Atlas des paysages
Département de l'isère

Composantes & dynamiques paysagères

Le paysage, un « tout » de composantes liées

La carte des paysages montre les principales composantes paysagères constitutives des paysages de l’Isère, illustration du fonctionnement du territoire. Pour comprendre ce qui fonde leur richesse et leurs particularités, ce qui en fait un « tout » indissociable, entier et cohérent, il convient d’analyser chaque composante et de décrypter leurs interrelations, connaître ce qui les relie.

En complément des thématiques qui fondent la « matérialité » des paysages, les représentations sociales paysagères (c’est-à-dire les perceptions) constituent la composante immatérielle des paysages. Non moins constitutif des paysages, bien au contraire, le liant des paysages et des politiques publiques en matière de paysage et d’aménagement du territoire réside dans l’immatérialité, dans la perception que chacun s’en fait, dans les points de vue et les valeurs que chacun attribue aux paysages.

Il paraît donc aujourd’hui évident de considérer les valeurs et l’immatérialité des paysages comme une composante à part entière, la septième de l’analyse des paysages isérois.

L’atlas des paysages réalisé en 2001 s’appuyait en grande partie sur trois grandes composantes paysagères : la végétation, l’urbanisation et les équipements.

Au regard de ces grandes thématiques et des évolutions du territoire, sept thématiques ont été retenues dans ce travail d’actualisation, pour exprimer les paysages isérois et les politiques d’aménagement qui les construisent et les font évoluer :

Pour comprendre ce qui fonde un paysage, il est également nécessaire de s’intéresser aux dynamiques d’évolution des paysages à l’œuvre (mutation, disparition, apparition de nouvelles structures paysagères, …). Celles-ci ont permis de définir les enjeux que vous trouverez dans le chapitre suivant.

*issues de l’analyse des représentations sociales paysagères locales

UN TERRITOIRE SCULPTÉ PAR L’EAU ET LE RELIEF

LES GRANDES VALLÉES BORDÉES PAR DES MASSIFS MONTAGNEUX


La vallée de l’Isère

Le Grésivaudan marque la limite entre les Préalpes et les massifs cristallins, plus spécifiquement entre le massif de la Chartreuse et la chaîne de Belledonne. Son profil en U a été sculpté et érodé par des phénomènes glaciaires et post-glaciaires. La basse vallée de l’Isère est bordée par le massif du Vercors et les coteaux des Chambarans. Les falaises du Vercors dominent cette vallée où quelques trouées et gorges donnent de la visibilité et de possibles accès au plateau du Vercors. Les Chambarans forment des reliefs doux et vallonnés. À la différence du Grésivaudan, la basse vallée de l’Isère n’a pas d’origine glaciaire. La rivière de l’Isère, affluent du Rhône et prenant sa source en Savoie, s’écoule dans cette vallée en direction de l’ouest. Son tracé forme un coude contournant le massif du Vercors.


La vallée du Drac

La rivière du Drac prend sa source dans le Champsaur (Hautes- Alpes) et rejoint l’Isère, en aval immédiat de Grenoble. Le bassin du Drac se compose de dépressions successives, bordées par des reliefs montagneux de différentes altitudes. Située entre les Alpes du nord et du sud, cette vallée d’origine glaciaire se distingue en deux ensembles : les territoires du Trièves et de la Matheysine et les abords de l’agglomération grenobloise. Entre le Trièves et la Matheysine, le Drac s’écoule dans de profondes gorges où une succession de barrages hydroélectriques se dresse au fil de l’eau. Au sein de l’agglomération grenobloise, les derniers kilomètres du Drac ont fait l’objet d’un endiguement pour protéger les populations des crues, particulièrement dévastatrices au cours de l’histoire.


La vallée de la Romanche

Située au sud-est du département, la vallée de la Romanche relie différents massifs montagneux : Belledonne, Écrins, Taillefer, Grandes Rousses. Ancienne vallée glaciaire, les pentes des reliefs alentour sont particulièrement abruptes et minérales. La Romanche prend naissance dans les écrins et se jette dans le Drac, au droit des champs captant en eau potable de la plaine de Reymure. Cette rivière au régime torrentiel est relativement artificialisée avec la présence de retenues hydroélectriques, comme le barrage de Chambon. Aujourd’hui, les barrages et les centrales entre Vizille et Bourg-d’Oisans, ayant marqué le paysage de la vallée pendant le XXe siècle (période faste de la Houille Blanche, production d’énergie hydroélectrique), sont en cours de démantèlement pour être remplacés par un nouvel aménagement hydroélectrique en partie souterrain.

DES RELIEFS CONTRASTÉS

Le département de l’Isère est divisé en deux portions de territoire bien distinctes mais de superficie quasi-équivalente :

  • Le nord présente de faibles altitudes avec un relief peu accidenté, composé de grandes étendues de plaines, de collines et de plateaux.
  •  Le sud possède des massifs calcaires de moyenne montagne: le Vercors et la Chartreuse ainsi que des massifs cristallins anciens de hautes altitudes, revêtus de glaciers et de névés.

La rivière de l’Isère s’écoulant au coeur du département, marque nettement ces deux entités de territoire, à l’exception du massif de la Chartreuse qui se retrouve détaché des autres massifs montagneux.

 

LES PRINCIPAUX COURS D’EAU DU NORD-ISÈRE


Le Rhône, comme limite naturelle

Au nord, le fleuve délimite l’Isère des départements voisins: l’Ain et le Rhône. Prenant sa source sur le glacier du Rhône en Suisse, il termine son cours dans le delta de Camargue pour se jeter dans la mer Mediterrannée. Son lit a fortement évolué dans le temps créant ainsi des milieux riches en biodiversité (lônes, brotteaux, ripisylve…). De part et d’autre du fleuve, le relief est vallonné et plus accentué du côté de l’Ain (Bugey).

L’ouest du département est marqué par la présence de la vallée du Rhône, comme limite avec les départements de l’Ardèche et de la Loire. Sur cette portion, le fleuve est totalement canalisé.

La Bourbre

La rivière de la Bourbre, affluent du Rhône, s’écoule dans le nord Isère en reliant plusieurs villes importantes comme Bourgoin-Jallieu, la Tour du Pin, etc. Elle prend naissance à Burcin, à l’amont du Val de Virieu et a connu dans le passé des épisodes de crues. La Bourbre s’écoule entre le plateau de Crémieu et les Terres Froides. Cette dernière, historiquement marécageuse, a été drainée grâce à la construction du canal de dessèchement de Catelan.

« La grande qualité des paysages alpins isérois tient à leur très forte originalité et à leur diversité. Les motifs d’un relief spectaculaire […] et de toutes les formes d’une eau si abondante y ménagent des points d’appel particulièrement forts qui ont fait le tour du monde: vallées, […], plateaux, balcons, cirques, combes, gorges, et, au-dessus de la forêt, alpages et espaces dégagés jusqu’aux plus hauts sommets alpins, leurs falaises vertigineuses et leurs neiges éternelles. »

manteaux forestiers et motifs arborés

Des boisements humides dans les fonds de vallées et les plaines

Dans les fonds de vallées, à proximité des cours d’eau, des étangs et des lacs, les paysages de milieux humides sont constitués de boisements spontanés, à caractère naturel, offrant une rare biodiversité. Ces boisements humides, trop souvent fragilisés par le développement de l’urbanisation ou de l’agriculture intensive, font l’objet de protections particulières. Dans le contexte de réchauffement climatique, les boisements de feuillus des milieux humides tiennent un rôle essentiel pour garantir les échanges du cycle de l’eau. Les parcelles plantées de peupliers constituent un second motif arboré dans les paysages de fonds de vallées.

 

Des massifs boisés sur les plateaux

Dans la partie nord du département, deux massifs boisés de feuillus, situés sur des plateaux forment des structures paysagères bien identifiées : le plateau de Bonnevaux et le plateau de Chambaran. Ces boisements sont situés sur un substrat particulièrement ingrat, peu propice à l’agriculture.

Les forêts des plateaux sont composées de feuillus (chênes, châtaigniers, charmes et robiniers), accompagnés de quelques plantations de conifères, pins noirs, douglas, sapins et épicéas, dont l’aspect contraste fortement dans le paysage.

 

Des Versants de montagne boisés

La forêt constitue la composante principale des paysages de versants de montagne. Les versants abrupts sont couverts d’un manteau boisé protecteur, aujourd’hui largement dominé par les boisements mixtes et les boisements de résineux. Le vert profond des conifères des versants boisés à l’ubac, contraste avec le vert plus lumineux de feuillus à l’adret. La lumière du hêtre et le caractère montagnard des sapins et épicéas caractérisent les paysages des versants. Le développement des arbres de grandes hauteurs s’arrête autour de 2000m (limite variable selon massif et exposition), et laisse la place à une végétation ligneuse spontanée (les landes) qui colonise les hauteurs et les alpages et crée un ourlet au manteau forestier : genêts, rhododendrons, bruyères, et des essences plus méridionales dans le sud du département comme le thym, ciste, romarin et des pelouses sèches.

Des forêts patrimoniales

A l’échelle du département les massifs forestiers constituent des patrimoines paysagers remarquables.

Le massif forestier de la Chartreuse, principalement couvert de résineux (sapins et épicéas) est le lieu de la production historique des fûts dégagés pour la production de mâts de bateaux, aujourd’hui utilisés pour le gros œuvre et valorisés à travers l’AOC Bois de Chartreuse. La forêt domaniale de Grande Chartreuse est labellisée «Forêt d’exception».

Les forêts de Belledonne et du Vercors marquent aussi les paysages et ont de tout temps participer à l’histoire et à l’industrie de l’Isère : papeteries du Grésivaudan , forges royales alimentées par le charbon de bois, résistance dans le Vercors, etc.

Les forêts de Chambaran et de Bonnevaux, sont composées d’essences moins élancées et constituent les réserves historiques de piquets de vignes et pour l’agriculture.


5% Des forêts sont plantées pour exploiter le bois et pour stabiliser les terrains

Sur les 271 000 ha de forêt de production* que compte l’Isère, l’IGN relève dans sa dernière campagne de mesure 2017-2021, 256 000 ha de forêts non plantés, soit 94% de la forêt de production de l’Isère sans plantations. Si l’on ramène cela à la totalité de la forêt iséroise les plantations ne représentent que 5% de la forêt du département.

Sur les versants de montagne et les plateaux forestiers, une partie des forêts sont plantées pour l’exploitation du bois ou pour la stabilisation des terrains de montagne.

Depuis la fin du XIXème siècle, la forte érosion subie par le territoire de montagne a conduit les services de l’État (Restauration des Terrains de Montagne) à mener une politique drastique de plantation des versants pour fixer la terre et limiter les phénomènes d’érosion.

« Sans la forêt, dit-on, les Alpes ne seraient qu’un gigantesque chaos. Il est vrai qu’elle règle le régime des eaux et qu’elle protège des crues, des avalanches et des chutes de rochers. De plus, elle offre un abri à de très nombreuses espèces animales. Et ce qui est vrai pour la montagne l’est aussi pour les plaines et les collines. La forêt est omniprésente dans les paysages isérois. Rares sont ceux, comme les plaines du Liers ou de Bièvre, dont elle est absente, encore qu’elle soit présente à leurs horizons comme la limite et le cadre obligé des espaces qui y ont été ouverts par l’agriculture. »

Des haies arborées dans les espaces agricoles

Dans les espaces cultivés et pâturés, notamment dans les plaines et sur les plateaux agricoles, les arbres, isolés ou alignés constituent des motifs paysagers structurants, souvent historiques, qui ont tendance à disparaître.

L’important réseau de haies tisse certains territoires bien identifiés dans le département : le Trièves, la Matheysine, et l’Isle Crémieu. Dans ces territoires, l’agriculture à caractère non extensif a préservé ce patrimoine, offrant un maillage arboré remarquable.

Dans les espaces urbains et périurbains, les motifs arborés historiques, constituent des éléments patrimoniaux et des leviers d’action déterminants pour la création d’îlots de fraicheur au niveau des surfaces artificialisées.

Trièves - Mens : Prairies bocagères, zones humide et massif de l’Obiou

« En marge des grandes plaines alluviales, la plupart du temps vouées aux grandes cultures, comme celles du Liers et de Bièvre, ou à la populiculture comme celles des Avenières, les collines sont le lieu d’élection du bocage. On le retrouve pratiquement partout, dans des états de conservation divers, par exemple dans l’avant-pays dauphinois, sur le balcon de Belledonne, dans la vallée de la Romanche ou sur le plateau matheysin, aux frontières de la montagne proprement dite, où il se prolonge d’ailleurs parfois jusqu’aux lisières forestières.»

« Ce sont les haies bocagères, symboliques dans notre culture de paysage tout court, rideaux protecteurs des vents et des canicules excessives et refuges des bruissements et des chuchotements qui font du silence de la campagne un silence habité. »

Une agriculture diversifiée

Une agriculture iséroise diversifiée

L’agriculture en Isère occupe 37% de la surface départementale, soit une Surface agricole utile (SAU) de 240 000 ha (RGA 2020) concourant au maintien des paysages, à l’aménagement des zones de plaines et de montagnes et à la vitalité des territoires ruraux. La diversité des types de sols et de climats permet une grande variété de productions : fruits, légumes, produits laitiers et fromages, viandes et produits carnés, céréales, vins. Les surfaces cultivées en bio représentent 10.8% de la SAU et concernent principalement la culture de céréales, de la vigne et la culture fourragère.

L’Isère se caractérise également par une topographie particulière, générant des espaces de vallées, de plaines, de collines et de montagnes avec la présence des alpages. Ces paysages agricoles sont également façonnés par une pluralité d’éléments, comme le type de culture et de production, la présence de bocages, les formes et les volumes du bâti agricole, la présence de couverts végétaux, la réglementation, etc.


Deux territoires agricoles distincts : un territoire classé en zone de montagne et le reste des territoires agricoles du département

60.5% du département est en prairies dont une grande partie sur des territoires de montagne. Dans sa partie sud, les paysages du département sont caractérisés par des estives-landes, dont alpages (19% de la Surface Agricole Utilisée). Les alpages isérois sont des lieux de transhumance de troupeaux, ce qui en fait un paysage unique et évolutif au cours des saisons. A l’échelle du département 74% du cheptel sont des bovins.

Les grandes cultures (céréales, oléagineux, etc.) sont présentes dans les vallées, plaines et collines, majoritairement situées au nord du département. Elles représentent 33.5% de la SAU. Les principales cultures céréalières sont le blé et le maïs, cette dernière culture étant souvent proche de cours d’eau.

Le paysage est également caractérisé par l’arboriculture (3.5% SAU), notamment la culture de la noix dans la vallée de l’Isère, culture emblématique du département et quatrième production végétale du département.

Les paysages agricoles isérois sont parcourus par 12672km de haies, principalement situées sur les territoires de collines, lieux de prédilection du bocage.

Des labels de qualité, preuve d’un savoir-faire local à conserver

La richesse du terroir de l’Isère, fruit de l’association entre relief, sol, climat et géologie spécifique, trouve une valorisation dans la présence de labels sur son territoire.

L’Isère regroupe 10 IGP (Indication Géographique Protégée), label européen reposant sur la notion de savoir-faire, dont les plus étendues sont l’IGP de l’Emmental français est-central couvrant l’entièreté du département de l’Isère et l’IGP Saint-Marcellin. Il y a également 3 AOP (Appellation d’Origine Protégée), dont l’AOP Noix de Grenoble et l’AOP Bleu du Vercors-Sassenage et 1 AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) Bois de Chartreuse qui est la première AOC sur le bois en France. En 2021, c’est 674 exploitations qui pratiquent l’agriculture biologique ce qui représente plus de 10 % de la surface agricole. La marque «Nos produits IS HERE» est un signe distinctif de produits agricoles et agroalimentaires de notre département, qui garantit la provenance iséroise, la juste rémunération des producteurs et la qualité (HVE 3 ou bio). En 2023, elle rassemble 80 agriculteurs et artisans et plus de 1800 produits agréés.

Le bâti isérois

Une grande diversité de bâti

Le bâti isérois présente une grande diversité de typologies liée à la multiplicité de situations paysagères, selon les grands ensembles géographiques, l’étagement altimétrique, la géologie, les fondements culturels, les activités économiques et industrielles.

Cette diversité peut être d’ordre architectural, selon les formes, volumes ou encore les matériaux employés, ou bien d’ordre urbanistique, selon les typologies d’implantation sur le territoire, en plaine, en montagne, accroché aux pentes ou situées sur des replats, étalées, dispersées ou groupées.

Ainsi, on peut observer les grandes « familles » de constructions suivantes, illustrées dans les pages ci-après, chacune dotée de spécificités, selon leur appartenance à des ensembles patrimoniaux locaux :

  • le bâti historique vernaculaire à caractère patrimonial, urbain ou rural, caractéristique des noyaux urbains des villes, villages et hameaux, ponctué d’éléments remarquables, religieux ou châteaux,
  • le bâti patrimonial industriel, en activité ou requalifié,
  • le bâti périurbain, résidentiel ou d’activités économiques récentes (la plupart du temps réparti en zones),
  • le bâti des stations de montagne, les stations traditionnelles et les stations nouvelles

 

Une répartition inégale sur tout le département

Comme le montre la carte ci-contre, les constructions s’étendent sur tout le département, avec une répartition hétérogène, logiquement relative aux caractéristiques géographiques et à l’accessibilité des territoires :

  • le grand ensemble des plaines et collines rhodaniennes, à proximité de la métropole lyonnaise, accueille la majorité des constructions, de façon dispersée sur le territoire,
  • les grands ensembles des préalpes et des sommets alpins, contraints par le relief et la réglementation, sont moins construits et présentent des regroupements urbains plus denses. Les massifs du Vercors et de la Chartreuse, territoires de PNR, échappent au fort développement de l’urbanisation et à l’étalement urbain. De même, le bâti est totalement absent du cœur du Parc National des Écrins, sanctuaire de nature.
  • les fonds des grandes vallées concentrent les grands pôles urbains : la métropole grenobloise dans la vallée de l’Isère, Vienne dans la vallée du Rhône et l’agglomération de Bourgoin-Jallieu dans la vallée de la Bourbre.

Les Ensembles bâtis patrimoniaux

Typologies constructives et matériaux de construction

Les ensembles bâti patrimoniaux fondent les spécificités du département isérois. Ils se sont développés au fil de l’histoire, façonnés par leurs particularités architecturales (le pisé, le ciment moulé …) et leurs matériaux de construction :

la pierre et ses appareillages
  • pierre de l’Echaillon,
  • le calcaire de l’Isle Crémieu,
  • gris bleu du Fontanil,
  • le Grès de Fontaine,
  • la mollasse à Voreppe et dans le bas Dauphiné
  • le Tuf à Claix
  • les schistes dans l’Oisans
  • la lauze
  • l’ardoise
la terre crue
  • l’argile (briques et tuiles),
  • les galets roulés,
  • le bois
  • le béton armé
  • l’ardoise
  • la chaume

Les matériaux sont empruntés aux sous-sols, illustrant la géologie locale mais également le climat, le relief, la présence de ressources locales facilement disponibles comme le bois. Ils ont déterminé les formes, les couleurs des murs, le choix des toitures (tuiles canal, écailles, essendoles (en bois) et mécaniques (plus récentes)), mais aussi, par conséquent, les volumes des constructions, la taille des ouvertures et leur implantation sur le relief.

 

Pour plus d’informations

Inventaires du patrimoine isérois sur le site de la Direction de la Culture et du patrimoine du Département de l’Isère : https://culture.isere.fr/page/nos-inventaires

Pôles urbains, périurbanisation résidentielle, Zones d’Activités Économiques et industrielles

Le département compte 3 grands pôles urbains : les agglomérations de Grenoble, de Bourgoin-Jallieu et de Vienne. Situés dans le fond des grandes vallées iséroises (Isère/Drac, Bourbre et Rhône), les pôles urbains sont en proie à des phénomènes plus ou moins prononcés d’étalement, avant tout sur les terrains plats et de plus en plus sur les coteaux des vallées. Les développements se font sous différentes formes :

  • les extensions résidentielles, majoritairement en maisons individuelles au milieu de leurs parcelles,
  • les activités économiques et industrielles, toujours réparties en zones en périphérie des pôles urbains et à l’architecture banalisée.

 

Les grands pôles n’ont donc pas échappé aux phénomènes de périurbanisation, la banalisation de l’architecture, le zonage des activités qui produit de nouvelles centralités, l’étalement sur les terres agricoles de qualité à proximité.

 

Localisation des activités économiques et industrielles

Développement des ZAE plus important en nord Isère, participant fortement aux conurbations : le long de l’A43 de La Tour du Pin jusqu’à Lyon.

Au sud de l’agglomération grenobloise, faible présence des ZAE : à Vizille, La Mure, Clelles et Bourg d’Oisans,

  • Présence du centre de logistique de Saint-Quentin-de-Fallavier, 2ème centre de stockage français,
  • Présence importante d’un bâti industriel ancien de production d’énergie lié à l’eau, la métallurgie, la chimie et le textile; et plus récent concernant les nouvelles technologies («la Silicon Valley française»),
    – 3 grands bassins industriels : à proximité du Rhône, autour de l’A43 entre Saint-Quentin-de-Fallavier et La Tour du Pin, autour de la métropole grenobloise et dans la vallée de la Romanche,
  • Industrie hydroélectrique située sur les cours d’eau les plus propices, dans les vallées du Rhône, du Grésivaudan au pied du massif de Belledonne et de la Romanche,
  • Industries textiles situées principalement à Voiron, métallurgiques à Froges, etc.
  • Cimenteries de grande renommée, héritant de l’histoire de l’industrie cimentière iséroise, essentiellement situées dans la cluse de Voreppe et à Montalieu-Vercieu.
  • Présence du commissariat à l’énergie atomique (CEA) sur la presqu’île de la confluence du Drac et de l’Isère, le « polygone scientifique », dont le synchrotron fait office de figure de proue.

« Les plus grandes de nos villes sont installées dans les plus grandes de nos plaines et de nos vallées. En Isère il en est ainsi de Grenoble et de sa Région Urbaine, (…) et de Vienne (…) Mais l’urbanisation de ces plaines et vallées ne se limite pas à ces grandes villes. Elle s’étend à toutes les autres villes et villages des plaines de l’Est lyonnais (…) posant la question des continuités ainsi développées par rapport aux continuités naturelles et agricoles (…). »

Stations de montagne

La montagne iséroise accueille différents types de stations :

  • Les villages-stations, généralement de basse à moyenne altitude, développés autour des noyaux historiques des villages, dont les constructions liées aux loisirs tentent de s’intégrer au bâti local, comme des chalets, de petits collectifs ou des bâtiments techniques.
  • Les stations intégrées, de plusieurs générations, détachées du village, ex nihilo, plus grandes, construites à proximité des alpages. Elles sont composées de grandes barres d’immeubles, de chalets collectifs ou individuels, de bâtiments techniques et de vastes parkings aménagés et dimensionnés pour l’accueil saisonnier et le déneigement.

Dans les stations de moyenne montagne, notamment dans les massifs de la Chartreuse, du Vercors ou encore en Matheysine, les friches urbaines, anciens centres de vacances, résidences et commerces laissés à l’abandon, témoignent d’un changement de pratiques en montagne depuis une vingtaine d’années, comme à Saint-Honoré 1500.

Stations traditionnelles, 1ère génération
«Le tourisme estival restera longtemps prédominant, tout en accueillant graduellement le tourisme hivernal de sports d’hiver. Ce fut, dans l’entre-deux-guerres, une première génération de stations de basse altitude, dites traditionnelles : Saint-Pierre-de-Chartreuse, Autrans, Villard-de-Lans. »

Stations 2e génération
«La montée en puissance de la pratique du ski et l’apparition d’une deuxième génération de stations, les stations nouvelles, créées de toutes pièces en haute montagne, donc au-delà de la forêt. Tel fut le cas, en Isère, de l’Alpe d’Huez et des Deux-Alpes. Ces deux stations ont pu être qualifiées de « sauvages » parce qu’elles connurent un développement spontané, mêlant initiatives privées et publiques (…). Le qualificatif est extrême, mais il reste que le paysage qui en résulte est d’autant plus hétérogène qu’il ne présente pas les atouts du cadre pittoresque des stations traditionnelles d’altitude inférieure. »

Stations Thermales

Les paysages de montagne, notamment certains fonds de vallées de Belledonne, comme à Uriage ou Allevard, sont aussi façonnés par l’architecture typique des stations thermales. La qualité de l’air d’altitude et des eaux sous toutes leurs formes a été à l’origine de la construction des stations thermales, dès le XIXe siècle.

Aujourd’hui cette architecture du thermalisme constitue un patrimoine reconnu à l’échelle départementale.

Des paysages équipés

Des infrastructures de transport structurantes, qui relient les territoires

Réseau autoroutier et routier (RN et RD)

Le réseau autoroutier situé dans les parties plates des fonds de vallées, présente des typologies différentes : infrastructure «encaissée» (A43), boisée (A41), ouverte sur le grand paysage (A48). à flanc de coteau (A51).

Structurantes, les routes transversales permettent une desserte des territoires et offrent des ouvertures sur le paysage.

L’intégration paysagère de ces routes résulte dans les tracés courbes qui épousent le relief, les plantations qui accompagnent les lignes droites.

 

Voies ferrées

Avec les routes principales, les voies ferrées, représentent les liaisons historiques et tissent la trame de fonctionnement du territoire. Aujourd’hui les voies ferrées sont essentielles dans les pratiques multimodales et le positionnement du territoire dans le contexte de transitions écologique et énergétique.

 

Voies vertes

Face au contexte de transitions écologiques, le territoire isérois a su équiper son territoire de nombreuses voies vertes (dans les fonds de vallées plats des vallées glacières notamment) : liaisons des pôles attractifs entre eux et rapprochement des campagnes périphériques. Ces itinéraires reconnus et fréquentés sont des facteurs d’attractivité pour le territoire. En plus de leur intérêt comme alternatives à l’usage de la voiture, les voies vertes invitent aussi à la découverte des paysages.

Des itinéraires paysagers emblématiques

Routes historiques remarquables

Certaines routes sont à distinguer du reste du réseau pour leur intérêt paysager, patrimonial et historique. Il s’agit des routes belvédères, de la route Napoléon, la route de la Bérarde, et les « Sublimes routes du Vercors ».

Ces axes symboliques permettent de raconter les paysages isérois, sur le plan géologique, géographique, et politique. L’intérêt de ces itinéraires repose sur les conditions de visibilité des paysages, particulières, insolites et spectaculaires.

 

Itinéraires de randonnée principaux

Huit grands itinéraires de grandes randonnées (GR) proposent des tours de massifs et des traversées de vallées et collines. Le plan départemental des itinéraires (PDIPR) a pour objectifs de favoriser la découverte des sites naturels et des paysages ruraux par la pratique de la randonnée, en garantissant la continuité des itinéraires de randonnée (circulaire de 1988), tout en assurant la conservation du patrimoine que constitue les chemins ruraux.

 

Équipement de stations de ski

La difficulté d’accessibilité de certains versants et la nécessité de trouver une alternative à la route explique le développement des transports par câble pour s’affranchir des contraintes topographiques. Généralement installés pour développer un domaine skiable, les transports par câbles isérois se situent en majorité dans les stations de ski, au dessus des villages afin de rendre accessible les parties enneigées. (Oisans, Belledonne, Vercors et Chartreuse). Ils permettent aussi de développer des mobilités décarbonées. La montée de la Bastille depuis le jardin de ville à Grenoble fait parti du patrimoine local. Elle offre une mobilité urbaine pour ouvrir la Bastille aux grenoblois et visiteurs.

Dans les massifs isérois, 22 domaines skiables de taille et d’altitude variables ont été équipés.

Ils sont directement touchés par le réchauffement climatique. Engagées dans une transition vers le tourisme 4 saisons, les stations installent des équipements impactant le paysage : retenues collinaires pour l’enneigement artificiel et aménagements estivaux à proximité, luge d’été, pistes de VTT, ski d’été sur glacier, etc.

L’intégration paysagère de ce genre d’équipement est aujourd’hui difficile et ne prend pas assez comptes du contexte paysager existant et de ses spécificités.

Des infrastructures pour produire de l’énergie à partir des ressources du territoire

Les paysages isérois sont marqués par les ouvrages hydrauliques : barrages, digues, canaux, étangs et plans d’eau. Depuis toujours et à partir des grands travaux d’endiguement de Lesdiguières au XVIIème siècle, l’Isère et le Drac sont bordés pour partie de digues pour maîtriser les crues pouvant être dévastatrices

 

Barrages et centrales hydroélectriques

Dans les zones de montagne de nombreux barrages sont associés à des centrales de production d’énergie hydroélectrique. Ces ouvrages ont été construits au début du XXème siècle. Chaque barrage a son histoire et ses spécificités mais tous ont marqué les imaginaires collectifs (Grand Maison, Sautet, Chambon, Monteynard). Le long du Rhône, les centrales hydroélectriques au fil de l’eau et leurs canaux d’amenée et autres équipements associés ont sensiblement modifié le cours naturel de ce fleuve.

 

Canal

Dans la vallée du Rhône, entre Saint-Maurice-l’Exil et Sablons, la plaine plus large a permis la construction d’un canal dont le niveau d’eau est géré par des écluses centrales afin de produire de l’électricité.

Dans une vallée urbanisée, axe de communication majeur, le canal constitue aussi une infrastructure de transport et offre une opportunité de développement de la multimodalité.

Aujourd’hui les modes de production d’énergies renouvelables dans le département sont en majorité issus de l’hydroéléctricité et de la sylviculture.

L’éolien et le solaire sont présent mais moins importants à l’échelle départementale. Les pratiques sylvicoles pour la production d’énergie se développent sur les territoires, en particulier dans les forêts de Bonnevaux et de Chambaran. Les seules éoliennes présentent sur le territoire isérois se trouvent à Pellafol, dans le Trièves.

Les paysages isérois, et notamment les plaines et grandes vallées sont fortement impactés par les nombreuses lignes à haute tension.

 

Des carrières dans les vallées iséroises

En Isère, de nombreuses carrières façonnent les paysages, notamment ceux de la vallée de l’Isère et du Rhône. Le sous-sol offre une réelle ressource pour la construction. Cependant ces exploitations ont des impacts sur le paysage plus ou moins intégrés. Le dimensionnement, la covisibilité et les nuisances crées, notamment sur le trafic sont des enjeux pour intégrer ces équipements.

Des paysages protégés

Des valeurs paysagères iséroises
des représentations subjectives

Les points de vue convergents

  • Les paysages isérois que tous reconnaissent comme étant de valeur sont liés à la diversité du territoire. Chacun reconnaît la valeur des paysages de montagne en tant qu’éléments de la « carte postale » symbolique de l’Isère, comme les trois grands massifs qui forment la toile de fond des vues de la ville de Grenoble, ou encore le plateau d’Emparis, en tant que paysage ouvert entouré de montagnes.
  • Les paysages de campagne, au relief doux, collinaires et vallonnés, parfois pittoresques ou bucoliques, font aussi l’unanimité auprès des personnes interrogées. Aussi importante que la montagne, elle fait partie des éléments qui apportent du bien-être à tous, notamment par son accessibilité facilitée et par la multitude de chemins qui permettent de la parcourir.
  • Il en est de même pour le caractère « naturel » du territoire, notamment symbolisé par les 3 parcs du département. Les deux PNR sont considérés comme les « poumons verts » du territoire, facilement accessibles depuis Grenoble et situés au centre du département, visibles depuis la quasi totalité de son étendue. L’eau sous toutes ses formes constitue également un des éléments fondamentaux du caractère naturel des paysages, que chacun affirme comme une des valeurs majeures du département. Il s’agit des cours d’eau, des lacs ou étangs, mais aussi des glaciers, qui représentent un patrimoine commun à tous les isérois.
  • Enfin, la notion de patrimoine est également perçue comme fondamentale à travers les territoires particuliers du Trièves et du Valbonnais, considérés comme des pépites iséroises, les éléments bâtis, abbayes, monastères, châteaux, qui illustrent aussi une grande diversité de typologies architecturales. Ils illustrent également la position « charnière » du département, sa dimension « frontalière », faisant la transition vers les Alpes, l’Italie, la Suisse, etc.

Les points de vue divergents

  • Les points de vue des participants divergent essentiellement sur les paysages marqués par l’anthropisation. Cependant, il est important de mettre en lumière un point de vue exprimé à différentes reprises sur la montagne, que certains considèrent différemment. Bien que tous expriment l’irrésistible attrait de la montagne pour des raisons esthétiques, comme éléments qualitatifs du cadre de vie, certains expriment aussi le sentiment d’oppression, voire d’angoisse, ressenti lorsque l’on parcourt les territoires alpins, leurs fonds des vallées encaissées, leurs parois verticales et brutes, leurs versants intégralement boisés et leurs paysages fermés, qui impressionnent et ne peuvent laisser indifférent.
  • Les paysages des plaines agricoles ne font pas non plus l’unanimité. Perçus par certains comme les réservoirs nourriciers du département, preuve de son dynamisme, d’autres les perçoivent davantage comme un risque environnemental et des paysages monotones, dépourvus de charme, ne présentant pas les aménités que l’on peut attendre du monde rural, et illustrant un modèle économique en opposition avec les enjeux sociétaux actuels.
  • Il en est de même pour les développements récents des grands espaces urbains, dont les paysages sont marqués par les extensions pavillonnaires et les zones d’activités économiques. Bien que la plupart des personnes interrogées considèrent comme négatives les répercussions de ce développement sur l’environnement et les paysages, d’autres voient avant tout leur dynamisme, les emplois créés, leur proximité des villes et la consommation facilitée.
  • Le cas est différent en ce qui concerne les centrales hydroélectriques, qui sont représentées comme des éléments paysagers apportant de la valeur aux paysages, d’un point de vue fonctionnel, patrimonial et mémoriel, par opposition à une représentation naturaliste et esthétisante qui les considère comme des éléments dégradés, conférant un caractère trop industriel aux paysages lorsqu’il s’agit de centrales en activité, ou encore un caractère « abandonné » pour les centrales en friche.
  • Enfin, en lien avec le contexte actuel de transition climatique, les stations de ski font l’objet de plusieurs divergences de représentations, sur leur aménagement et sur les publics concernés. Leurs paysages, symboliques de la fragilité du milieu montagnard, peuvent être considérés en cours de dégradation, de banalisation, menacés par la course aux aménagements de loisirs permettant d’étendre la période touristique sur toute l’année. La dégradation des paysages des stations tient également à la multiplication des sentiers de randonnée, à l’accessibilité privilégiée offerte à tous, public averti ou non, risquant des conflits d’usages avec les exploitants et des accidents. Mais ils peuvent aussi être considérés comme des paysages à fort potentiel de développement, essentiel pour l’avenir du territoire, devant être accessibles à tous et non seulement aux initiés.
L’étude des représentions sociales paysagères illustre la manière dont les paysages isérois sont perçus localement et les valeurs qui leur sont attribuées. Mais les valeurs sont subjectives par définition, d’où la convergence ou la divergence des points de vue sur les paysages et leurs éléments.

L’étude fait la synthèse des entretiens réalisés auprès d’un échantillon de personnes ressources.

 

Une approche qualitative et sensible non exhaustive

La carte spatialise les résultats de l’analyse, c’est-à-dire les grands thèmes issus des entretiens et les paysages cités et localisés par les personnes interrogées. Obtenus à partir d’une approche qualitative, les résultats spatialisés expriment la diversité des réponses et non pas la quantité d’éléments cités. En cela, l’analyse exprime des courants de pensées existants, dont les choix réalisés pour l’aménagement du territoire doivent tenir compte.

 

Échantillonnage et méthode d’entretien

Le panel des personnes interrogées regroupe des habitants, actifs pour la plupart et des « producteurs de paysage » (au titre de leurs activités professionnelles quotidiennes) : une vingtaine d’agents départementaux et une vingtaine d’acteurs dont le profil est représentatif des caractéristiques des ensembles paysagers du département (agriculteurs, forestiers, constructeurs, responsables d’associations environnementales, patrimoniales, etc.), soit une quarantaine d’entretiens.

Un entretien individuel a été réalisé avec chaque personne à partir d’une trame de questions communes visant à identifier leurs perceptions des valeurs des paysages, leurs qualités et leurs dynamiques.

Les entretiens ont été menés de manière semi-directive ouverte, pour cadrer les discours sur le paysage tout en laissant la place à toute la diversité de réponses possible.

 

Modèles locaux et globaux des représentations

Les travaux menés sur les représentations sociales paysagères ont montré qu’elles relèvent de différents modèles : le modèle global, c’est-à-dire la manière dont les paysages sont perçus de l’extérieur d’un territoire, et le modèle local, la perception des paysages de l’intérieur.

Ce chapitre analyse le modèle local. Il est complémentaire au chapitre sur l’histoire des représentations sociales paysagères qui fait référence au modèle global.

Les dynamiques du relief et de l’hydrographie

Le changement climatique et ses conséquences

Des températures en augmentation, fragilisant les structures de sol

Les températures étant en augmentation avec des périodes de canicule marquées notamment en altitude, le permafrost qui se maintient à des températures proches de 0°C, se fragilise et subit des épisodes successifs de gel / regel. Le sol s’effrite et le risque de chute de blocs est en augmentation en secteur de montagne.

 

Des épisodes climatiques plus nombreux et violents

En raison du dérèglement climatique, les événements météorologiques sont plus fréquents avec des incidences marquantes: pluies diluviennes, tempêtes, crues, glissements de terrain, avalanches, etc. Ces phénomènes sont particulièrement impactant dans les territoires de montagne où le relief est accentué, avec également des populations plus vulnérables en raison de leur isolement géographique.

 

Une ressource en eau qui s’affaiblit avec des demandes et des besoins en hausse

En lien avec le changement climatique, c’est tout le cycle de l’eau qui est impacté et cela se révèle particulièrement dans les paysages isérois lors de la période estivale. La limite pluie / neige remontant d’année en année, les volumes d’eau stockés habituellement sous forme de neige sont aujourd’hui moins conséquents. Les paysages enneigés en période estivale sont donc en recul d’autant plus que la neige fond plus rapidement car les printemps sont plus chauds.

L’augmentation des températures conduit à une plus forte consommation d’eau par les plantes, les forêts et les cultures (évapotranspiration). Ainsi les besoins en irrigation sont en augmentation tout en étant potentiellement limités par une ressource en eau insuffisante notamment en période de sécheresse. Certaines rivières sont ainsi asséchées en période estivale et cela a des conséquences sur l’irrigation où les agriculteurs doivent constamment s’adapter en prélevant l’eau dans des rivières plus importantes mais souvent plus éloignées.

En parallèle à cet affaiblissement des cours d’eau, les pratiques de loisirs aquatiques sont en augmentation. Avec la hausse des températures dans les espaces urbains créant ainsi des ilots de chaleurs, les rivières, les plans d’eau et les lacs sont de plus en plus fréquentés ce qui peut menacer des milieux fragiles qui leur sont associés (roselières de bord de lac, zones humides par exemple sur le massif du taillefer, etc.).

Une réduction des glaciers allant jusqu’à leur disparition

Au cours du XXème siècle, les glaciers alpins ont subi un net recul voire ont disparu comme celui de Sarenne. Les glaciers de basses altitudes sont les plus touchés. Ce recul du front glacier est lié notamment à l’augmentation de la fonte de neige et de glace en été et d’une baisse des précipitations neigeuses en hiver.

Une gestion des cours et ses abords respectueuse de l’environnement

La restauration des Espaces de Bon Fonctionnement des rivières (EBF)

De nombreux aménagements sont en cours sur le territoire isérois pour redonner de l’ampleur aux rivières afin de restaurer leurs Espaces de Bon Fonctionnement, notamment en supprimant des ouvrages d’endiguement.

Sur la rivière Isère, entre Grenoble et Pontcharra, un projet très ambitieux de régulation des crues a été réalisé ces dernières années en créant une vingtaine de casiers d’inondation. Ce projet permet également de maintenir l’activité agricole le long de l’Isère avec un dispositif d’indemnisation des exploitants en cas de crue. Ce projet a également permis de renaturer des zones naturelles (forêt alluviale, lones) ou des plans d’eau issus d’anciennes carrières.

Sur le bassin versant du Drac, certains seuils ont été retirés et le lit a été aménagé pour permettre un fonctionnement de la rivière en tresse, notamment sur le secteur de la basse Romanche. Les débits à l’aval des barrages hydroélectriques ont été augmentés ce qui a permis de récréer des milieux aquatiques et de multiplier les espèces y vivant.

 

Une perte de lisibilité des rivières dans le paysage et bon fonctionnement

En lien avec les dynamiques d’enfrichement dans les pentes et le long des cours d’eau, les ripisylves s’épaississent et les rivières perdent en lisibilité dans les paysages isérois. Toutefois, la «renaturation» des cours d’eau consiste également à procéder à des coupes de bois sur les berges et dans le lit de la rivière afin que l’eau puisse charrier naturellement de la matière et ainsi conserver son bon fonctionnement notamment en période de crue.

 

Le développement des parcs urbains sur le tracé des cours d’eau

Dans le cadre de la Trame Verte et Bleue de la métropole grenobloise, le développement des espaces perméables et végétalisés à proximité des cours d’eau contribue à l’amélioration de la biodiversité en ville et à la préservation des corridors écologiques.

Une reconquête des berges

Grenoble et plus généralement les communes limitrophes du Drac et de l’Isère se sont longtemps tenues à l’écart des cours d’eau pour se protéger des risques de crues et d’inondation. Des ouvrages tels que les digues ont ainsi été construits pour canaliser l’eau à l’intérieur des espaces urbains. Aujourd’hui, la place de l’eau en ville, dans un contexte de réchauffement climatique, est primordiale afin de retrouver un rapport de proximité entre les populations et leurs territoires. Depuis plusieurs années, Grenoble a entrepris une reconquête des berges de l’Isère afin que l’eau occupe une place plus importante dans le paysage de l’agglomération et dans les activités de ses habitants. Sur le tracé du cours d’eau, différents aménagements ont été créés pour rendre la rivière accessible et visible depuis ses quais : du mobilier a été installé pour inviter à la contemplation, des parcours sportifs ont été implantés au plus proche de l’eau ainsi que des voies cyclables.

évolution du couvert végétal

Tendances d’évolution confirmées depuis les années 2000

Les dynamiques actuelles qui touchent la végétation sont liées à des changements de pratiques, de représentations, de gestion, mais aussi liées à l’étalement urbain et aux changements climatiques. Les dynamiques d’évolution identifiées dans l’atlas de 2001 Chemins de paysages sont encore bien réelles aujourd’hui et continuent a façonner les paysages isérois.

« La première atteinte à un paysage consiste donc à en gêner la lecture par brouillage, voire à l’empêcher par occultation.(…). »

 

Avancée de la forêt et enfrichement

L’augmentation de la forêt sur les versants les plus abrupts et dans les vallées les plus reculées créent une impression de fermeture des paysages, notamment dans les clairières intra-forestières et sur les versants de montagne caractérisés par les covisibilités, souvent réduites voire disparues. L’avancée de la forêt est liée à un abandon des terres agricoles trop pentues et à l’évolution des pratiques. Cette tendance d’évolution concerne l’ensemble des territoires de montagne. Depuis 2001, les friches se sont développées et sont devenues aujourd’hui des forêts. 

 

Enrésinement ponctuel

Au sein de la dynamique d’extension de la forêt, la progression spontanée des résineux face aux feuillus marque par endroits le paysage montagnard, et ceci de manière renforcée quand les résineux sont liés à des plantations pour la tenue des terrains de montagne (prévention des risques naturels).

« Il convient de distinguer entre les enrésinements résultant de la régénération naturelle et les enrésinements résultant de plantations artificielles.»

Augmentation de la menace sur les corridors écologiques

Contrairement au développement en montagne, les arbres en secteurs de plaines et de plateaux cultivés ont tendance à disparaître.

Le Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) identifie des corridors écologiques menacés dans ces secteurs touchés par l’artificialisation des sols ou par l’intensification de l’agriculture.

L’Ofpi, Observatoire foncier partenarial de l’Isère, est l’outil dynamique, prospectif et pédagogique qui alimente les politiques publiques en matière de foncier. Avec un partenariat qui s’étoffe, à l’heure du Zéro artificialisation nette (ZAN), l’Ofpi est un pourvoyeur de données et d’analyse incontournable.

Les espaces naturels formant les trames vertes et bleues sont perturbés ou rompus par :

  • Développement urbain et imperméabilisation des sols
  • Disparition des arbres dans les espaces de cultures intensives du nord Isère, de la Bièvre et de la plaine du Grésivaudan,
  • Diminution du bocage et donc perte de lisibilité du modèle de «belle campagne», notamment dans les collines du Rhône Dauphinois. Il est à noter que certaines communes identifient et protègent les haies via leur document d’urbanisme.

Dynamiques récentes qui façonnent les paysages forestiers

Des nouvelles dynamiques sont à noter en raison de leur augmentation.

 

Une adaptation aux effets du changement climatique

Dépérissement de parties de forêt fortement sensibilisées par les épisodes de sécheresse à répétition et les grosses chaleurs : Chartreuse, Belledonne, Bonnevaux, contreforts du Vercors, Chambarans et sud Isère. L’Office National des Forêts, les communes et certains propriétaires forestiers privés développent des plantations expérimentales pour anticiper la migration d’espèces méditerranéennes vers les alpes, mais aussi des migrations entre étages alpins. Les forestiers pourront-ils accompagner assez vite les forêts, ou dans certains coins ne va-t-on pas voir se développer les landes au détriment des boisements ?

Le réchauffement climatique explique aussi le risque d’incendie accrus.

 

Augmentation de la fréquentation de la forêt pour le loisir, à proximité des pôles urbains et dans les domaines skiables

Les espaces forestiers à proximité de la métropole grenobloise constituent des poumons vert attractifs. Ils sont concernés par une forte augmentation de la fréquentation par les néo-ruraux et les urbains.

  •  L’augmentation de pratiques dans ces espaces vient fragiliser les forêts (piétinement des jeunes semis, création des sentiers sauvages accentuant l’érosion) et créer des tensions entre propriétaires forestiers, entreprises forestières et usagers de loisirs des forêts.

 

Les espaces forestiers intégrés aux domaines skiables sont marqués par des grandes trouées liées au passage des remontées mécaniques, aux pistes de ski et au passage des lignes à haute tension.

 

Structuration et dynamisation de la filière bois et construction

La forêt couvre une grande partie du territoire mais la totalité des parcelles n’est pas gérée et récoltée. Le bois comme ressource phare du territoire isérois est à la base d’une filière économique historique et emblématique.

La demande croissante liée au développement de l’usage du bois dans les constructions et le bois énergie est à l’origine d’une nouvelle dynamique sur le territoire. Les forêts de Chartreuse, de Belledonne et du Vercors sont récoltées pour le bois d’œuvre principalement et les forêts de Bonnevaux, Chambaran et du Trièves sont particulièrement concernées par l’augmentation de la récolte du taillis de feuillus pour les chaudières à bois déchiqueté.

des paysages agricoles en évolution

Une SAU et un nombre d’exploitations en baisse : le reflet de l’urbanisation et de l’agrandissement des exploitations

La SAU (Surface Agricole Utilisée) est en baisse de 18 % depuis 1970. En 2021, la croissance des espaces urbains représente 4,1 m² par ha du territoire départemental. Rapportée à la surface agricole, cette croissance s’élève à 10,8 m² par ha. Entre 2009 et 2020, 69 % des surfaces nouvellement artificialisées ont une destination « habitat » et 24 % ont une destination « Activité ». Les exploitations sont au nombre de 4 830 en 2020 et ont diminuées de 72 % depuis 1970. Cette dynamique illustre un agrandissement des exploitations, participant à une homogénéisation des paysages. Entre 1970 et 2020, l a part des exploitations de plus de 50 hectares est passée de 11% à 58% de la SAU. Bien que le nombre d’exploitations diminue en même temps qu’elles s’agrandissent et que cela peut tendre à limiter l’hétérogénéité des paysages agricoles par l’agrandissement des parcelles cultivées, l’Isère reste le territoire le plus diversifié de la région.

 

Des circuits-courts de plus en plus présents, mais une majorité d’exploitations toujours orientées vers des filières longues

Les circuits courts (marchés, AMAP, magasins de producteurs) participent directement à la préservation des paysages agricoles locaux. 21% des exploitations est engagé dans cette démarche, d’autant plus en montagne, là où le tourisme et l’agriculture sont très liés. Les produits Is(H)ere lancée en 2018 par le Département concourt également à préserver cette agriculture de proximité, en contribuant à mieux identifier et valoriser la qualité des produits et la juste rémunération des producteurs du département en garantissant l’origine locale. La demande des bassins de consommation (métropoles lyonnaise et grenobloise) en produits alimentaires locaux est significative. Cependant, même si la commercialisation en circuits-courts est bien implantée sur le département, la majorité des productions est orientée vers les filières longues, soumettant de nombreuses exploitations agricoles iséroises aux fluctuations des prix des cours mondiaux et aux négociations avec les industriels et les centrales d’achats.

 

Le pôle agroalimentaire de l’Isère

Le Pôle Agroalimentaire de l’Isère, constitué depuis le 29 novembre 2018 sous la forme d’une association, regroupe des collectivités partenaires, les chambres consulaires et des entreprises agricoles et agroalimentaires de l’Isère.
Son objectif est de favoriser la création de nouveaux circuits commerciaux de proximité maîtrisés par les agriculteurs (le Système Alimentaire du Milieu), et d’améliorer la mise en lien de l’offre et de la demande.

Une préservation des espaces agricoles et naturels menacée et un ancrage territorial de l’alimentation

Le Département intervient auprès des communes qui veulent protéger et valoriser leurs espaces agricoles et naturels menacés en mobilisant les outils d’aménagement foncier rural : réglementation des boisements, protection et mise en valeur d’espaces agricoles et naturels périurbains (PAEN), procédures terres incultes ou sous exploitées, échanges et cessions amiables d’immeubles ruraux ou forestiers (ECIF/ECIR).

Source : service agriculture et forêt

Depuis 2019, des périmètres et programmes d’actions PAEN (Protection et mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains) sont mis en œuvre par le Département sur sollicitations locales (collectivités et professionnels agricoles notamment). L’outil PAEN participe au maintien de paysages agricoles en les préservant de l’urbanisation. Avec son programme d’actions, il participe au soutien des exploitations agricoles, à la gestion forestière, à la préservation des espaces naturels et à la qualité de la ressource en eau. Il facilite également le lien entre agriculteurs et habitants et la conciliation des usages.

Le Département de l’Isère a obtenu en 2021 le label national Projet alimentaire territorial (PAT) de niveau 2 reconnaissant l’ensemble de ses actions contribuant à l’ancrage territorial de l’alimentation. La démarche PAT, prévue dans la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt (LAAF) du 13 octobre 2014, vise à promouvoir les initiatives locales pour favoriser le maintien de l’agriculture sur les territoires afin de proposer une alimentation accessible à tous, respectueuse de l’environnement et rémunératrice pour les agriculteurs.

 

L’impact du changement climatique sur les espaces agricoles

Le changement climatique impacte l’ensemble des espaces agricoles isérois: hausse des températures, modification du régime de pluie, fréquence plus importante d’épisodes de sécheresse d’avril à septembre, de canicule et de phénomènes climatiques extrêmes (orages, gel tardif…), impacts sanitaires (maladies, ravageurs…). Les exploitations doivent s’adapter en développant l’autonomie fourragère pour les élevages, la diversification des cultures et l’implantation de variétés plus résistantes au manque d’eau.

 

Le cas des espaces pastoraux

La valorisation des espaces pastoraux repose sur une gestion équilibrée entre les besoins des troupeaux et l’état des végétations mobilisables. Compte tenu de l’évolution des ressources disponibles en été, il est de plus en plus nécessaire de s’adapter : un allongement de la période de végétation (plus tôt au printemps et plus tard à l’automne) et un accroissement de l’intensité des sécheresses estivales avec un impact sur l’abreuvement des troupeaux et une augmentation des périodes de gels après le démarrage de la végétation au printemps et à l’automne qui entraîne une diminution de la quantité et la qualité des surfaces fourragères à court terme et qui peuvent conduire à des dégradations des milieux pastoraux à plus long terme. La migration des cheptels estivés peut expliquer les impacts du changement climatique sur la pousse de l’herbe.

Depuis 2012 une démarche de valorisation de la Viande d’agneau d’alpage (agréée ISHERE) est en cours. Des éleveurs ovins de l’Isère et de la Drôme se sont regroupés au sein de l’association Viandes Agro Pastorales (2016). Cette association est née dans la volonté commune de mieux valoriser la viande issue des élevages extensifs, de maintenir des emplois en montagne ainsi que d’entretenir les paysages d’altitude. Elle est commercialisée avec l’appui du Pôle agroalimentaire.

 

L’Observatoire foncier partenarial de l’Isère (OFPI) :

Créé en 2006, l’OFPI est un outil mutualisé, prospectif et pédagogique pour la préparation, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques en matière de foncier en Isère. Il vise à une gestion économe du foncier. Il publie chaque année des « chiffres-clés » actualisés, à l’échelle de l’Isère, des EPCI et des territoires SCOT, contenant des indicateurs de suivi sur les consommations foncières, les évolutions en matière de surfaces agricoles et artificialisées, les marchés du foncier rural et de l’immobilier, les typologies et prix des logements neufs, les dynamiques du foncier économique et commercial.

Plus d’informations : https://ofpi.aurg.org/

Une irrigation en légère hausse

L’irrigation est nécessaire à la production de certaines cultures localement. De fait, elle participe au maintien de paysages agricoles par le maintien des cultures irriguées associées.

La SAU irriguée a augmenté de 5% entre 2000 et 2010. Elle a augmenté dans le Sud-Grésivaudan et la Bièvre et plutôt régressé ou stagné dans les autres bassins. Les cultures les plus concernées par l’irrigation sont le maïs et les vergers (notamment les noyers très présents dans le sud Grésivaudan). L’ensemble du territoire du département est en zone où la ressource en eau est qualifiée de sensible aux fluctuations alimentation/prélèvements en eau ou à l’équilibre. Dans la partie nord du département les surfaces irriguées se situent souvent en zone sensible. Si cette ressource en eau vient à manquer, cela pourrait modifier les paysages agricoles.

Changement climatique et évolutions attendues

Les activités agricoles risquent d’être affectées par l’augmentation des températures et le stress hydrique qui ont un impact sur toutes les cultures et sur l’élevage.
Une mobilisation collective sera nécessaire pour gérer les tensions sur la ressource en eau.
Remarque : 100 litres d’eau sont nécessaires pour produire 1 kg de pommes (et 900 litres pour 1 kg de mais)

Source : exposition conférence « Changements climatiques : du global au local en Isère » a été organisée le 26 janvier 2018 : https://www.isere.fr/climat

Les évolutions de l’urbanisation

Une urbanisation ralentie mais qui se poursuit

L’urbanisation iséroise n’a pas échappé au phénomène national de développement et a connu une forte expansion depuis les années 1950 (voir la version de 2001 de l’Atlas des paysages de l’Isère Les Chemins du paysage, chapitre « dynamiques de l’urbanisation »).

La plupart des villes ont multiplié leurs surfaces artificialisées de façon considérable en occupant les terres agricoles proches, en phagocitant les bourgs et les petites villes à proximité et en créant des conurbations aux conséquences notables pour les territoires, en matière environnementale, de surface et de pratiques agricoles, de cadre de vie, patrimoniale, etc.

 

L’étalement de l’urbanisation dans les fonds de vallées et sur les coteaux : les conurbations, le « phénomène de piémont » et la diminution des coupures d’urbanisation

Depuis les années 2000, le développement urbain s’est ralenti, fortement contraint par les réglementations plus strictes, mais continue son extension sur le modèle de la maison individuelle, la plupart du temps isolée au milieu de sa parcelle.

Les plaines étant de plus en plus occupées, le développement urbain se poursuit sur les coteaux des vallées, dont l’ascension permet aussi d’offrir des vues lointaines sur les grands paysages. Les coteaux sont de plus en plus touchés par le « phénomène de piémont ».

L’étalement urbain a également pour effet de diminuer les coupures d’urbanisation, menant à la perte de la lisibilité des structures urbaines historiques iséroises, des caractéristiques architecturales locales, et à la banalisation des paysages.

 

Le développement de la périurbanisation dans les territoires ruraux

Le paradigme de la vie à la campagne reste un des principaux moteurs du développement urbain. Les fonds de vallées arrivant à saturation, l’urbanisation touche aujourd’hui les milieux ruraux (évolutions déjà observées il y a plus de vingt ans. Le caractère périurbain transforme les paysages des campagnes d’une autre manière, en se développant autour des bourgs et des hameaux.

 

La sobriété foncière

Les efforts de certaines communes en matière de sobriété foncière est à souligner. Le territoire isérois est précurseur de cette nouvelle préoccupation. La préfecture lance les 4e rencontre sur la sobriété foncière, ayant pour objectif de faire émerger des projets exemplaires à l’échelle départementale.

 

L’augmentation des Zones d’Activités Économiques

Les ZAE, dont la multiplication était également relevée dans l’Atlas des paysages de 2001, représentent sans doute la tendance la plus problématique, tant en terme d’urbanisation que d’architecture. Elles sont implantées le long des routes en entrée de ville, à proximité des axes routiers importants et souvent des autoroutes. Leur développement contraste fortement avec les logiques territoriales, répondant exclusivement à des logiques économiques. Elles participent à l’étalement urbain et à l’artificialisation des terres, occupant la plupart du temps les terres agricoles de qualité qui servaient auparavant de réservoirs vivriers pour les regroupements urbains, et constituaient les continuités écologiques.

D’un point de vue architectural, la logique est la même, produisant des bâtiments en contraste avec les bâtiments locaux. Souvent qualifiés de « boîtes à chaussures », les bâtiments des ZAE s’imposent dans le paysage par leurs volumes gigantesques, leurs aspects très diversifiés bien que la plupart du temps construits en métal.

 

L’urbanisation des coteaux
«En termes de paysage, il s’agit là en effet de la dégradation de deux motifs forts de naturalité (…) (…) L’urbanisation non maîtrisée des coteaux conduit à des espaces qui ne sont ni ville ni campagne et s’inscrivent en faux par rapport à la séparation nette qui a traditionnellement existé entre ville et campagne dans le schéma paysager patrimonial. »

Le déséquilibre entre le nord et le sud, entre dynamiques de développement et de préservation

Par la proximité de la métropole lyonnaise, on constate un surdéveloppement au Nord du département, entre activités économiques et forte résidentialisation, impliquant des flux pendulaires conséquents.

À ce phénomène s’ajoute la multiplication des divisions parcellaires, principalement dans les lotissements.

Malgré la volonté de préservation du patrimoine bâti remarquable local (par les SPR notamment), il en résulte une incohérence des politiques de développement entre zones résidentielles ou économiques non maîtrisées, et sites patrimoniaux préservés. Cela produit des contrastes paysagers et des illogismes urbanistiques et architecturaux.

Cette non maitrise du développement urbain, ou la nécessité de dynamiser le territoire se traduit également dans les territoires plus ruraux, tels que les Terres Froides ou encore les collines de Morestel.

Au Sud du Département, le développement semble plus maitrisé mais subit une perte de dynamisme notamment dans les territoires les plus difficiles d’accès. En effet, la vacance des logements est plus importante dans les territoires de l’Oisans et du Vercors. En outre, la préservation des bâtiments à caractère patrimonial prédomine avec notamment une forte demande en matière d’aides à la rénovation.

 

La transition climatique et un développement de l’habitat tourné vers la montagne

Aujourd’hui, le réchauffement climatique produit une dynamique nouvelle de développement de l’habitat en montagne.

Le paradigme de l’habitat en fond de vallée ou à basse altitude est écorné, les populations recherchent de plus en plus la fraîcheur et le calme de l’altitude.

Il en résulte un développement considérable des villages de moyenne ou haute altitude, des paysages de versants urbanisés. Mais le modèle de référence banal de la maison individuelle génère des problématiques liées à la topographie, de construction, de stationnement et d’accès.

La préservation du bâti résidentiel patrimonial, l’adaptation des nouvelles constructions et la requalification des espaces publics

Alors que la démographie croît fortement et que l’urbanisation se développe très rapidement, la qualité de l’architecture se voit diminuer au profit d’une architecture véhiculaire banalisante. Parallèlement et en réponse à cette évolution non maîtrisée des paysages et de l’urbanisation, une dynamique de préservation des éléments bâtis de qualité et des spécificités locales architecturales est apparue depuis une vingtaine d’années, notamment par la mise en place d’aides publiques à la rénovation ou à la requalification d’espaces publics.

Le bâti ancien est rénové mais cette dynamique doit faire face à la nécessité de s’adapter à la nouvelle demande sociale en matière d’habitat, en ce qui concerne l’espace intérieur et extérieur, la lumière, le stationnement, etc.

De même, si les nouvelles constructions sont plus souvent réalisées en quantité et à moindre coût, sans attachement à la préservation d’une architecture locale spécifique, de nombreuses initiatives privées de qualité voient le jour. De nouvelles constructions reprennent les logiques architecturales locales pour proposer une architecture moderne et qualitative, adaptée aux enjeux actuels, économiques et sociaux, environnementaux et climatiques.

 

 

Les espaces publics

Les évolutions notables de l’urbanisation concernent aussi les espaces publics, souvent requalifiés dans un objectif d’amélioration du cadre de vie et de dynamisation des lieux de vie plus reculés. Tenant compte des enjeux actuels liés au réchauffement climatique, les aménagements des espaces publics sont de moins en moins minéraux, de plus en plus perméables et végétalisés, notamment dans une perspective de réduction des îlots de chaleur.

 

 

Le développement d’une architecture de montagne banalisée : les chalets d’altitude

« Aujourd’hui, sans lien avec le bâti existant, ici comme partout dans les Alpes, se développe une architecture pittoresque d’imitation mélangeant des images mythiques et des codes de tous pays : chalets de Heidi en madriers aux bois chantournés, cabanes en rondins des forêts canadiennes, villas californiennes posées sur de gros enrochement….
Pourtant, la mise au point de nouveaux procédés constructifs permet une architecture innovante et offre une immense liberté de création, adaptée aux attentes et aux désirs d’habiter actuels, en dialogue avec l’architecture existante.»

Source : Guide Construire et Aménager dans un parc naturel régional, « Habiter ici ».

La requalification des friches industrielles

Le département de l’Isère a toujours été un des fleurons de l’industrie française, précurseur dans de nombreux domaines : production hydroélectrique, chimique, cimentière, métallurgique, etc. L’Isère a donc connu une phase remarquable d’implantation de bâtiments industriels, pour certains connus nationalement, notamment pour leur architecture reconnue comme patrimoniale.

Aujourd’hui, la tendance de la filière étant à la reconversion vers des activités dites « propres » ou de haute-technologie, quelques sites industriels restent en friche et les collectivités s’interrogent sur leur éventuelle requalification, soit par un changement d’activité, souvent pour des activités culturelles, soit pour de nouvelles activités industrielles moins polluantes.

L'évolution des paysages équipés

Développement de la logistique

Globalement sur l’ensemble des territoires de plaines et de fonds de vallées, les équipements de logistique se multiplient.

L’extension considérable du Parc d’activités de Chesnes est l’illustration la plus frappante à l’échelle du département car les bâtiments et les équipements de logistique sont concentrés dans une même zone. Ces évolutions sont aussi très visibles sur les paysages de la vallée du Grésivaudan, au niveau du péage de Crolles.

Cependant à l’échelle du territoire départemental il existe un développement des plateformes logistiques au sein des zones d’activités existantes. Cette évolution est particulièrement constatée depuis les années 2000.

 

Évolution des équipements de transport

En Isère, les grandes infrastructures de transport ont été construites au cours de la deuxième moitié du XXème siècle.

Depuis les années 2000, les grandes évolutions notables sur les infrastructures de transport concernent le développement des voie vertes, dans les fond de vallées, et au bord des rivières principales et le prolongement de l’A51 vers le sud.

D’autres équipements marquants dans le paysage concernent les routes départementales, dans les secteurs secteurs soumis aux risques naturels. Le contournement du site d’éboulement des «Ruines» de Séchilienne, au bord de la Romanche à demandé la construction d’une importante infrastructure routière connue par tous les isérois.

Évolution des équipements touristiques

Actuellement dans les Alpes, 10% des domaines skiables connaissent des difficultés liées à un enneigement insuffisant. Le contexte de réchauffement climatique et le manque d’enneigement des domaines skiables sur les 10 dernières années expliquent les tendances d’évolution des équipements de montagne au sein des domaines skiables :

  • La fermeture et le démantèlement des remontées mécaniques des stations de moyenne et de basse altitude
  • L’engagement des stations de montagne sur le tourisme «4 saisons» en développant les investissements pour proposer la mise en service de nouvelles remontées mécaniques performantes, et des activités de loisirs pour toutes les saisons.

 

Plus ponctuellement certains équipements touristiques emblématiques ont connu des évolutions très récentes :

  • La fermeture temporaire suite à un évènement météorologique du funiculaire de Saint-Hilaire-du-Touvet
  • La réouverture partielle du Petit Train de la Mure

 

Importants changements sur le contrôle de l’eau

Les colossaux travaux d’endiguement des cours d’eau, notamment ceux réalisés par Lesdiguères ont façonné les paysages isérois et ont ancré un sentiment de maîtrise de l’écoulement de l’eau pour lutter contre les inondations.

Depuis les années 2010, la tendance s’inverse et les paysages des cours d’eau se transforment. Ils retrouvent un caractère naturel et leur lit s’élargit. Les Espaces de Bon Fonctionnement (EBF) sont retrouvés et forment des corridors écologiques visibles dans les paysages. La tendance à la suppression des digues est un phénomène qui tend à se globaliser sur l’ensemble du territoire. Il ne concerne aujourd’hui que certains tronçons.

La production hydroéléctrique se modernise et les paysages industriels emblématiques liés à la production hydroéléctrique se retrouvent abandonnés (une partie démantelée et une partie préservée).

Sept centrales hydroélectriques au fil de l’eau ont été remplacées par un ouvrage unique plus performant, dont seule la prise d’eau est visible (la galerie d’amenée de 14 km est souterraine, ainsi que l’usine de production électrique). La plupart des anciennes centrales ont été démantelées, ainsi que leurs aménagements et ouvrages au fil de l’eau. Restent celle des Vernes, protégée au titre des Monuments Historiques, et de Livet, en recherche d’un projet de requalification. Les paysages industriels emblématiques de la production électrique en sont transformés.

Développement des retenues collinaires en montagne

Initialement créées pour la production piscicole ou pour augmenter la ressource en période sèche pour l’agriculture, les retenues collinaires se développent sur les territoires de montagne pour le stockage de l’eau pour la production de neige de culture. Ces retenues peuvent être en été de nouveaux lieux d’attractivité en montagne (pêche).

Développement de l’énergie photovoltaïque

En matière énergétique le département de l’Isère est connu pour le développement de l’énergie photovoltaïque.

L’évolution du nombre d’installations de photovoltaïques montre un important développement depuis les années 2000 et en particulier entre 2002 et 2010 (Rapport Persés).

Les paysages isérois, sont de plus en plus ponctués de panneaux photovoltaïques, majoritairement en toiture (2/3 des installations).

Au sol les installations prennent différentes formes dans les paysages : les ombrières sur les parkng récents crées et les serres.
Selon PERSES – Projet d’Enquête Régionale sur l’énergie solaire : l’Isère est aussi un des département de la région concerné par le développement des serres agricoles solaires.

Le service agriculture de la DDT 38 gère les projets d’agrivoltaïsme et ils ont d’ailleurs rédigé une doctrine pour la gestion des implantations de ce type. Une loi vient de paraître sur le sujet (au 11 mars 2023). La définition d’un projet agrivoltaïque et en attente de décret. Le Département commence à travailler sur le sujet avec la chambre d’agriculture et la SAFER.