Atlas des paysages
Département de l'isère

Paysages d’Isère

L’Isère, département français tirant son appellation de la rivière du même nom qui le traverse, tient une place particulière sur le territoire national.

Couvrant quatre grands ensembles géographiques, il s’étend sur le versant ouest des Alpes et la pointe sud du Jura : les plaines et collines du Rhône, les préalpes et le massif alpin.

Il se situe également à l’interface des climats méridional et continental, offrant une diversité et une spécificité végétale remarquables.

« La géographie du département de l’Isère est une géographie de versant : des rives du Rhône aux sommets des Écrins le département de l’Isère couvre le versant Ouest des Alpes : là est son unité et sa dynamique.  Cette particularité géographique a non seulement marqué les formes du relief, de l’eau et de la végétation mais a aussi conditionné l’histoire et les modalités de peuplement : elle est une des clefs de la compréhension des paysages et de leurs dynamiques actuelles. »

  • 7 431 km² soit 11% de la superficie de la Région d’AURA
  • 3 heures Paris-Grenoble en TGV, 1 aéroport Grenoble Alpes Isère
  • Plus haut sommet 4 087 m avec le pic Lory
  • Un fleuve : le Rhône et une rivière principale l’Isère
  • 7 grands lacs (>50 ha)
  • Une préfecture : Grenoble et les deux sous-préfectures : Vienne et la Tour du Pin
  • 512 communes (dont 120 communes en montagne) et 18 EPCI au 1/01/17
  • 1,26 million d’habitant.e.s (16% de la pop AURA)
  • 2 Parcs Naturels Régionaux et un Parc National
  • Sous influence atlantique, continentale, alpine, méditerranéenne, et montagnarde
  • 2è pôle de recherche publique en France avec 13 centres de recherche nationaux et internationaux

Les quatre grands ensembles paysagers

Les paysages du département s’organisent en quatre grands ensembles paysagers
  • les sommets et les grandes vallées des Alpes,
  • les préalpes,
  • les vallées, plaines et collines rhodaniennes,
  • les monts du Jura

 

Ces grands ensembles paysagers présentent chacun des caractéristiques paysagères propres. Ils sont structurés par cinq grandes vallées et trois grands pôles urbains.

Les grands traits du paysage

Les 5 grandes vallées

  • La vallée de l’Isère, qui traverse entièrement le département d’est en ouest, offrant des paysages agricoles et très urbanisés, est une large plaine encadrée de grands massifs montagneux ;
  • La vallée du Drac, un des principaux affluents de l’Isère, venant du département limitrophe des Hautes-Alpes, au sud. Son faciès de torrent de montagne à fort débit a creusé une vallée étroite et abrupte pour finir sa course en formant une large plaine au niveau de l’agglomération grenobloise et marquant la limite entre les préalpes et les Alpes ;
  • La vallée de la Romanche, affluent du Drac, rivière de montagne prenant également sa source dans les Hautes-Alpes, présente des paysages aux limites fortement cadrées par les hautes montagnes du massif de l’Oisans, avant de rejoindre le Drac peu avant Grenoble ;
  • La vallée de la Bourbre, plus douce par son débit moins fort que les torrents montagneux, structure la partie nord du département avant de se jeter dans le Rhône ;
  • La vallée du Rhône a dessiné la limite nord de l’Isère, en séparant le département du Jura par une large plaine. Il a créé le relief des « balcons du Dauphiné » en se heurtant au plateau vallonné de Morestel et Crémieu.

 

Les 3 grands pôles urbains

  • L’agglomération grenobloise, souvent appelée le « Y grenoblois » par sa position à la confluence des vallées de l’Isère et du Drac, est la préfecture du Département, le plus grand territoire urbain isérois. Sa proximité avec l’agglomération de Voiron représente une des plus grandes conurbations des Alpes ;
  • L’agglomération de Bourgoin-Jallieu, dont la forme est contrainte par la vallée de la Bourbre, forme elle aussi une grande conurbation linéaire avec La Tour-du-Pin et l’Isle-d’Abeau, fortement orientée vers la ville de Lyon ;
  • Enfin, le département est limité à l’ouest par la ville de Vienne, capitale historique du Dauphiné aux vestiges antiques, accrochée au coteau est du Rhône, et par la conurbation de Roussillon, étendue entre le bras gauche canalisé du Rhône et les collines de la plaine de la Bièvre.

« L’originalité des paysages isérois, surtout dans les vallées et les montagnes, tient pour une large part à la covisibilité et à l’équilibre de leurs motifs de spatialité et de leurs motifs monumentaux de naturalité. Ces derniers sont très fréquemment présents à l’horizon plus ou moins proche des paysages et en constituent des points d’appel particulièrement forts ».

« Ce sont les chaînes et les grands sommets alpins, en dômes ou en aiguilles acérées, leurs glaciers périlleux et leurs neiges éternelles, qui figurent parmi les plus beaux et les plus hauts du monde. Ce sont les hauts plateaux, les alpages, les chemins et les cols fréquentés par la transhumance depuis l’aube de notre histoire. Ce sont les lacs, les rivières, les torrents, les gorges, les grottes profondes, images de l’eau vive et de ses motivations multiples ».

« Ce sont les forêts, familières et pourtant mystérieuses, parfois inquiétantes, qui, comme de somptueux manteaux, revêtent les épaules et les flancs de la montagne. Ce sont les grandes villes, telles Grenoble et Vienne. Ce sont les villages et les hameaux, rassemblés au rebord du plateau, au pied du coteau, au centre de la combe ou au bord de la rivière ».

« Ce sont aussi, comme en contrepoint des villages et des villes, les châteaux, les forteresses, les abbayes, et jusqu’aux plus petits chalets, haberts et bergeries. Ce sont les bocages, les grandes cultures, les vignobles, les noyeraies qui font la prospérité et l’ornement des campagnes vallonnées. Ce sont enfin les routes qu’un Fernand Braudel a pu dire ‘les plus belles du monde’».

la formation du socle géographique

La géologie permet de comprendre la genèse d’un territoire et sa constitution dans le temps selon les ères géologiques. La nature des roches et les formes du relief, façonnées par la tectonique et l’érosion, en sont aujourd’hui les témoins.

Ère primaire (paléozoïque) / -540 MA à -250 Ma

Il y a environ 350 Ma, une gigantesque montagne (similaire à l’actuelle Himalaya) occupe la France et donc le département de l’Isère: la chaine Hercynienne. Avant l’ère secondaire, ces reliefs seront complètement érodés.

 

Ère Secondaire (Mézozoïque)  / -250 Ma à -65 Ma, Jurassique (-200 Ma à -135 Ma)

Au jurassique, un océan recouvre une grande partie du territoire français. Dans le nord Isère, les eaux sont peu profondes avec des conditions climatiques tropicales et un niveau marin qui évolue durant toute cette période. Au sud-est de Grenoble, l’océan alpin est très profond. L’alternance des couches calcaires et des marnes se forme, durant cette période, par sédimentation marine au fond des océans. À la fin de l’ère secondaire, l’océan se referme progressivement.

 

Tertiaire (Cénozoïque) / -65 Ma à -2,5 MA

Durant l’ère tertiaire, la collision des plaques liée à la tectonique fait émerger les massifs cristallins alpins, comme la chaîne de Belledonne, formés en profondeur de la terre. L’élévation de ces massifs va ainsi créer des plissements dans les reliefs préalpins et une intensification de l’érosion notamment pluviale et fluviale.

Alors que les reliefs s’accentuent avec la surrection alpine, une mer peu profonde se maintient dans les zones de dépression et des vallées étroites et profondes se creusent.

 

Quaternaire (Cénozoïque)  / -2,5 Ma à aujourd’hui

Le climat alterne tous les 100 000 ans entre une période tempérée et une période glaciaire. Ces cycles de glaciation répétés ont modifié les reliefs avec l’avancée et le recul des glaciers, la formation de dépôts morainiques, etc. Lors de la dernière période de glaciation (Würm), plusieurs glaciers occupent les vallées et les territoires peu élevés de l’Isère. La fin de cette période glaciaire remonte à environ 10 000 ans.

Avec le retrait des glaciers et la formation des cours d’eau, les vallées et les versants vont se remplir d’alluvions fluvio-glaciaires. Les rivières, lacs et zones humides occupent principalement les fonds de vallées. Le quaternaire se caractérise par l’apparition de l’homme sur terre et par ses glaciations.

 

AUJOURD’HUI

Aujourd’hui, l’histoire géologique et les différentes transformations de la surface terrestre (sédimentation, tectonique, érosion, etc.) sont lisibles dans les paysages isérois. La structure géologique et les formes du relief formant l’ossature des paysages résultent des événements passés.

Cet héritage se traduit aujourd’hui dans les différentes composantes paysagères : l’occupation humaine selon la fragilité des reliefs, les typologies architecturales selon les matériaux présents localement, l’agriculture selon la nature du sol, etc.

Ce socle géographique est soumis aux aléas naturels et plus particulièrement au changement climatique qui engendre de profondes évolutions notamment sur le cycle de l’eau et la forme du relief.

une morphologie façonnée

par les glaciers et le soulèvement des Alpes

Des structures géologiques variées à l’origine de la diversité des paysages du département

Les vallées, plaines, collines Rhodaniennes et les monts du jura

La structure géologique de cette partie du Département est constituée principalement de roches sédimentaires: conglomérats calcaires, galets, sables, etc. Les zones de dépression et les vallées ont été comblées par des matériaux transportés par les glaciers et des alluvions. Ces sols alluvionnaires sont particulièrement fertiles.

 

Les Préalpes

La vallée de l’Isère se compose d’alluvions récentes datant du quaternaire, en lien avec le cours d’eau.

Les massifs préalpins (Chartreuse, Vercors), le plateau de la Matheysine, la vallée du Drac et le Trièves notamment, sont formés de roches sédimentaires calcaires qui ont été surélevées puis fracturées, formant ces formes de relief spécifiques (synclinaux et anticlinaux, falaises, etc). Des dépôts morainiques, liés à la présence ancienne de glaciers, sont également présents.

 

Les Sommets et vallées des Alpes

Ce territoire de haute altitude est formé par les terrains les plus anciens appartenant à l’ère primaire et antérieur. Le sol est composé de roches cristallines de type granite et gneiss.

Constituées en profondeur, ces roches sont affleurantes aujourd’hui en lien avec les phénomènes tectoniques du soulèvement des Alpes et l’érosion ayant décapé les roches sédimentaires sus-jacentes. Des terrains calcaires et marno-calcaires sont également présents dans les vallées.

« LA STRUCTURE GÉOLOGIQUE : PRINCIPALES UNITÉS D’EST EN OUEST

Le socle soulevé et métamorphisé forme les massifs cristallins externes (granites et gneiss) : Oisans, Pelvoux, Grandes Rousses, Belledonne. Il comprend quelques bassins schisto-houillers primaires (la Mure, Grandes Rousses, Belledonne).
La couverture sédimentaire, décollée sur le socle et plissée, forme les chaînes subalpines : Chartreuse, Vercors.

Une dépression (liasique) creusée par des phases successives d’érosion fluviatile et glaciaire, sépare le socle de la couverture décollée : Grésivaudan, vallée du Drac (sillon alpin).

L’avant-pays dauphinois est constitué des matériaux de remblaiement du bassin rhodanien : molasse miocène et dépôts pliocènes (galets de quartzites dans une matrice d’argile rouge) ».

quelques dates importantes

pour l’histoire des paysages isérois

Il y a 50 000 ans

  • Le glacier de l’Isère a une épaisseur de près de 2km, et atteint une altitude de plus de1200 m.
  • Au retrait du glacier, la vallée se comble d’alluvions sur 500 m d’épaisseur, offrant un fond plat caractéristique des vallées d’origine glaciaire, à une altitude moyenne de 210 m à Grenoble.
  • Mais les massifs sont fréquentés par les chasseurs du paléolithique et du mésolithique, qui ont laissé de nombreuses traces de leur passage.
 

De -4 000 à -2 500

  • Au néolithique, les bergers paysans développent un nouveau mode d’exploiter les territoires, en plaine et en montagne (site majeur de la Grande Rivoire aux pieds du Vercors, Charavines…)
 

Vers -2 000

  • Exploitation des premières mines d’altitude en l’Oisans, et organisation de la circulation de la matière première
 

-400

  • Installation des populations celtes (notamment les Allobroges) dans les plaines et vallées, du Rhône à Genève, et développement d’un important réseau d’axes de communication.
 

-121

  • Défaite des Allobroges, forte romanisation des populations et des territoires, Vienne capitale.
 

A partir de l’an 1000

  • Constitution progressive d’une entité politique indépendante, le Dauphiné : fortifications, activités économiques, axes de circulation…
 

1219

  • Rupture du barrage naturel formant le Lac d’Oisans sur la Romanche, emportant tous les ponts et provoquant l’inondation catastrophique de Grenoble
 

1248

  • Écroulement du Mont Granier, fort impact social et paysager
 

1349

  • Entrée du Dauphiné dans le Royaume de France, après près d’un siècle de guerres delphino-savoyardes, Grenoble capitale provinciale.
 

1492

  • Première ascension du Mont-Aiguille par Antoine de Ville, pour le compte du roi de France Charles VIII

1611

  • Construction du Pont dit « Lesdiguières » sur le Drac à Pont-de-Claix, révélateur des importants aménagements réalisés par la famille des Lesdiguières (endiguements, fortifications, urbanisation…) à la fin du XVIe et au XVIIe s.
 

Milieu du XVIIIe s

  • Le réseau des grandes routes royales est en place et irrigue le Dauphiné
  • Développement de la proto-industrie textile, métallurgique, papetière… (Vienne, Allevard, Nord-Isère…)
 

1788

  • « Journée des Tuiles »puis réunion des représentants du Dauphiné (Assemblée de Vizille)
 

A partir de 1880

  • Grand essor industriel : papeterie, textile, chimie, électro-chimie, électro-métallurgie, houille blanche…
 

1805

  • Engagement des travaux d’assèchement des marais de Bourgoin dans la vallée de la Bourbre, sous l’impulsion du préfet Fourier.
 

1817

  • Louis Vicat définit les principes du ciment
 

2ème moitié du XIXe

  • Plusieurs écoles de peintres mettent en avant les qualités et la diversité des paysages isérois (école de Proveyzieux, de Morestel, peintres de la montagne…)
 

1860

  • Rattachement de la Savoie à la France, rendant obsolète le système défensif frontalier
 

A partir de 1860

  • Développement du réseau de voies ferrées en Isère puis des tramways à vapeur sur route.
 

Après la guerre de 1870

  • Construction d’une ceinture de forts de type Séré de Rivières pour protéger le site stratégique de Grenoble, au carrefour des vallées alpines
 

A partir de 1880

  • Grands travaux pour l’aménagement des routes de montagne qui perforent les massifs(Vercors, Chartreuse, Oisans)

1894

  • Création du jardin botanique du Lautaret (Hautes-Alpes) à l’initiative des botanistes grenoblois !!!
 

1925

  • Exposition internationale de la houille blanche et du tourisme à Grenoble
 

A partir de 1930

  • Grande politique d’aménagements hydroélectriques : barrages alpins (Chambon…), barrages sur le Rhône (CNR)
 

1938

  • Création de l’AOP Noix de Grenoble : 1ere reconnaissance de qualité des produits locaux en Isère
 

Après 1945

  • Suite à la guerre, reconstruction des villages du Vercors, et implantation de nombreux sites mémoriels de commémoration de la Résistance
 

1956

  • Création du Centre d’études nucléaires de Grenoble, impulsant le développement du polygone scientifique.
 

A partir des années 1960

  • Développement de l’emprise des métropoles lyonnaise et grenobloise, fort développement de l’urbanisation
 

1962

  • Naissance du campus de Grenoble à Saint Martin d’Hères
 

Années 1960 -1970

  • Dans le contexte du « Plan neige », développement de l’aménagement des domaines skiables et des stations de ski.
 

1968

  • Jeux Olympiques d’hiver à Grenoble
  • Décision de la création de la ville nouvelle de l’Isle d’Abeau
 

A partir des années 1970-80

  • Disparition de l’industrie secondaire au profit de la recherche et des services + Essor du pôle d’étude et de recherche autour du bassin grenoblois
 

2023

  • La population de l’Isère est de 1 300 000 habitants, elle a doublé depuis 1960