des collines du Rhône Dauphinois est couvert par des IGP associées à des fromages (Emmental, St Marcellin) ce qui se traduit dans les paysages par une forte présence de prairies pâturées par des bovins pour la production laitière.
Ces labels pérennisent aujourd’hui ces parcelles pâturées et ces paysages ouverts, notamment comme justification économique.

« Dans les collines de Saint-Chef, l’agriculture domine et l’on rencontre même la vigne, toujours bienvenue.»

3.4 - Des paysages convoités mais encore préservés

Caractéristiques
BÂTI

  • Un déséquilibre entre les parties nord-ouest et sud-est du territoire, produisant des paysages préservés sur le plateau de l’Isle-Crémieu et des paysages fortement convoités et en plein développement dans les collines de Morestel et de Saint-Chef
  • Un patrimoine bâti et architectural riche et diversifié, construit en pierre calcaire sur le plateau de l’Isle-Crémieu et aux abords des collines de Morestel, en pisé dans le secteur sud des collines de Saint-Chef
  • De nombreux châteaux et maisons fortes jalonnant le territoire, illustrant son passé riche et dynamique, créant fréquemment des événements paysagers remarquables lorsque l’on traverse les paysages
  • Des «îles» créées par les zones d’activités économiques, peu nombreuses mais très visibles par le fort contraste paysager qu’elles produisent

Un habitat groupé en bourgs et hameaux disposés sur les versants

Les villages des Collines du Rhône Dauphinois marquent les paysages de l’ensemble par leur positionnement et leur organisation en bourgs et hameaux, avec quelques fermes isolées. Cette disposition est d’autant plus lisible dans le secteur nord ouest où l’urbanisation n’est pas encore trop développée. Dans le sud-est, l’urbanisation s’est fortement développée, sous l’impulsion des villes dynamiques situées à proximité de l’autoroute.

Les collines de Morestel et de Saint-Chef.
« On assiste cependant, en dehors des villages, à une tendance nette à l’habitat diffus. Cette tendance, légère au voisinage de l’Ile Crémieu, au nord, s’accentue au fur et à mesure que l’on descend vers le sud et surtout le sud-est vers le plateau de Dolomieu et du Pont- de-Beauvoisin où elle s’affirmera avec le plus de force. »

La localisation des villages sur les replats des coteaux, en situation de balcon sur les plaines environnantes, les rend encore plus visibles. Les paysages sont jalonnés par les clochers et les silhouettes préservées des bourgs, accrochés aux versants boisés, attirant irrésistiblement le regard.

Une diversité de typologies architecturales traduisant la grande richesse du patrimoine

Les collines de Morestel et de Saint-Chef.
« Le bourg lui-même [Saint-Chef] présente encore des ensembles architecturaux de pierre ou de pisé très représentatifs du style local. »

« Autrefois très prospère, l’Île Crémieu a un riche patrimoine culturel et notamment de nombreuses maisons fortes. »

« Ce sont en effet les villages bien groupés à l’architecture qui associe murs de pierre et toits de lauzes, et les fameuses maisons fortes, perchées en nid d’aigle ou solidement enracinées entre les prairies et les lisières de la forêt. »

Des paysages palimpsestes (paysage laissant apparaître les traces des aménagements antérieurs, et permettant de lire le temps dans l’espace)

De nombreux châteaux et maisons fortes composent les paysages des collines du Rhône dauphinois, illustrant sa grande richesse et la convoitise dont ils furent l’objet autrefois. Leur caractère bucolique, paisible et verdoyant, mais aussi ses richesses à exploiter et à défendre, en ont fait un des territoires les plus prisés des seigneurs locaux ou des grands propriétaires. Aujourd’hui, la traversée des collines est rythmée par ses nombreux éléments bâtis patrimoniaux et les multiples traces de son occupation historique, conférant aux paysages un caractère pittoresque d’une grande richesse à préserver.

Le site archéologique de Larina, près d’Hières-sur-Amby, témoigne, sur 21 hectares, d’un habitat néolithique daté de – 3000, et lui-même suivi de différentes occupations jusqu’au VIII° siècle.

Une urbanisation plus développée et un tissu plus récent au sud-est

Si les paysages des collines du Rhône dauphinois disposent de tous les atouts du bucolique et du pittoresque, l’urbanisation galopante du sud-est, à l’approche des villes d’Aoste, Les Abrets et La Tour-du-Pin, lui donne une autre teinte. Et bien que les constructions récentes restent souvent dans la poursuite des caractéristiques locales, leur présence continue le long des routes donne aux paysages des allures de campagne très habitée, voire de périurbain.

« Aujourd’hui l’agriculture (polyculture, vigne, maïs), peu productive, résiste mal à la pression résidentielle : les citadins trouvent sur cette « île », accessible seulement par de rares vallées encaissées (val d’Amby, Gorges de la Fusa), la tranquillité à une trentaine de kilomètres de Lyon. »

« Autour de Bourgoin-Jallieu, l’urbanisation de villas individuelles et de petits immeubles contribue, avec les enfrichements, à une fermeture rapide des coteaux. »

3.5 - Des paysages liés à l’eau, pourvus en équipements hydrauliques

Caractéristiques
ÉQUIPEMENTS

  • Par son relief surélevé, un territoire préservé du passage de grandes infrastructures de transport, mais restant connecté grâce à l’A43 qui le longe
  • Un important réseau de canaux d’assèchement qui structure le paysage de la plaine, à la végétation rivulaire souvent absente
  • Un fort potentiel de circulations douces peu exploité, créé par le relief doux et vallonné et les paysages « pépites » qui rythment sa traversée
  • De nombreuses carrières exploitant le sous-sol calcaire, parfois intégrées par les boisements qui les bordent mais visibles par leurs situations ostensibles

Des paysages préservés de grands équipements routiers

Les 200 mètres d’altitude du plateau de l’Isle-Crémieu le rendent difficile d’accès. L’aménagement de voies rapides pour le traverser est impossible, préservant des infrastructures les parties les plus hautes et évitant une trop forte urbanisation. Mais la connexion à l’A43 est sans doute le premier facteur de développement dans le sud de l’ensemble paysager, à l’approche de la vallée de la Bourbre et la plaine des Deux Guiers.

Les seules routes de desserte sont la D1075 et la D522 qui sillonnent l’ensemble du nord au sud.

La grande présence de l’eau et de ses aménagements

Les aménagements techniques

De nombreux canaux ont permis d’assécher le grand marais de Catelan et de la Bourbre. Construits au début du 19ème siècle, ils participent aujourd’hui encore fortement à la composition et à l’ambiance paysagère de la plaine et de l’ensemble des collines du Rhône dauphinois.
Leur maillage linéaire renforce l’impression d’immensité de la plaine, dont on ressent davantage la dimension technique et fonctionnelle que le pittoresque des paysages champêtres. Ils permettent de découper la plaine en grandes parcelles très ouvertes, et produisent des paysages d’openfield, leurs abords étant souvent dépourvus de végétation rivulaire.

 

Les aménagements de loisirs et pédagogiques

Suite aux aménagements à caractère fonctionnel et économique liés à l’agriculture (19 et 20èmes siècles), émerge dans les années 2000 une nouvelle manière d’équiper le territoire.

Aujourd’hui, les Espaces Naturels Sensibles départementaux ou locaux sont souvent valorisés par des aménagements doux, réversibles et non nocifs pour l’environnement, à caractère pédagogique. Ils permettent de profiter de ces espaces de nature protégés tout en améliorant le cadre de vie des habitants et en leur apportant des éléments de connaissance sur leur territoire.

Un sous-sol très exploité, des carrières très présentes

La carte indique de nombreuses carrières, dues à la diversité et à la richesse de la géologie de l’ensemble. Le relief peu élevé et la connexion de l’ensemble à l’A43 en fait un territoire également convoité pour son potentiel d’exploitation en sous-sol.

Les carrières marquent les paysages par leur présence importante dans les différentes parties du territoire :

  • les carrières de calcaire en partie ouest et nord, dans le plateau de l’Isle-Crémieu, produisant des paysages qui rappellent ceux des gorges, symboliques du relief karstique de l’ensemble.
  • les carrières de graviers et d’argile, à l’approche des zones humides.
  • la cimenterie Vicat de Bouvesse-Quirieu

 

Un fort potentiel de circulations douces à valoriser

Les paysages des collines du Rhône dauphinois constituent une des destinations de promenade et de loisirs de nombreux isérois, attirés par leur aspect verdoyant, leur patrimoine, leur relief doux, permettant de circuler facilement en vélo ou à pied et de croiser de nombreux éléments attractifs, bâtis ou naturels, en un parcours relativement réduit. Mais on peut être étonné de constater la faible présence de pistes cyclables ou de circuit de randonnée fléchés.

3.6 - PAYSAGES INSTITUTIONNALISÉS, RECONNUS ET PROTÉGÉS

3.7 - REPRÉSENTATIONS SOCIALES PAYSAGÈRES

La lecture des paysages  est issue de la conjugaison des thématiques observées dans les chapitres précédents. Mais les paysages sont aussi constitués par le regard que l’on porte sur eux et des images que l’on s’en fait, nourris par un imaginaire social et culturel. On ne pourrait donc pas comprendre leur construction sans tenir compte des fondements culturels qui ont forgé leurs représentations sociales.

Voici quelques faits historiques et culturels locaux qui ont marqué les esprits, ont participé à la représentation sociale des paysages et influencent notre manière de les percevoir.

Retrouvez les thématiques de ces quelques faits, contribuant également aux représentations sociales paysagères du département de l’Isère dans le « Portrait du département ».

Paysages Inspirants

En 1867, le peintre lyonnais François-Auguste Ravier s’installe à Morestel afin d’immortaliser la luminosité exceptionnelle des paysages des Collines du Rhône Dauphinois. Il acquiert dans le centre bourg une superbe demeure bourgeoise dans laquelle il invitera de nombreux amis artistes pour peintre ces paysages accueillants et au patrimoine bâti exceptionnel. Une centaine d’artistes ont ainsi sillonné la région entre le XIXe et le milieu du XXe siècle, laissant en héritage une production picturale riche et diversifiée

Son habitation, nommée ‘Maison Ravier’ est aujourd’hui transformée en musée. Elle expose la plupart de ses œuvres ainsi que les travaux d’autres peintres locaux ou régionaux.
Pour rendre hommage aux nombreux peintres ayant occupé ce territoire, la ville de Morestel est appelée aujourd’hui ‘Cité des Peintres’.

@www.francois-auguste-ravier.com

Jean Achard, Laurent Guétal et Charles Bertier font partie des grandes figures de la peinture des paysages du Dauphiné au XVIIIe siècle. Jean Achard est également à l’initiative du paysage moderne pour immortaliser les montagnes, « grandiose et spectaculaire ».

Jean Achard, paysage dauphinois, 1844 - collections.mba-lyon.fr

Le patrimoine bâti

Morestel, Cité Médiévale

Ancienne cité médiévale ceinturée de remparts, Morestel surplombe le territoire et marque les paysages par son implantation autour d’un château au sommet d’un promontoire rocheux.
Le coeur historique a conservé de nombreuses constructions datant du moyen-âge et possède un patrimoine culturel remarquable comme le donjon carré de l’ancien château delphinal (daté du XIVe siècle) ainsi que l’église gothique Saint-Symphorien, bâtie au XVe siècle.

@www.annuaire-mairie.fr

Le Château Saint Jullin, Siccieu

Le château de Saint-Jullin est une ancienne maison forte datant du XIIIe siècle qui a été reconstruit à plusieurs reprises notamment au XIXe sècle après de nombreux dommages causés lors de la Révolution Française. Surplombant les hauteurs sur la commune de Siccieu-Saint-Julien-et-Carisieu et l’étang de Ry, cette bâtisse marque le paysage par ses nombreuses tours carrées et son donjon élévé.

A partir des années 60, le château a hébergé des colonies de vacances de la RATP. Aujourd’hui, il appartient à un propriétaire privé qui ouvre son domaine occasionnellement pour des événements culturels.

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Le Château Chapeau Cornu, Vignieu

A l’origine, le château Chapeau Cornu était une maison forte érigée sur un vestige romain. Ce n’est qu’au cours du XVe siècle que l’édifice prend l’appelation «château». L’origine du nom ‘Chapeau Cornu’ vient de la contraction de ses seigneurs bâtisseurs au XII et XIIIe siècles: les Capella et les Cornuti.

Le château, implanté à l’extrémité d’un promontoire rocheux, s’incrit dans un écrin de verdure, entouré de plusieurs étendues d’eau, comme le lac Crucillieux et bénéficie d’un large panoramique sur Vignieu.
Aujourd’hui rénové en hôtel-restaurant, le château a connu différentes évolutions entre le XVème et le XIXème siècle.

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